Publié le : 02 avril 2015
Source : lepoint.fr
Le procès qu’un ex-dirigeant d’Air France fait à son ancien employeur jette une lumière crue sur les avantages acquis dans la nomenklatura.
Non, ce n’est pas un poisson d’avril. Un ancien directeur général adjoint d’Air France attaque en justice la compagnie nationale, qui l’a limogé en 2009. Pour licenciement abusif ? Pas du tout. Il prétend être victime d’un préjudice considérable, qu’il évalue à 390 000 euros, soit 343 smics, parce que lui et sa famille ne peuvent plus voyager aux frais de la princesse depuis fin 2012. Il faut en faire, des voyages, pour parvenir à une telle facture, qui équivaut à 40 allers-retours Paris-New York en première classe.
Ce monsieur assure que cet avantage en nature considérable faisait partie de son « paquet de départ », comme c’est le cas pour tout membre de la direction générale congédié. Air France le dément. Ces abus, sans avoir disparu, ont été officiellement limités en décembre 2012, date à laquelle le PDG, Alexandre de Juniac, a présenté son plan « Transform 2015″ pour engendrer 2 milliards d’économies dans un groupe en grande difficulté, avec à la clé la suppression de plus de 5 000 emplois. Il faut avoir un certain toupet pour réclamer des privilèges comme la gratuité du transport aérien pour toute la famille dans de telles circonstances.
L’abolition des privilèges
Mais, contrairement à une idée reçue, les privilèges n’ont pas été abolis il y a plus de deux cents ans. L’ancien dirigeant qui ne peut plus voler gratuitement pourrait se fâcher s’il avait affaire à une entreprise privée, qui devrait ensuite se justifier de telles largesses auprès de ses actionnaires. Mais le premier actionnaire d’Air France-KLM, c’est l’État. Chaque contribuable a donc le droit de donner son avis sur cette ahurissante question.
Et puis, au regard d’une telle sinécure, comment s’indigner des billets gratuits distribués aux agents de la SNCF et à leur famille élargie ? Ou des avantages accordés aux salariés d’EDF et à leur gargantuesque comité d’entreprise ? Parce que l’exemple vient d’en haut, il faut espérer qu’Air France gagne cette procédure…
Sophie Coignard