Publié le : 22 juillet 2015
Source : gollnisch.com
Réagissant à la crise des éleveurs, Marine Le Pen a prôné mardi une « re-nationalisation » de notre politique agricole. Une renationalisation qui, idéalement, devrait être étendue à tous les aspects de notre vie politique largement sous la coupe du parti de l’étranger atlanto-bruxellois. Le 8 juillet, l’ancien élu belfortain, ex ministre et ex dirigeant du MRC, Jean-Pierre Chevènement, publiait sur son blogue une longue déclaration, intitulée « La France en grand ». Prenant acte de la « crise historique de longue durée » subie par notre pays, qui « s’est fortement aggravée avec la dérégulation néolibérale, le choix d’une monnaie unique viciée dans son principe même et l’inféodation qui résulte des traités européens », il appelait au « rassemblement autour d’un projet réellement alternatif ». « C’est ce projet d’alternative républicaine que République Moderne (RM, une nouvelle structure créée pour l’occasion NDLR), à travers des rencontres périodiques, se propose de faire surgir ».
Jean-Pierre Chevènement propose ici une alliance, allant de l’extrême gauche au petit parti de Nicolas Dupont-Aignan. Il explique que RM s’adresse « au-delà des partis et des clivages politiques obsolètes, à tous ceux, socialistes, communistes, radicaux, gaullistes, démocrates, républicains, femmes et hommes de progrès (sic) qui croient que la France, loin d’être finie, a encore un rôle majeur à jouer pour équilibrer l’Europe et donner aux idées républicaines leur portée universelle face aux désordres engendrés par la globalisation. »
Le manque de sincérité de la démarche de Jean-Pierre Chevènement, la faiblesse ontologique de son combat souverainiste, éclate une nouvelle fois ici, constate Bruno Gollnisch, avec sa posture « ni-ni » : ni RPS-ni FN…mais surtout ni FN ! Il est en effet parfaitement absurde de prôner le (nécessaire) rassemblement de tous les patriotes de bonne volonté en en excluant de facto, la première formation qui défend la souveraineté de notre pays, à savoir le Front National. De même, M. Chevènement feint encore de croire que les communistes défendent la nation, lesquels s’échinent en outre, tout comme lui-même, à minorer criminellement la question, pourtant centrale et essentielle, de l’immigration.
Déjà, lors de la dernière campagne présidentielle, il avait refusé la main tendue par Marine en affirmant caricaturalement que « le Front National restera le parti de l’ethnicité et ne deviendra jamais celui de la citoyenneté. » Nous le relevions pareillement, le patriotisme du jacobin-républicain Jean-Pierre Chevènement achoppe historiquement sur la question de l’identité française.
Il est ainsi tout aussi révélateur que l’ex ministre de François Mitterrand, qui a appelé à voter pour le très bruxellois Hollande en 2012, s’inquiète dans ce même texte d’une « une gauche et d’une droite interchangeables » qui se « (succèdent) au pouvoir pour y conduire, pour l’essentiel, la même politique néolibérale et inféodée ». Ce qui est parfaitement juste, mais sa crainte découle du fait que cette politique de l’RPS suscite chez notre peuple une réaction de défense immunitaire, au sens ou les politiciens en question font ainsi, écrit-il, « le lit du Front National ».
Et M. Chevènement, d’en rajouter une louche, en n’hésitant pas à mentir assez grossièrement en affirmant que le FN, qu’il baptise ici d’ « extrême droite », « se nourrit de la désespérance du peuple mais ne propose aucune alternative crédible, bien au contraire. Son accession au pouvoir, ruineuse pour l’image de la France dans le monde, nourrirait le clash des civilisations que souhaitent les fanatiques et serait un mauvais coup porté à notre pays ».
L’ex sénateur du Territoire de Belfort sera présent lors des universités d’été de la formation de Nicolas Dupont-Aignan a confirmé ce dernier qui vient de donner un entretien au quotidien Nord Eclair. Le dirigeant de Debout la France y présente son candidat aux élections régionales de Nord-Pas-de-Calais-Picardie, lequel sera opposé à Marine Le Pen, ce qui fait objectivement les affaires du républicain Xavier Bertrand, même s’il s’en défend.
« On a énormément de différence » (avec Marine et le FN, NDLR) expose M. Dupont-Aignan dans ce journal. « Nous n’avons pas le même projet politique, pas la même vision de l’Europe ; je n’ai jamais été contre l’Europe mais pour une Europe des Nations et des projets ; je ne suis pas pour le rétablissement de la peine de mort. Qu’il y ait des points communs dans la dénonciation du système qui tue la France à petit feu, oui je l’assume, En revanche vous ne me ferez pas diaboliser le FN, car cela n’a pas de sens. Notre alternative patriotique me paraît plus sérieuse. On veut nous assimiler au FN car la pensée dirigeante ne veut surtout pas qu’il y ait des gens raisonnables capables de changer le système. Le système s’effondre mais les électeurs ne veulent pas confier la France au FN, donc ils s’abstiennent. Nous offrons la seule voie possible, la rupture raisonnable ! ».
Le FN ne serait donc pas « raisonnable » – « raisonnable » pour qui ? - capable d’une « rupture » sensée avec ce système délétère ? Propos qui permettent à M Dupont-Aignan de justifier lui aussi le « ni FN-ni RPS », son refus de faire alliance avec un mouvement dont il a pourtant repris quasiment mot pour mot des pans entiers de son programme…
Quoi qu’ils en disent, l’attitude d’ostracisme vis-à vis du FN d’un Nicolas Dupont-Aignan, d’un Jean-Pierre Chevènement ou d’autres souverainistes velléitaires, quelles que soient l’intelligence et la pertinence de beaucoup de leurs analyses (Note de La Plume : bonjour, messieurs Asselineau, Vanneste, Myard, De Villiers, Karl Lang, etc.) revient à légitimer le système en place en attaquant la formation politique la plus à même de le renverser.
Sur le site de Polemia dans son avant-propos et la première section publiée du lexique « Cinq cents mots pour la dissidence », il est rappelé la définition politique du mot ami que ces derniers feraient bien de méditer. « La discrimination entre l’ami et l’ennemi est l’acte fondateur de la politique, d’après le politologue Carl Schmitt : on ne peut pas faire de la politique sans désigner son ennemi principal. Ceux qui prétendent fonder une attitude politique sur le ni-ni adoptent en réalité une posture impolitique : ils se condamnent à être le simple objet de ceux qui savent faire de la politique, qui sont, eux, de vrais sujets politiques ». Tout est dit.
Blog de Bruno Gollnisch