Publié le : 24 mars 2015
Source : bvoltaire.fr
Dimanche 22 mars au soir, après l’annonce des résultats du premier tour des élections départementales, Nicolas Sarkozy, chef victorieux d’une coalition de circonstance, a plusieurs fois parlé de la « droite républicaine ». L’expression est devenue le point de ralliement de ceux qui veulent continuer à se dire de droite sans risquer qu’on les assimile au Front national.
Le Front national qui, dans l’énoncé, occupe par déduction le rôle de la droite non républicaine. La droite française se trouve depuis des années dans la délicate situation de devoir composer avec un appareil médiatique tout à fait acquis aux idéaux de gauche portés par des journalistes militants. Et puisqu’on ne mène une carrière politique qu’à la condition d’avoir les faveurs des médias, il faut, tout en voulant être de droite, montrer régulièrement son allégeance aux idéaux traditionnellement de gauche. C’est ainsi, par exemple, qu’un Alain Juppé a renoncé, en direct à la télévision il y a quelques mois chez David Pujadas, à tout ce qui aurait pu donner à son parti une sève de droite.
La « droite républicaine », telle que présentée par Nicolas Sarkozy et soutenue par ses amis, est donc une droite qui se revendique des idéaux de gauche, une droite qui rompt avec ce qui devrait être un discours de droite, notamment sur les questions de société ; en somme, la « droite républicaine »» n’est rien qu’une droite de gauche. Les positionnements sur les questions de stricte économie, lesquels participent normalement à cliver distinctement droite et gauche, sont devenus secondaires depuis que les thèmes sociétaux se sont littéralement emparés de la discussion politique en France.
Il est néanmoins nécessaire, pour la « droite républicaine », de continuer à se dire de droite pour donner la réplique à la gauche dans un jeu politique qui a besoin de ce simulacre d’alternance pour donner l’illusion démocratique. Les électeurs, habitués à croire en ce clivage censé leur prouver factuellement la vitalité de l’exercice démocratique en France, ont été éduqués à se contenter qu’on leur dise que les uns sont de droite et les autres de gauche sans jamais que leur soit fournie la formation politique qui leur permettrait de débusquer l’embrouille.
Que la droite française soit contrainte, tremblante de trouille, de préciser incessamment qu’elle est « républicaine » comme pour montrer patte blanche, quand la gauche peut tranquillement s’acoquiner avec des mouvements proclamant leurs intentions révolutionnaires, montre bien d’une part où est le point de gravité idéologique en France, d’autre part que les barons de la « droite républicaine », qu’on appelle aussi la « droite parlementaire », sans idées, sans programme, sans vision politique, n’ont plus pour convictions qu’un fatras de subterfuges dont l’objectif est de leur faire gagner un pouvoir dont ils ne savent même pas quoi faire.
Jonathan Sturel