Publié le : 02 juillet 2015
Source : bvoltaire.fr
« Mon métier, c’est de dire la vérité ! » Le 24 juin, Éric Zemmour répondait, tout en gouaille, devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris à des accusations « d’incitation à la haine raciale » après une chronique sur RTL. Le procureur a requis 5.000 euros d’amende contre le journaliste. Pour mémoire, ce dernier s’était borné à expliquer que « les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacées par des bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent ».
Alors, simple lubie d’un cuistre aigri ayant la prétention de paraître « plus goy que goy », comme l’a prétendu si pitoyablement Léa Salamé, ou analyse lucide d’un journaliste digne de ce nom ?
Pour en avoir le cœur net, Boulevard Voltaire s’est procuré une note interne de police faisant l’objet d’une « diffusion restreinte ». Il s’agit d’un rapport de 98 pages portant sur la criminalité organisée en France (2011-2012) rédigé par le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO) (1), émanant du ministère de l’Intérieur.
La première partie du rapport, consacrée aux « organisations criminelles qui impactent la France », est édifiante. En guise d’incipit, il est inscrit noir sur blanc – et c’est justement une des inquiétudes exprimées sur RTL par Éric Zemmour – qu’il existe une « présence dans la plupart des agglomérations françaises d’organisations criminelles étrangères ».
Incroyable mais vrai, il est dit que sur un total de 10 organisations criminelles détectées en France, 8 d’entre elles sont (roulement de tambour)… « étrangères ». Voici, en résumé, l’énumération telle qu’elle se présente dans l’approche transversale du SIRASCO : les organisations criminelles françaises, les organisations criminelles balkaniques, les groupes criminels turcophones, les organisations criminelles russophones, les mafias italiennes, les groupes criminels issus des communautés des gens du voyage (2), la criminalité organisée africaine, les organisations criminelles asiatiques, les gangs de motards, les cartels et la criminalité organisée latino-américaine.
N’en déplaise aux contradicteurs du polémiste, le SIRASCO avance que les choses ne vont qu’en empirant. « En 2011, le nombre d’étrangers mis en cause augmente de 6,54 % par rapport à 2010 », décrit le rapport. « Et la part des étrangers mis en cause dans la criminalité organisée et délinquance spécialisée s’élève à 29,44 %, en hausse de 1,73 point par rapport à 2010 (27,71 %). Pour information, la part des étrangers mis en cause dans la délinquance générale s’élève à 20,58 % ».
Mais le rapport va plus loin : « L’évaluation de la menace liée à la criminalité organisée constitue aussi et surtout un enjeu européen, en raison du caractère désormais transnational des organisations criminelles. » Et, tenez-vous bien, cette étude ne saurait être totalement représentative de la réalité, nous prévient le SIRASCO, sans fard ni artifice.
Oui, car « les 28.770 crimes ou délits constatés en France en 2011 », nous dit-on, « ne représentent que moins de 1 % du total général de la criminalité enregistrée ». En d’autres termes, Éric Zemmour serait, en dépit de ses hypothèses les plus pessimistes et de la violence que lui prêtent les pinailleurs de « chiffres » comme Aymeric Caron, toujours en deçà de la réalité.
Sacrifiant la réalité à une conception raciste du débat d’idées, au mépris d’une connaissance des rapports de police, il semblerait que madame le procureur se soit malheureusement contentée de reprendre sans discernement critique les accusations portées par l’association aux relents ethnocentristes CRAN (Conseil représentatif des associations noires) pour condamner, non pas Éric Zemmour, mais le réel.
Olivier Porri Santoro
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1) Créé en septembre 2009 au sein de la DCPJ, composé de policiers, de gendarmes et de représentants de la DCRI et de la préfecture de police de Paris, le SIRASCO s’attache à identifier les organisations criminelles impactant la France. Il collecte les renseignements liés aux activités des organisations criminelles pour les exploiter et produire des documents d’analyse stratégique et opérationnelle.
2) Selon le SIRASCO, « l’expression “gens du voyage” est une appellation administrative qui désigne des personnes (essentiellement de nationalité française) dont le mode de vie est itinérant, ayant une tradition de nomadisme (Roms, Tsiganes, Sintés, Manouches, Gitans, Bohémiens). Si la plupart sont largement sédentarisées, certaines perpétuent un mode de vie itinérant, se déplaçant au moyen de camping-cars et de caravanes pour établir des campements successifs, notamment en région parisienne, dans l’est et le sud de la France. Une autre composante plus récente est constituée de Roms migrants, arrivés des pays d’Europe centrale et orientale. »