Publié le : 21 février 2015
Source : ndf.fr
S’il fallait avancer une preuve évidente du crétinisme qui contamine une grande partie de notre oligarchie politico-médiatique, on se souviendrait sans peine de l’obamania qui avait déferlé en 2008, soulevant l’enthousiasme des journalistes et des politiciens, y compris de ceux qui se font élire à droite. Aujourd’hui encore, le Prix Nobel de la Paix par anticipation a l’art de tresser de beaux discours pour tenter de cacher la réalité du monde que son incurie laisse au bout de six ans de présidence. Il se voulait visionnaire et se révèle aveugle !
Le 4 Juin 2009, à l’Université du Caire, tapissée de rouge, Barack Hussein Obama prononçait un de ces discours qui font se pâmer tous les bobos du monde. Il annonça le départ des soldats américains de leurs zones d’opération en Irak et en Afghanistan, le retour des « boys » à la maison, histoire sans doute de dire à tous les talibans et autres djihadistes qu’il suffisait d’attendre un peu. Il tança Israël pour sa politique d’extension des colonies en Palestine. Il proclama combien l’humanité était redevable à l’islam, qu’il ne fallait pas confondre avec les extrémistes. Il alla jusqu’à rappeler que le Saint Coran enseigne que « quiconque tue un innocent tue l’humanité entière ». Il évita soigneusement le mot « terrorisme » et évidemment ne s’interrogea pas sur le sens qu’un djihadiste pouvait donner aux mots « innocent » ou « coupable »… Six ans plus tard, jeudi dernier, il a parlé, cette fois, à Washington pour conclure une conférence de 72 heures qui a réuni 60 pays, consacrée à la lutte contre… le terrorisme. Le message a bien sûr évolué, mais il insiste toujours sur la distinction à faire entre le terrorisme et l’islam. Les démocraties occidentales ne sont pas en guerre avec lui. L’Etat islamique n’a aucune légitimité à représenter la religion musulmane. Dans les événements de Paris, l’orateur oppose, un regard à gauche, le vrai Musulman Lassana Bathily, qui a sauvé des clients juifs de l’hyper cacher, au terroriste, un regard à droite, Amédy Coulibaly, le tueur. Cette coulée de bons sentiments bien sirupeux se termine par un moment de contrition. Nos sociétés n’accueillent pas assez généreusement les jeunes Musulmans qui se sentiraient des citoyens de seconde zone. Au lendemain du 7 Janvier meurtrier, ce donneur de leçon patenté avait déjà rejeté la faute sur l’incapacité de l’Europe à intégrer « ses » Musulmans. « Notre principal avantage est que notre population musulmane n’a pas de mal à se sentir américaine. Il y a certains points de l’Europe où ce n’est pas le cas » avait-il osé déclarer. C’était oublier un peu vite les attentats de Boston du 15 Avril 2013 commis par les frères Tsarnaïev, les cousins américains des Kouachi. C’était méconnaître la réalité des chiffres : les Musulmans représentent 0,8% de la population américaine et 8% de la population française. Il y a quelques jours, trois étudiants musulmans ont été tués en Caroline du Nord. Le Président turc Erdogan, ce grand allié des Américains et de l’Etat islamique a exigé des explications du Président Obama qui s’est empressé de s’exécuter. L’intégration à l’américaine rencontrant manifestement des problèmes, des programmes de déradicalisation sont mis en oeuvre dans des villes comme Boston, Los Angeles ou Minneapolis. Mme Hidalgo qui ne voulait pas manquer ce sommet en a profité pour annoncer que 10 millions d’Euros seraient consacrés à traiter cette question dans les quartiers parisiens.
On peut certes être effaré que des jeunes élevés dans les démocraties occidentales, immigrés d’origine voire convertis, rejoignent l’Etat islamique et son cortège d’horreurs. On peut se frapper une fois de plus la poitrine pour avoir manqué à notre devoir d’accueil ou d’exemplarité. On peut sortir le carnet de chèques pour se donner bonne conscience avec l’argent des autres. Mais que les donneurs de leçon soient ceux qui ont aggravé sinon créé le mal dépasse l’entendement. Si l’intégration des immigrés crée des difficultés, il n’est pas interdit de songer à limiter l’immigration. Mais lorsque les difficultés s’appellent le terrorisme, le djihadisme, il est absurde de regarder le doigt des quartiers sensibles plutôt que la lune de l’islamisme mondial. Or la situation actuelle ne doit rien à notre politique de la ville mais beaucoup sinon tout à la politique américaine et singulièrement à celle, totalement catastrophique, du Prix Nobel de la Paix. Depuis son arrivée au pouvoir, l’Irak a sombré dans le chaos, la Syrie a suivi sous prétexte d’y établir une démocratie, la Libye a été livrée à l’anarchie tribale et salafiste, le Nord du Nigéria et ses voisins souffrent des exactions de Boko Haram, tout le Sahel est menacé, des zones de non-droit propices au séjour des bases terroristes prolifèrent en Somalie, au Yémen, au Pakistan. La politique des drones et des interventions aériennes ne réduit pas l’ennemi qui fait subir aux populations, aux Chrétiens en particulier, les pires atrocités. Contrairement aux annonces, aucune solution n’a été apportée à la question de la Palestine et d’Israël, et le feu a été mis volontairement aux lisières de la Russie.
Il est impossible à un discours contradictoire d’engendrer une action cohérente et efficace. Or le discours d’Obama sur l’Islam est totalement contradictoire. Certes, beaucoup de Musulmans ne demandent qu’à vivre pacifiquement dans les sociétés où ils ont immigré, et beaucoup d’efforts sont entrepris par les Etats occidentaux pour répondre à cette attente, et faciliter la pratique d’une religion musulmane compatible avec la démocratie. Mais si l’on se tourne vers les « alliés » de l’Amérique dans le monde musulman, vers ceux qui sont la véritable cause de la prudence hypocrite du discours présidentiel, on trouve des pays dominés par des familles tribales qui, certes, ont eu le grand mérite de naître sur un bout de désert rempli d’hydrocarbures, mais qui appuient leur pouvoir, sous la protection intéressée des Etats-Unis, sur les conceptions les plus rétrogrades et les plus intolérantes de l’islam. Pas d’accommodement raisonnable pour les Chrétiens en Arabie saoudite, pas de Droits de l’Homme, pas de démocratie, mais des moyens considérables d’inoculer une lecture du Coran incompatible avec la vie des sociétés occidentales. Telle est la situation qui engendre le djihadisme. Non seulement, les Etats-Unis ne l’affrontent pas, mais ils en sont les premiers responsables.
Christian Vanneste