Publié le : 13 mars 2015
Source : scriptoblog.com
Alors que le marché transatlantique doit théoriquement voir le jour en 2015 avec un partenariat transpacifique en toile de fond, il est utile de rappeler le cadre général qui se prépare. L’Union européenne doit s’intégrer au monde nord-américain, l’ensemble constituant un morceau du puzzle de la gouvernance planétaire, soit environ 50 % du PIB mondial. Même si le système bruxellois craque de partout, en particulier avec un euro inadapté aux particularités des économies européennes, on oublie trop souvent qu’un processus similaire d’unification est en cours du côté nord-américain.
La volonté d’unir politiquement le Canada, les États-Unis et le Mexique en une seule entité remonte à 1912. Le programme fut rédigé au chapitre 52 dans le livre du Colonel House (conseiller du président Wilson), intitulé Philip Dru : Administrator. Mis en sommeil pendant des décennies, cet idéal a pris forme, en 1994, avec l’ALENA (équivalent de la Communauté économique européenne), pour s’accélérer en 2005 sous l’égide des trois chefs d’État nord-américains dans le cadre du « Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité ». L’institut américain Council on Foreign Relations (CFR) a présenté le programme en 2005. Celui-ci avait été préparé par une des figures de proue du CFR, Robert Pastor, dans son ouvrage paru en 2001, Toward a North American Community (« Vers une Communauté nord-américaine »). Un coup d’accélérateur en faveur de cette unification vient d’être donné par le général Petraeus (ancien patron de la CIA) et Robert Zoellick (ancien président de la Banque mondiale et membre dirigeant de Goldman Sachs) dans un rapport publié par le CFR en octobre 2014. Il est précisé : « Le groupe de travail est convaincu que le moment est venu pour les décideurs politiques américains de placer l’Amérique du Nord au premier plan d’une stratégie qui reconnaisse que l’Amérique du Nord doit être la base continentale de la politique mondiale des États-Unis ». La chose semble entendue puisque la chaîne de télévision CNN a rappelé, en janvier 2015, la nécessité de promouvoir un passeport nord-américain.
L’édification d’un bloc nord-américain doit ainsi se compléter à l’Union européenne dans le cadre d’un marché transatlantique reposant sur l’idée d’une union politique de part et d’autre de l’Atlantique. Ce concept, développé dès 1939 par Clarence Streit dans son livre Union Now, par le président Kennedy en 1962 appelant à une « Déclaration d’interdépendance » et par un ensemble de textes élaborés entre les États-Unis et la Commission européenne, a été particulièrement bien traité par la revue The Economist le 1er septembre 1990. La publication d’une carte révèle qu’au moment de la chute de l’Union soviétique, un prototype d’organisation planétaire est clairement affiché.
Il est remarquable de constater que le marché transatlantique est déjà conclu par l’oligarchie mondialiste, puisque l’Union européenne – sans la Grèce, les Balkans, la Bulgarie et la Roumanie rattachés au bloc Euro-Asia – est véritablement accolée à l’Amérique du Nord. Le Vieux Continent, vide de toute représentation, est associé au Nouveau Monde sous la forme d’un digne puritain victorieux, style Mayflower, et sous le sigle « Euro-America », tandis que l’Amérique du Sud est associée à ce mariage forcé transatlantique. Les autres blocs continentaux constituant cette gouvernance mondiale en préparation sont éparpillés en « Islamistan », « Hinduland » et « Confuciania ». Nous avons devant nous l’ébauche, nécessitant sûrement des réglages, de ce qui nous attend. Enfin, signalons que la carte affiche en bas à gauche la formule latine « Haec tabula mundi vix seria est » que l’on peut traduire par « Cette carte du monde est à peine sérieuse ». C’est l’humour anglais.
Pierre Hillard