Publié le : 11 mars 215
Source : french.irib.ir
De passage à Beyrouth, un ancien diplomate d’un pays européen, spécialiste dans le domaine de la défense, affirme que les responsables politiques et militaires occidentaux, qui ont mis du temps à se remettre du choc provoqué par l’échec de leur pari sur un rapide effondrement de l’Armée arabe syrienne, vivent en ce moment une déception encore plus grande. Ils sont, en effet, stupéfaits de constater que cette armée a abandonné depuis le début de cette année la stratégie défensive pour passer à l’offensive sur presque tous les fronts.
L’armée syrienne, qui affronte depuis 2011, sur 300 fronts, des dizaines de milliers de combattants extrémistes formés, armés et financés par l’Occident, la Turquie, la Jordanie et les pétromonarchies du Golfe, sans compter les terroristes de « Daech », est passée à l’attaque depuis le début 2015. Ces vastes offensives, qui mettent en action de larges unités militaires combinant les forces terrestres, aériennes, l’artillerie et les blindés, avec l’active participation de l’Armée de défense nationale et des alliés (essentiellement le Hezbollah), traduisent une haute capacité de coordination, de mobilisation et de mobilité des troupes. « Les experts militaires occidentaux sont étonnés par l’extraordinaire capacité de l’armée syrienne à se battre sur plusieurs fronts simultanément, quelle que soit la nature du terrain : en rase campagne, en zone urbaine, dans les régions désertiques et en haute montagne », révèle le diplomate.
Offensive à Lattaquié
Ces trois derniers mois, l’armée syrienne a donc enchainé les offensives du Nord au Sud, d’Est en Ouest, en passant par le centre. La dernière en date a été lancée dans les montagnes de Lattaquié, au Nord-ouest de la Syrie, dans une région escarpée, couverte de forêts. Des unités spéciales ont mené une attaque surprise contre les positions des extrémistes, et ont occupé des sommets stratégiques, dont celui de Dourine, considéré comme la clé de Jabal al-Akrad, le bastion extrémiste dans cette région du pays. Après ce succès, la localité de Salma, le plus important fief des insurgés dans ce secteur, constituera la prochaine étape. La progression dans les montagnes de Lattaquié permettra de relier cette province à celle d’Idleb et de couper les lignes de ravitaillement des extrémistes appuyés par la Turquie.
Plus à l’Est, l’armée syrienne a consolidé ses positions autour d’Alep, en repoussant, dimanche et lundi, une vaste offensive de « Front al-Nosra » contre la localité stratégique de Handarat, à l’Est de la ville. Selon les sources de l’opposition syrienne, quelque 70 extrémistes ont été tués dans ces combats qui visaient à reprendre à l’armée le terrain conquis autour d’Alep début février. Dans cette région, l’armée est en passe de refermer l’étau sur les extrémistes retranchés dans les quartiers Est d’Alep, en coupant leurs lignes d’approvisionnement vers la Turquie. La vaste offensive lancée par l’armée dans cette région avait partiellement atteint ses objectifs avec l’occupation de la localité de Bachkoy, avant d’être ralentie par une contre-attaque menée par des combattants venus de Turquie et encadrés par des officiers turcs. Des sources syriennes affirment que ce n’est qu’une question de temps avant que le chaudron ne se referme sur les quartiers Est d’Alep et que l’encerclement de Nobbol et Zahra, plus au nord, ne soit brisé.
Progression dans le désert de Homs
Dans le centre du pays, l’Armée arabe syrienne a lancé ces derniers jours une offensive qui lui a permis de consolider ses positions autour du champ gazier de Chaer, à l’Est de Homs, et de reprendre à « Daech » le champ de Jazal, dans le désert de Tadmor (Palmyre). Des dizaines de terroristes ont été tués dans cette opération couronnée de succès.
Sur les fronts autour de Damas, les groupes terroristes perdent du terrain partout. Douma, le fief des extrémistes de l’« Armée de l’islam » de Zahran Allouche, au Nord-est de la capitale, est soumise à la pression continue de l’armée et de Jeich al-Wafa. Cette milice a quitté les rangs de l’insurrection armée pour revenir dans le giron de l’Etat, à cause des exactions commises par les insurgés contre la population civile. Dans le sud de Damas, « al-Nosra » a été chassée de ses derniers bastions de Bibala et Beit Sahem par des milices locales, qui négocient leur reddition avec les autorités syriennes.
Sur le front du camp de Yarmouk, la brigade « al-Anfal » de ladite « Armée syrienne libre » (ASL) a fait défection et a rejoint avec armes et équipements l’Armée de défense nationale. La situation dans ce camp est devenue très difficile pour le « Front al-Nosra » et ce mardi, le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) a appelé toutes les factions palestiniennes à unir leurs forces pour chasser les terroristes et reprendre le camp dont les 120000 habitants ont été en grande partie poussés à l’exode.
Le plus grand succès de l’armée syrienne et de ses alliés a été l’offensive lancée sur le front sud, qui leur a permis de progresser dans le triangle stratégique reliant les provinces de Deraa, Quneitra et Damas. Dans cette région, les lignes de défense des terroristes se sont effondrées devant les coups de l’armée syrienne, qui a repris, en janvier-février, les localités de Deir al-Adas, Deir Maker, Hamrit, les collines de Fatmé, Tall al-Krein, et Sayyad. Les troupes syriennes sont désormais aux abords de la colline stratégique de Tall al-Hara, qui surplombe le Golan occupé. Cette offensive a permis de réduire à néant le rêve « israélien » de l’établissement d’une zone tampon le long du Golan, ayant une profondeur géographique avec les zones contrôlées par les extrémistes à Deraa. Selon les sources des « rebelles », quelque 570 extrémistes ont été tués par l’armée dans ces combats.
Toujours dans le Sud, l’armée syrienne a repris la localité de Bou Harat, au Nord-est de la province de Soueida, après de violents combats avec les extrémistes. Lors de cette offensive, des hélicoptères d’attaques ont été utilisés.
Ces développements prouvent que l’armée syrienne et ses alliés ont repris l’initiative sur le terrain, malgré le grand soutien apporté aux groupes terroristes en armes, en argent et en appui politique. La nouvelle carte que l’Occident et ses auxiliaires régionaux veulent jouer est celle de la « pseudo-opposition modérée », dont près de 5000 membres sont entrainés en Arabie saoudite et autant en Turquie. Mais ce n’est pas avec cette petite troupe de mercenaires que Washington, Ankara, Riyad et Tel-Aviv parviendront à inverser les rapports de force.
Samer Zoughaib