… au bord du gnouf !
Sale temps pour les intimes du vrai-faux triomphateur des élections départementales : après les Thénardier de Levallois, Patrick et Isabelle Balkany, « meilleurs amis » de l’ex Président de la République, c’est donc au tour de Claude Guéant, son « plus proche collaborateur », d’être rattrapé par la patrouille. D’ici à ce que le conférencier préféré du Qatar se prenne lui aussi les godasses compensées dans sa batterie de casseroles judiciaires…
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Claude Guéant : hier père Joseph, puis père fouettard, et à présent ex-prospère… qui fouette. Youpla… boum ?
Claude Guéant, que le Pinocchio de l’UMP a apparemment aujourd’hui décidé de lâcher en rase campagne, a été depuis plus de douze ans le plus proche et plus fidèle collaborateur de Nicolas Sarkozy. Une proximité qui a permis à ce naguère obscur fonctionnaire au charisme de beignet de gravir un à un tous les échelons de la très haute fonction publique puis de l’Etat, jusqu’au poste de Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration en 2011.
Il fut ainsi durant plus d’une décennie son véritable « Père Joseph » : dès 2002 comme directeur de cabinet, et ce jusqu’en 2004, année au cours de laquelle il fut enfin « exposé en pleine lumière » en étant nommé au Ministère des finances, puis, une première fois, de 2005 à 2007, au Ministère de l’Intérieur.
Il réintègra les coulisses et une ombre qui lui sied mieux en 2007, en étant nommé directeur de la « campagne de France de Naboléon » lors des élections présidentielles, puis en devenant Secrétaire général de la Présidence de la République après la victoire de son patron face à la madone du Chabichou, Ségolène Royal.
Il quittera ses fonctions au palais présidentiel en février 2011 suite au remaniement ministériel qui le bombardera à nouveau au Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, ministère qu’il occupera jusqu’à la fin du quinquennat sarkozien.
A part Brice Hortefeux, ami de toujours du petit Nicolas, et premier « membre de la famille » a avoir été cyniquement lâché par Sarkozy, à l’issue de l’intense campagne de dénigrement médiatique enclenchée suite à sa fameuse sortie sur les « Auvergnats du Maghreb », ou les époux Balkany, meilleurs amis de toujours du « chouchou » de Carla Bruni, dont nous parlerons longuement un peu plus loin, il est donc difficile de trouver dans le personnel politique français un homme plus proche (et depuis si longtemps) de l’inventeur du fumeux FNPS.
Sa proximité extrême avec Nicolas Sarkozy l’amènera à jouer durant des années et en maintes occasions les « porte-flingue » et à prendre, au service continu de son mentor, des risques qui finissent donc aujourd’hui par le rattraper, les premiers véritables ennuis ayant surgi lors de l’enquête ouverte sur le financement de la campagne présidentielle de 2007.
Notamment en tant que directeur de campagne de Sarkozy, Claude Guéant s’était rendu à plusieurs reprises en Libye entre 2005 et 2007. Officiellement, ces voyages avaient lieu pour des questions d’immigration. Mais on le sait de façon presque certaine aujourd’hui, ils étaient principalement destinés à conclure des contrats plus ou moins occultes de ventes d’armes, ou d’accords industriels gaziers en faveur de Total… et aussi – et peut-être surtout – à obtenir du colonel Kadhafi, en collaboration avec l’affairiste Ziad Takieddine, un fort précieux soutien financier en vue des futures élections présidentielles.
Vers la fin du quinquennat sarkozien, le colonel Kadhafi, déçu du peu de reconnaissance de son « poulain électoral », laissa filtrer qu’un « grave secret » ne manquerait pas d’« entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale ». Quelques jours plus tard, Saif al-Islam, le fils de Kadhafi, en avait rajouté une sacrée couche en menaçant ouvertement le Président de la République, déclarant carrément : « Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve ».
On connaît la suite : quelques jours à peine après ces menaces, et dans le sillage d’un Bernard-Henri Lévy qui n’en demandait pas tant, Nicolas Sarkozy lançait l’armée française à l’assaut d’un pays souverain, la Libye, sans aucune déclaration de guerre, et en violant dans les très grandes largeurs la résolution des Nations Unies censée uniquement assurer au dessus de la Libye une zone d’exclusion aérienne en vue de protéger les populations civiles. Quelques semaines plus tard, le 20 octobre 2011, le convoi motorisé dans lequel fuyaient le dirigeant libyen et une partie de ses proches était sciemment bombardé par l’aviation française, et l’ex-homme fort de la Libye, pourtant capturé vivant, était assassiné dans des conditions atroces par des djihadistes déchainés, sous le regard complice des forces spéciales françaises présentes sur place.
Au final, le sanglant « Sarkothon libyen », principalement destiné à assurer les arrières du petit Nicolas lorsqu’il ne serait plus protégé par son immunité présidentielle, aura provoqué des centaines de milliers de morts, l’effondrement du pays au plus haut niveau de vie de toute l’Afrique, le déferlement désormais sans entraves de l’immigration africaine sur Lampedusa puis sur toute l’Europe, et répandu comme une traînée de poudre le chaos islamique sur tout le nord de l’Afrique, depuis la Libye jusqu’au Nigeria. Vous avez le droit de vous absenter quelques instants pour aller vomir aux toilettes.
Claude Guéant sous les ors de la République, et toujours dans le cadre du financement de la campagne électorale de 2007 par l’ex-dicateur libyen (à hauteur de 50 millions d’euros, excusez du peu), c’était aussi par exemple les déclarations de Ziad Takieddine (toujours lui) l’accusant de donner les « indications bancaires à M. Bachir Saleh » pour les versements occultes. Ou celles de Moussa Koussa, l’ancien chef des Services secrets libyens réfugié au Qatar (décidément, la Sarkozie et le Qatar… « c’est du sérieux » !), entendu par les juges français en 2014 et déclarant que le régime du colonel Kadhafi « avait des relations fortes avec la France, c’est M. Claude Guéant, qui était mon interlocuteur. On se suivait ».
Déclarations qui conduiront en février 2013 à une perquisition au domicile de Claude Guéant, perquisition ayant aussi pour cadre le rôle fort trouble joué par l’ex-Ministre de l’intérieur dans l’affaire de l’« arbitrage Tapie », censé clore le contentieux de l’affaire Adidas-Crédit Lyonnais, et qui s’était soldé par un dédommagement financier « proprement » délirant en faveur de Nanar, par ailleurs et comme par hasard grand pote de… Nicolas Sarkozy.
Dans le cadre de cette enquête sur le financement de la campagne de 2007, Claude Guéant sera finalement placé en garde à vue le 6 mars 2015, puis une première fois mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée » et « faux et usage de faux ».
N’en jetez, plus, la coupe est pleine ? Et bien non, justement ! Car quand on cherche dans un pareil nid de guêpes, ça pique, et on trouve ce qu’on était pas forcément venu chercher : ainsi naît donc une nouvelle affaire judiciaire qui accable Claude Guéant, celle dite « des tableaux ».
Lors de cette perquisition donc, les enquêteurs avaient aussi mis la main sur un virement suspect, pour un montant de 500 000 euros, effectué depuis l’étranger sur un compte bancaire de Claude Guéant. Celui-ci avait alors justifié ce fort étrange et plus que conséquent mouvement de capitaux par la vente, en 2008, de deux tableaux lui appartenant : deux marines signées d’un peintre flamand du XVIIe siècle, Andries van Eertvelt. Marines qu’il aurait donc vendues à un avocat malaisien, Sivajothi Muthiah Rajendram. Ces 500 000 euros lui avaient ensuite permis de concrétiser l’achat d’un appartement parisien en 2008.
Seul hic : les 500 000 euros soi-disant payés pour l’acquisition des marines paraissent totalement délirants, quand on connaît la modestie des deux tableaux et la cote – fort modeste – de Andries van Eertvelt sur le marché de l’art. Un expert mandaté par la justice a ainsi estimé les deux petites merveilles à… « 35 000 euros, tout au plus 50 000 euros ». On est dont très, très loin du compte. De deux choses l’une : ou bien Claude Guéant est un véritable génie des affaires, et l’on regrette qu’il n’ait pas mis lorsqu’il était au gouvernement ce génie au service du pays… ou bien son acheteur était le roi des cons.
Mais admettons que Guéant ait réalisé la vente du siècle… il n’en serait pas pour autant sorti de l’auberge malaisienne ! En effet, la réglementation sur la vente des œuvres d’art exige une demande de certificat d’exportation pour toute œuvre de plus de 150 000 euros quittant le territoire national. Le ministère de la Culture a pourtant confirmé n’avoir jamais reçu de demande de certificat pour la vente de ces deux tableaux. L’exportation illégale de trésors nationaux étant un délit passible de deux années d’emprisonnement et d’une amende de 450 000 euros, Claude Guéant risque donc fort d’être perdant… sur les deux tableaux !
On continue ? Claude Guéant est aussi compromis dans l’affaire dite « des primes de cabinet en liquide », pour un montant de 25 000 euros, à lui versés illégalement lorsqu’il était directeur de cabinet de… Nicolas Sarkozy au Ministère de l’Intérieur, sur fonds secrets. Explication du gus ? « Cela vient de primes payées en liquide. Elles n’ont pas été déclarées car ce n’était pas l’usage. A posteriori, on se dit que c’était anormal. D’ailleurs, ça a été modifié ». « A posteriori, on se dit »… et il a le sens de l’humour noir, le bougre ! Seul hic : les « fonds spéciaux » des ministères ont été supprimés en 2002 (sous Lionel Jospin) et n’existaient donc déjà plus au moment où Claude Guéant… prétend les avoir perçus. Cherchez encore une fois l’erreur…
Quand c’est fini, ça recommence : Guéant est aussi impliqué dans l’affaire datant de 2013 de l’emploi fictif de Philippe Pemezec, maire UMP du Plessis-Robinson, au cabinet de Christine Boutin, alors Ministre du logement. Celle-ci a déclaré durant l’enquête que ce recrutement bidon avait été exigé par… Claude Guéant. Il faut le comprendre : à l’époque, le maire du Plessis-Robinson venait de voir son élection à l’Assemblée Nationale invalidée. Il avait donc besoin d’un petit supplément financier pour palier cet accident de parcours et garder son fort confortable train de vie. Résultat ? Zorro Guéant était arrivé, et le malheureux avait récupéré pour une fonction qui n’existait pas un salaire mensuel de… 5 400 euros, soit à peu près le montant de l’indemnité parlementaire qu’il venait de se voir refuser. Elle n’était pas belle la vie, en Sarkozie (comme elle est demeurée belle en Hollandie, nous sommes bien d’accord) ?
Stop ou encore ? Et bien encore ! En 2013 toujours, la presse a levé un autre lièvre dans l’arrière-cour de la maison Guéant (qui ressemble de plus en plus à un sacré bordel) : en quittant ses fonctions suite à la défaite de son champion élyséen, Claude Guéant, décidément féru de peinture, a embarqué dans ses bagages… un tableau de James Houra offert à l’état lors d’une visite officielle en novembre 2011 par le président ivoirien Alassane Ouattara ! Selon la règle, Claude Guéant aurait dû remettre ce tableau au Mobilier National lors de son départ. Ce qu’il s’est bien gardé de faire ! Questionné sur le sujet, le bougre a justifié son « étourderie » en déclarant qu’il n’avait « jamais reçu de demande de versement sur cette œuvre ». Cela ne s’imagine même plus, mais se rêve !
Allez, un petit dernier pour la déroute : car dans la famille Guéant, on s’arrange avec la loi et l’argent public… de père en fils ! Et c’est le Canard Enchaîné qui l’avait révélé, en 2011 : François Guéant, à l’époque obscur suppléant de la 4ème circonscription du Morbihan, avait trouvé le moyen (pour le moins étrange) de distribuer des fonds de la réserve parlementaire… dans la circonscription où il allait peu après se présenter au suffrage des électeurs (sans succès : le peuple, même arrosé d’argent public, est parfois bien ingrat). Interrogé par son adversaire socialiste Jean-Jacques Urvoas, le fils à son papa avait eu le culot de répondre que « n’étant ni député, ni maire [il n’avait pu] en aucune manière et d’aucune façon, bénéficier ne serait-ce que d’un seul centime d’euro au titre de tels financements ». Sauf que les documents du Ministère de l’Intérieur prouvèrent bien que François Guéant avait distribué pour 322 500 euros de subventions de la réserve ministérielle aux communes de la 4e circonscription du Morbihan.
Mais assez parlé des petits poissons faisandés de la magouille, de ce gagne-petit de la Sarkozie hier encore triomphante à qui décidément tout était permis. Passons à la crème de la crème, à la première division, que dis-je, la Ligue des Champions de la faisande UMP, voire internationale : penchons-nous à présent, au risque fort élevé de tomber dans un trou sans fond (mais non sans fonds), sur le cas des époux Balkany !
La chute (mille fois retardée) enfin annoncée des Thénardier de Levallois-Perret ?
Le 18 mars 2015, suite au 2 215ème épisode du feuilleton politico-mafieux mettant en vedette le couple infernal de Levallois, l’Assemblée Nationale a (enfin !) fini par lever l’immunité parlementaire du Don Corleone des Hauts-de-Seine. Depuis juillet 2014 et un signalement de Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy), les faits de corruption qui lui étaient reprochés nécessitaient en effet largement la levée de cette immunité. Comme à leur habitude, dès lors que l’un des leurs est en cause, les députés se seront « pressés lentement ».
Dans son communiqué du même jour réagissant à cette très mauvaise nouvelle, Patrick Balkany a notamment écrit ceci :
« J’ai décidé, comme mon épouse, de ne jamais répondre au déferlement insensé de mensonges publiés sur nous et cela quelle que soit la violence du déchaînement des médias, même s’il est insupportable, voire douloureux d’être ainsi jeté aux chiens et à une sorte de justice en place publique qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire ».
Passons vite sur le point Godwin osant comparer les tracas judiciaires du potentat de Levallois avec les victimes de la barbarie nazie durant l’occupation : tout ce qui est excessif étant dérisoire, l’obscénité de l’assertion balkanienne ne mérite même pas qu’on s’abaisse à y répondre.
Balkany et la justice, c’est en réalité un jeu de gendarme qui court en vain après le voleur, jeu qui dure depuis maintenant plus d’une décennie. Amis du premier cercle (et depuis les « fonds baptismaux politiques » de celui-ci) de Nicolas Sarkozy, les époux Balkany ont pu bénéficier durant toute la période où leur « cher Nicolas » était aux affaires, que ce soit comme Ministre de l’Intérieur ou comme Président de la République, d’une protection de fait et d’une immunité judiciaire presque absolues, malgré les batteries (on a envie d’écrire les containers) de casseroles accrochées à leurs basques, casseroles dont le poids de plus en plus considérable pour n’importe qui d’autre n’a jamais empêché ces deux géants de la magouille municipale et du cynisme politicard de marcher d’un pas fort alerte et particulièrement bravache sur les sentiers de la petite puis de la grande République des copains et des coquins.
Et s’il est bien entendu évident que la protection dont nos deux zozos ont toujours bénéficié s’est effritée suite au revers électoral de leur protecteur et ami, il faut un fier culot pour oser dénoncer comme ils le font une vendetta politique quand, enfin délivrée des entraves réelles ou supposées qu’imposait leur proximité intime avec le plus haut personnage de l’état (par la fonction, à défaut de l’être par la stature), la justice semble en mesure de les coincer enfin, de leur demander les comptes qu’ils ont réussi à fuir pendant tant d’années pour les raisons évoquées plus haut. Et s’il est certain que les socialistes sont trop heureux de voir pour un temps (sans doute bref) la crapulerie version UMP masquer à cette occasion la voyoucratie à la mode PS, il n’en reste pas moins que voir enfin, peut-être, les Thénardier de Levallois-Perret rattrapés par la patrouille n’est qu’œuvre de pure justice.
Car les Balkany, c’est sans doute ce que la politique française a réussi à faire de pire dans la magouille, dans le clientélisme, dans le tripotage municipal, dans le détournement de fonds publics, depuis le légendaire ex-maire de Nice, Jacques Médecin.
A côté d’eux, de ces pros de la crapulerie politicienne, la famille Dassault ferait presque figure de ramassis d’amateurs, et Claude Guéant, évoqué plus haut, de petit rigolo. Il est rigoureusement impossible d’être ici exhaustif concernant les bidouillages, les montages, les camouflages mis en place depuis le début de leur règne par les époux Balkany. A l’impensable nul n’est tenu, et il est du reste fort probable que la justice n’a pas encore démêlé ne fut-ce qu’un misérable dixième de la pelote qu’ont patiemment confectionnée ces génies de l’entourloupe, à grand renfort de paradis fiscaux, de sociétés écrans, de fausses déclarations de patrimoine, de dissimulations fiscales et autres détournements de fonds publics. Si tant est qu’elle puisse jamais le faire, d’ailleurs. Contentons-nous donc de rappeler ici quelques-uns des principaux exploits de nos « héros du jour » :
En 2013, Didier Schuller, très largement lui-même en délicatesse avec la justice, notamment dans l’affaire dite des HLM des Hauts-de-Seine (et pour laquelle Balkany sera aussi inquiété), révèle l’existence d’un compte de Patrick Balkany dans une banque suisse, mais aussi d’une société écran au Liechtenstein, où auraient transité des fonds détournés provenant de marchés publics décidés et financés par la mairie de Levallois-Perret.
C’est par ce biais, grâce à cette simple déclaration de Didier Schuller, que la justice va glisser le doigt sous la porte de la « maison Balkany », et du même coup, sous celle des marchés publics et de la gestion de la Mairie de Levallois.
Dans la procédure qui va s’en suivre, la justice va aller de surprise en surprise, découvrant toute la richesse (dans tous les sens du mot) du système mis en place par les époux Balkany depuis leur accession aux responsabilités politiques dans les Hauts-de-Seine, le plus riche département de France, chasse gardée presque exclusive de ce qui fut d’abord le RPR de Jacques Chirac et Alain Juppé, avant de devenir l’UMP de Jean-François Copé ou Nicolas Sarkozy, que nous connaissons aujourd’hui.
Dépenser beaucoup plus qu’on ne déclare au fisc, une extraordinaire spécificité du couple Balkany
Les époux Balkany ne sont pas assujettis à l’impôt sur la fortune. Normal me direz-vous, pour quelqu’un qui, comme l’a carrément déclaré en 2008 le (pas) cher Patrick, est « pauvre comme Job pour 2 000 ans ». Et d’ailleurs, un bon conseil : sortez prestement vos mouchoirs, ils ne vont pas tarder à être utiles !
« Officiellement », Isabelle Balkany touche une retraite, une rente viagère, et bénéficie de quelques modestes revenus financiers. Elle touche également une indemnité d’élue de Levallois, le tout pour un total de 50 683 euros par an. Je suis d’accord, nous serions nombreux à nous en contenter ! Mais cela ne fait pas pour autant d’elle une femme riche, la preuve : elle a bénéficié en 2012, et au titre de « personne isolée » (sic), d’un remboursement d’impôt de 6 000 euros !
Isolée ? Première nouvelle me direz-vous ? C’est que le couple Balkany avait affirmé à l’administration fiscale (il n’y a pas de petite magouille et de petit profit pour nos zigotos) qu’ils s’étaient séparés en… 1996. Tout en continuant à vivre ensemble. Ils avaient, les étourdis, « oublié » de régulariser leur situation fiscale les sept années suivantes ! Un début d’Alzheimer, sans doute…
Patrick Balkany a lui déclaré 25 000 euros de revenu en tant qu’élu local, et 53 496 euros en tant que parlementaire, le tout pour la même année 2012. Il a également touché 8 679 euros de la Semarelp, une société gérant le « patrimoine privé » de Levallois.
Au total donc, le couple a déclaré en 2012 un revenu global d’environ 143 000 euros. Soit 12 000 euros par mois. « Pauvres comme Job », en effet.
Seul hic : pour la même période, nos deux compères ont aussi déclaré des dépenses de personnel de … 195 733 euros, soit 52 000 euros de plus que l’intégralité de leurs revenus de l’année ! Cherchez l’erreur… d’autant qu’il sera fort difficile pour le binôme terrible de Levallois de prétendre avoir puisé dans ses économies pour combler la différence : malgré leur train de vie dispendieux, leurs revenus modestes et leur pauvreté « Jobesque », les Balkany ont des comptes bancaires (officiels) généreusement fournis : 325 000 euros sur le compte de madame, 375 000 euros sur celui de monsieur. La pauvreté à ce niveau là, ça tire les larmes, je vous avais prévenus !
Mieux vaut un gigantesque chez soi qu’un minuscule chez les zozotres !
Selon sa biographie officielle, Patrick Balkany et son épouse sont locataires d’un deux-pièces de… 34 mètres carrés (si, si). Un fort modeste appartement qu’ils possédaient naguère, mais qu’ils ont revendu pour 470 000 euros… tout en continuant à l’occuper ! Je n’invente rien.
En réalité, tout le petit monde politico-médiatique sait qu’ils habitent le Moulin de Cossy à Giverny, dans l’Eure. Une « modeste » propriété de 4 hectares, de 1 000 mètres carrés habitables sur quatre étages, qui appartenait précédemment au couturier Christian Aujard, et racheté par le couple en 1982 pour 2,7 millions d’euros (voir photo). Comment ont-ils donc fait pour financer cet achat princier ? Mystère et boule de chewing gum ! Les enquêteurs cherchent, mais il n’est pas sûr qu’ils trouvent…
Mais rien en réalité n’est jamais assez beau pour les Balkany : quelques années plus tard, ils ont donc également acquis la propriété voisine, dite le Vieux Moulin… et engagé des travaux somptuaires : deux piscines, un hammam, un court de tennis, un bar, une salle de gymnastique… et même un golf (selon plusieurs sources, une vingtaine de millions de francs de travaux auraient été effectués dans la propriété durant les années 80). « C’est mieux que magnifique ! Cela ressemble à un hôtel cinq étoiles : du bois partout, un décor exceptionnel ! », s’est notamment extasié l’un de leurs (nombreux) invités. A l’intérieur de ce palace privé, et selon des fuites de l’enquête judiciaire, des dizaines de tableaux, des «trophées de chasse, du mobilier Louis XVI, des statuettes hindoues, et plusieurs tableaux de maître : un Picasso, deux Miró, deux Raoul Dufy » (ces derniers bien évidemment non déclarés), et « une trentaine de montres de collection planquées dans un coffre-fort ».
En 1996 déjà, la justice, décidément taquine, s’était intéressée au Moulin de Cossy pour une affaire de tripatouillage municipal : Patrick Balkany avait en effet été condamné pour y avoir fait régulièrement travailler – aux frais du contribuable, bien entendu – trois employés de la mairie de Levallois-Perret. Il est vrai que lorsque l’on a de tels frais de personnel, il n’y a pas de petites économies !
Mais « Job » et sa compagne ne se contentent pas de leur modeste pied-à-terre de l’Eure : ils sont aussi en possession, comme l’ont découvert les enquêteurs, de deux autres « anecdotiques » petits biens immobiliers non déclarés. Anecdotiques puisqu’autant, avant d’être rattrapés par la justice, ils n’’en avaient on l’a dit jamais fait état, niant même farouchement au début de l’enquête, pour le premier avant de se rétracter, et encore aujourd’hui pour le second, en être les propriétaires :
La Villa Pamplemousse, dans la presqu’île des Terres Basses, une réserve pour milliardaires, avec garde privée, qui fait partie du paradis fiscal antillais de Saint Martin. Une modeste bicoque « hollywoodienne » de deux étages, nichée au cœur d’un jardin tropical d’un hectare et disposant d’une imposante piscine, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
Quand je vous parlais des Thénardier… on se demande bien où est passée Cosette !
Anciennement nommée Maison du Soleil, cette pauvre masure a donc été fort opportunément rebaptisée par les Balkany Villa Pamplemousse en 2001. Une astuce qui a permis de faire disparaître aux yeux de la justice une propriété qui avait été identifiée dans un rapport de police comme « appartenant à la société liechtensteinoise Real Estate French West Indies ». Grâce à ce stratagème, les Balkany avaient pu affirmer qu’ils ne possédaient aucune propriété à Saint-Martin, et prétendre qu’ils ne faisaient que « louer la maison qu’ils occupent »… échappant ainsi une nouvelle fois à l’ISF ! Chapeau les artistes !
La Villa Pamplemousse est estimée à 3 millions d’euros minimum. Lorsque ses heureux et très discrets propriétaires n’y séjournent pas, elle est proposée à la location pour 7 500 à 10 500 dollars la semaine et selon la saison, avec l’intendante, la femme de ménage et le jardinier qui y travaillent en permanence. Malheureusement, Saint Martin est un peu loin pour y envoyer des employés municipaux de Levallois-Perret : il fallait donc bien trouver un moyen de financer ce petit personnel là !
Mais ce n’est pas fini : comme l’a dit Jacques Séguéla à propos de cette fascination pour le bling-bling qu’on reprochait à leur ami commun Nicolas Sarkozy : « si on n’a pas une Rolex à cinquante ans, c’est qu’on a raté sa vie ! ». Que serait donc une vie réussie d’oligarque français, sans une villa au Maroc ? BHL, DSK, nous voilà ! Car l’’UMPS, de toute évidence, ça fonctionne aussi à Marrakech !
Le palace marocain, baptisé villa Dar Guycy (les enquêteurs soupçonnent fortement un « hommage » du couple à leurs deux petits-enfants Gyula et Lucie), a été racheté en 2009 et pour 5,5 millions d’euros par une société… panaméenne (Haydridge), ayant un compte bancaire à… Singapour (Banque Himola). D’après Tracfin, le responsable de ces deux sociétés offshore est Jean-Pierre Aubry… fidèle collaborateur des Balkany à la mairie de Levallois-Perret. Au cours de l’enquête, Jean-Pierre Aubry a finalement reconnu ne pas en être le véritable propriétaire.
Un des invités du couple à Marrakech, interrogé par les enquêteurs, témoigne : « En entrant, vous tombez dans un hall comme le hall d’un grand hôtel avec des lustres immenses. Vous êtes dans le temple du luxe bling-bling avec des tableaux partout… J’ai vu plusieurs statues de Botero. À gauche, trois grands salons d’une centaine de mètres carrés chacun… le tout donne sur une piscine immense et sur un parc d’un hectare. À droite du hall, une grande salle à manger, et une cuisine sur deux niveaux avec dans ses sous-sols une véritable caverne d’Ali-Baba de victuailles, vins fins et chambres froides ». Le même se souvient d’une « dizaine de chambres à l’étage, qui ont toutes leur dressing et salle de bains », et de celle des maîtres des lieux : « grandiose, avec une télé gigantesque… Patrick et Isabelle ont chacun leur salle de bains ».
Lors d’écoutes téléphoniques diligentées pour l’enquête, en date de 2013, les enquêteurs ont intercepté une conversation entre Isabelle Balkany et l’une de ses meilleures amies qui ne laisse en réalité pas beaucoup de doutes sur les « véritables » propriétaires du somptueux Riad de Marrakech. Extrait :
Isabelle Balkany : « viens au moins une semaine à Marrakech, j’ai les enfants ».
X : « c’est trop trop mignon ».
I.B : « tu as la chambre en bas. J’ai invité ma belle-sœur, je vais donc lui demander quelle semaine elle prend et je te donnerai l’autre, parce que je n’ai qu’une chambre [disponible]. Tu me dis quand t’arrives et y a pas de souci ».
X : « OK chérie, mais ça commence à devenir un peu honteux, quand même, de venir systématiquement ».
I.B. : « honteux de quoi ? Arrête… »
X : « de venir chez toi ».
A l’heure où j’écris ces lignes, Isabelle et Patrick Balkany nient pourtant toujours être les propriétaires du riad Dar Guycy. Et tant pis si une salariée de la fiduciaire suisse Gestrust, qui a assuré la logistique de la transaction financière, a saisi la justice suisse, « parce que nous soupçonnions M. Aubry de ne pas être le réel propriétaire ». Tant pis si le patron de celle-ci a finalement déclaré : « le véritable propriétaire est M. Balkany ». Tant pis aussi si près d’une tonne de mobilier a été livré à la propriété de Marrakech en provenance d’un magasin de meubles où le couple Balkany a ses habitudes…
Après tout : quand on est « pauvre comme Job pour 2 000 ans », et même si on a une Rolex (ou plutôt trente), une gigantesque propriété dans l’Eure, un palace de star hollywoodienne à Saint Martin et… un 34 mètres carrés à Levallois-Perret, on n’est pas forcé de posséder un Riad au Maroc pour ne pas avoir, au final, complètement « raté sa vie » !
Et reconnaissons pour finir qu’avec sur son porte-bagage présidentiel : les Balkany et leurs bicoques… Claude Guéant et ses tableaux… nanar Tapie et ses dommages et intérêts… la campagne présidentielle et ses financements libyens effacés dans le sang… ou l’UMP et son feuilleton Bygmalion… et sans même parler des conférences et des avantages fiscaux du Qatar… le vrai-faux vainqueur des élections départementales et possible (probable ?) candidat UMP à la présidentielle 2017 serait bien avisé de tirer une bonne fois pour toute sa révérence. Il ne le fera pas, car à ce niveau d’indécence, les néocons dans son genre osent évidemment tout. Qu’il soit dès lors au moins permis à la La Plume de lui suggérer un autre nom, bien plus adéquat que celui qu’il envisage (parait-il), pour rebaptiser l’UMP : Les Ripoublicains.
Marc LEROY – La Plume à Gratter
Magnifique en effet, ça promet pour 2017.
Vive la Ripoublique!
Amitiés.
Rien que de plus normal somme toute, vous ne voudriez pas qu’ils soient honnêtes par dessus le marché!!! sourire!
Tout est inversé dans cette société. Quand ils disent blanc, c’est noir, et quand ils disent noir c’est blanc, noir c’est noir, ils ne connaissent pas!
EPOUSTOUFLANT! On a beau s’y attendre, on n’en revient tout de même pas… Quel marécage! Et quelle force herculéenne pourrait nettoyer ces Ecuries d’Augias?
Mais le plus tragique, c’est de penser qu’un grand nombre de Français pense encore à cette « droite »-là comme la meilleure alternative après la Bérésina hollandienne. C’est à pleurer.