Publié le : 21 février 2015
Source : kader-hamiche.fr
Plus personne n’ignore que Nicolas Sarkozy multiplie les conférences bidons à 150 000 € les 45 minutes dans des états du Golfe qu’ il a, comme Président de la République française, beaucoup chouchoutés. Chacun sait que, par ailleurs, il est l’heureux associé d’un cabinet d’avocats dont les anciens obligés de l’ancien Président de la République forment l’essentiel de la clientèle. Les lecteurs de ce blog connaissent le contrat qui le lie à la mairie de Levallois (lire Ciblé par la Justice, Balkany continue ses embrouilles avec Sarko). Mais combien de municipalités UMP, combien de collectivités territoriales dirigées par des UMP sont-elles clientes (obligées ?) du cabinet Claude & Sarkozy ?
Nicolas Sarkozy n’est pas à la rue. Mais que fait-il de tout ce qu’il gagne puisqu’il est entretenu par la République ? En effet, non seulement l’ancien Président est protégé mais il est doté de fabuleux moyens pour agir…. contre le gouvernement du moment puisqu’il dirige en même temps le parti d’opposition UMP. Chaque année, c’est 1,6 million d’€uros qui sortent de la poche du contribuable français pour financer l’activité politique du président de l’UMP Sarkozy Nicolas.
Soyons clair : statutairement, un ancien Président de la République a droit à ce titre à une pension de 6 000 €. Cette somme est censée pourvoir à ses dépenses de « retraité », pas à financer les charges et les obligations induites par son ancienne fonction. Foin d’hypocrisie, tout le monde sait que l’intéressé dispose par ailleurs de revenus confortables aux origines certes pas toujours très claires. Ce n’est pas une raison pour déroger aux principes ; tout le monde ne peut pas, comme De Gaulle sous la Quatrième République, renoncer au financement public pour ne vivre que de ses droits d’auteur. Ô tempora ! Ô mores !
Tout d’abord, il est de l’intérêt vital de la République d’assurer la protection de ses anciens présidents et de leurs proches, y compris la fourniture d’un véhicule et de chauffeurs. A défaut, le premier terroriste venu pourrait s’en prendre à eux. Il est aussi de tradition et parfaitement normal qu’elle prenne à sa charge les frais de secrétariat induits par ses anciennes fonctions. Les anciens Présidents et leurs épouses sont destinataires d’un énorme courrier qu’il faut bien dépouiller et auquel il faut répondre. Des bureaux où œuvrent deux ou trois secrétaires paraissent suffire à cette tâche.
Dans le cas qui nous intéresse, on est très loin de tout cela. Les « bureaux » mis à la disposition de Nicolas Sarkozy sont en fait un luxueux appartement de 320 m² sis rue de Miromesnil, pour un loyer mensuel de 16 300 €. Un appartement refait et remeublé à la demande du nouveau locataire pour un montant de 56 000 €. Parmi les meubles, un bureau de 220 x 95 cm payé 8 181 € TTC et une armoire de 123 x 212 c payée 5 646 €.
Parmi les dépenses étonnantes, j’ai repéré, en 2013, 14 595 € de téléphonie mobile. A 20 € l’abonnement mensuel, sans limitation d’appels, par téléphone mobile (c’est ce que je paie), cela correspond à plus de 60 abonnements ou, si on considère les onze personnes concernées y compris l’ex-président, 5,5 abonnements par personne. Au tarif « normal », la facture devrait plafonner à 2 640 € par an. Sauf si les téléphones eux-mêmes ont été payés… et renouvelés chaque année au prix de 1 087 € l’un. J’exagère à dessein, évidemment, mais, tout de même, 14 595 € de téléphonie mobile alors que la « permanence » de Nicolas Sarkozy coûte par ailleurs 10 606 € en téléphonie fixe !…
Mais le plus étonnant est ailleurs. En plus de son équipe de sécurité, l’État met pas moins de dix personnes à la disposition de N. Sarkozy. Parmi elles, un « ouvrier d’État » payé 5 110 € nets (?) et quatre fonctionnaires détachés payés entre 4 000 et 5 339 €, dont un chauffeur du Conseil général des Hauts-de-Seine, que N. Sarkozy a présidé et que son fils Jean vice-préside. Les cinq autres sont des contractuels dont les salaires vont de 5 247 à 7 020 €. Ce dernier salaire, le plus élevé, est, selon toute vraisemblance, celui de Consuelo Remmert, la demi-sœur de Carla Bruni, qui est, sous le titre trompeur de « conseillère diplomatique », chargée d’organiser les lucratiques conférences du citoyen Sarkozy Nicolas.
Au total, ce sont 660 000 € de salaires, soit, avec les charges sociales, environ 1,2 m€, qui sont réglés par le contribuable pour permettre au citoyen Sarkozy Nicolas de vaquer à ses affaires ET au président de l’UMP de diriger son parti sans que ça lui coûte un kopeck. Enfin, depuis 2004, les collaborateurs des anciens présidents bénéficient, comme les conseillers ministériels, d’ « indemnités de sujétion particulières ». Au total, ces primes se sont élevées, l’an passé, à 579.000 € dont 300.000 € pour la seule équipe de Nicolas Sarkozy. Je suis curieux de connaître la somme qui revient à ce titre à la belle-sœur du président… de l’UMP.
Tout ça sans payer l’avion…
C’est évidemment scandaleux. Si, encore, ça poussait l’intéressé (c’est le mot qui convient) à éviter de se faire remarquer par ailleurs. Mais « ils » n’en ont jamais assez ! La semaine où cette affaire prend de l’ampleur (1) on apprend que la Justice enquête sur des voyages de Nicolas Sarkozy en jet privé – valeur : 301 000 € – payés par son ami Stéphane Courbit (2).
En 2013, on apprenait que Carla Bruni avait bénéficié d’un voyage gratuit pour New-York, sur Air-France, d’une valeur de 15 000 €. Qui est le PDG d’AF-KLM ? Alexandre Begoügne de Juniac, ancien directeur adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget.
Ne croyez pas que ce soit là pratiques exceptionnelles : non, elles sont systématiques et relèvent de la confiscation du bien public que je ne cesse de dénoncer. S’agissant de la prise en charge des anciens Présidents de la République, par exemple, Valéry Giscard d’Estaing fait encore mieux que Sarko. son équipe se compose elle aussi de dix personnes auxquels il faut ajouter trois maîtres d’hôtel détachés par la Marine et 15 gendarmes autour de sa maison. VGE siège toujours au Conseil constitutionnel et perçoit les 9 000 € d’indemnités correspondantes.
La France confisquée, je vous dis !
Kader Hamiche
_____
1) Avec la publication par la presse des documents – tronqués – que Raymond Avriller, l’ancien élu vert qui s’est déjà distingué dans l’affaire Carignon et dans celle des sondages de l’Elysée, a pu obtenir de l’État.
2) Qui comparaît actuellement dans l’affaire Bettencourt au sujet d’un investissement de 143 m€ dans sa société Lov Group qu’il aurait obtenu de l’héritière de L’Oréal.