Publié le : 17 août 2015
Source : okeanews.fr
Cela fait plus de cinq ans maintenant que je lis, j’écoute, je discute et me dispute, pour comprendre ce qui nous est tombé sur la tête, ici, en Grèce et, là, en « Europe ». Je n’ai jamais été conservatrice (sauf en 1e primaire où je passais tous les matins saluer la directrice de l’école…) et ce que j’avais connu de plus « à gauche » était le parti communiste grec de la fin des années 70 et du début 80. La dictature des colonels m’avait très peu touchée (j’avais 11 ans et des poussières quand ils ont dû quitter le pouvoir) mais j’avais vécu une certaine mentalité (celui du caporal ou du contrôleur de bus qui se croit investi du pouvoir suprême et sorti de la cuisse de Jupiter….).
J’étais absente de Grèce entre 1982 et septembre 1990. Donc, certaines choses bien importantes, je ne les ai pas vécues de première main. Mais, j’ai eu le temps de vivre LE « changement », avec l’arrivée d’Andréas Papandréou au pouvoir. « La Grèce appartient aux Grecs » (et « la mer Égée appartient à ses poissons », comme on pouvait lire sur certains murs…). Je suis partie alors que le mouvement de l’antipsychiatrie grandissait… je suis allée étudier la psychologie clinique. Après la première année, le mouvement avait déjà dégonflé… mais, moi j’ai poursuivi. Tout ça, pour planter le décor et dire que je ne parlerai pas en expert…
Ainsi, les mesures d’austérité ont commencé à pleuvoir depuis cinq ans. Des mesures « inévitables », « méritées » selon d’aucuns… Nous avons appris des termes nouveaux : service de la dette publique, FSM, BCE, EFSF, créanciers, mémorandum, souveraineté nationale, solidarité… des commissaires aux noms étrangers nous « expliquaient » que nous avions mal vécu dans un État qui n’en n’était pas un et qu’ils allaient nous fournir toute « l’assistance » nécessaire pour que nous devenions finalement un État digne de ce nom ! Certains Grecs -des politiciens, des industriels, des « intellectuels », surtout – considéraient que le « mémorandum » était une bénédiction… Les mémorandums ont « avalé » un nombre non négligeable de gouvernements élus ou plantés par les bons soins de nos « partenaires » européens.
Entre-temps, nous avons fait plus ample connaissance avec l’extrême-droite, le chômage croissant, l’injustice profonde des mesures, les suicides, les dispensaires sociaux gérés par des médecins bénévoles qui voulaient suppléer aux lacunes de l’État qui ne faisait que se réduire au fil du temps et des mesures.
Non, les Grecs n’ont pas accepté leur sort. Ils se sont soulevés. Ce premier été-là, les places furent occupées par des milliers d’indignés… ils réclamaient haut et fort la chute du gouvernement, le respect de la Constitution, la dignité, enfin ! Ils se sont battus au point d’être battus (par les « forces de l’ordre » et par ce que d’aucuns appellent « les pompiers », ceux qui disaient « attendez un peu, nous viendrons au pouvoir et vous verrez… », mais nous y reviendrons…)
La guerre psychologique fut menée (et l’est toujours) de manière magistrale. Le coup du fouet et de la carotte, la torture de la goutte, la culpabilisation, la flatterie, tout y passe… et surtout le terrorisme, sous toutes ses formes…infligé par les chaînes de TV privées et les journalistes dont certains seraient à la solde de divers employeurs plutôt louches…Ne PAS suivre les JT et émissions d’info en tout genre relève de la survie psychologique…
Comprends-moi bien. Des gens comme toi et moi, qui s’en sortaient tant bien que mal jusque-là, se sont soudain retrouvés en train de devoir à tout le monde : banques, fisc, sécurité sociale… tout… On finit par se demander si on ne va pas taxer l’air qu’on respire…
Syriza est donc arrivé, après cinq ans, avec un programme qui était tout le contraire de ce que nous vivions. Il parlait de dignité, de crise humanitaire (déjà un problème pour moi, car, une crise humanitaire résulte d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre… qu’est-ce que s’était passé chez nous?), de panser les blessures ouvertes par l’austérité, de redonner aux Grecs leur dignité et leur goût du travail et de l’ouvrage, leur goût à la vie…
Les « partenaires » européens et autres se montraient outrés à l’idée de voir ces « radicaux de gauche » arriver au pouvoir…on a vécu une propagande sans précédent et des interventions innommables quant à ce que nous devions voter et, surtout, ce que nous NE devions PAS voter. (Je me posais la question : « Mais pourquoi font-ils tant de scandale autour de Syriza, s’ils en ont tellement peur ? Ils ne savent pas qu’en agissant et en parlant ainsi, ils poussent les gens à voter pour lui, comme ça, par réaction, juste pour « faire chier les commissaires et autres partenaires »?)
Et, voilà, Syriza est élu. La joie, l’espoir, enfin ! Les barrières qui bloquaient la façade du Parlement ont été retirées. Les femmes de ménage du ministère des Finances ont été à nouveau engagées. Les magnats de la TV allaient être obligés de payer, enfin, pour l’usage des ondes publiques. La télévision publique a recommencé à émettre (avec un certain retard pour le 3e chaîne, la plus combative…)
Zoé Konstantopoulou est élue présidente du Parlement. Et elle travaille dur. Et elle crée cette commission d’audit tant attendue. Mais, le gouvernement fait comme si cette commission et, surtout ses conclusions n’existaient pas…
Et puis, on a eu les fameuses négociations avec les « institutions » (oui, parce que la troïka était trop méchante, on habille les mêmes avec d’autres vêtements, et on recommence)… on a eu droit à de nouveaux termes, tel que le « flou créatif » introduit par le grand maître ès la théorie des jeux qui était devenu ministre des Finances… Nous avons vécu dans ce « flou créatif » pour plusieurs mois… ce flou créatif où on exige une AUTRE politique mais SURTOUT sans même laisser entendre que la Grèce pourrait quitter l’euro et l’UE… ce flou étant accompagné de grandes tirades concernant la dignité, la souveraineté, le bonheur du peuple, la fin de l’austérité… mais il fut aussi accompagné de la fermeture des banques, puisque cette chère (au propre comme au figuré) Banque centrale européenne a considéré bon de couper les liquidités….
Plan B ? Vous avez dit « plan B » ? Comme c’est étrange…on a récemment appris que le grand expert de la théorie des jeux mijotait un plan dans son coin (avec l’accord du Premier ministre)… un plan digne du James Bond le plus fou, avec méchants et tout et tout… avec hackage des ordinateurs du secrétariat général des recettes pubiques… parce que le ministère n’appartient plus à la Grèce, comme a déclaré Varoufakis quelques jours plus tard…je n’ai pas compris grand-chose à son plan. Une histoire de système de paiements parallèle, par voie électronique… et puis ? L’économie, du point de vue étymologique, veut dire « commander le foyer »… il faut plus que des chiffres sur un ordinateur pour commander un foyer… encore plus s’il s’agit de tout un pays…
Alors, que faire ? Mais, bon sang, mais c’est bien sûr ! Un référendum !!! Comment n’y avait-on pas pensé plus tôt ?! Alors, on va voter pour répondre à une question dont la moitié était rédigée en anglais. M’enfin, peu importe ! La question était claire pour TOUT le monde : « voulez-vous poursuivre en toute austérité ou pas ? » Toute personne saine d’esprit a vite fait de répondre OXI à cette question, n’est-ce pas ? Et, malgré le terrorisme (une fois n’est pas coutume) domestique et étranger, malgré les banques fermées et les heures à faire la grue devant les distributeurs de billets, malgré la peur de l’inconnu (aucun débat sérieux n’est mené pour connaître les alternatives à l’austérité et ce qu’elles impliquent), le peuple répond OXI à près de 62%, alors que tous les sondages prévoyaient une victoire du oui… (mais bon, les sondages sont là pour manipuler et CRÉER des opinions et non pas pour les faire connaître, on a bien appris la leçon, en Grèce…) Les gens sont aux anges ! « Ça y est, ce coup-ci, Alexis a son arme, près des trois quarts du peuple veut en finir avec l’austérité, les « partenaires » n’ont qu’à se plier à la vox populi ! »
Et voilà Alexis qui se présente à la télé après le résultat du référendum. Et on croit ne pas avoir bien entendu… on croit ne pas avoir bien compris… « Non, Alexis… on a dit OXI ! On ne t’a pas dit d’aller discuter avec tous les chefs politiques et le président de la République pour le transformer en OUI ! » Oups, trop tard ! C’est fait…on est simplement des imbéciles qui n’avaient pas bien compris et puis, de toute façon, vous savez le peuple c’est comme les femmes, quand il dit « non » en fait ça signifie « oui »…
Et voilà le peuple violé… y a pas à dire, c’est de sa faute… on n’a pas idée de se promener en Europe en arborant ses valeurs et sa dignité… c’est provoquant… Et les négociations reprennent… De flou en flou et d’accord préalable en accord préalable, nous sommes arrivés aux « choses sérieuses ». Le monde a beau hurler « ThisIsACoup » et « Alexis barre-toi de là », il y passe la nuit, à Bruxelles dont le Manneken-Pis ne doit pas être trop fier. Oh, on a quand même obtenu que le fond constitué des avoirs les plus précieux du pays ne soit pas à Luxembourg mais à Athènes ! Oh, que ça nous fait une belle jambe de savoir si la vitrine de la boutique où notre pays sera vendu se trouve à Athènes ou ailleurs !
Alexis souffre en passant la nuit blanche avec ceux qu’il continue d’appeler « partenaires » et « institutions ». Il a attrapé un herpès… (le mot grec vient du verbe « έρπω » qui veut dire « je me traîne »… comme les reptiles qui, en grec, s’appellent « erpeta »…) Il décroche un accord… « on est d’accord qu’on va se mettre d’accord mais pour qu’on se mette vraiment d’accord vous devez montrer que vous êtes d’accord ! Passez-moi donc ces projets de loi en deux temps trois mouvements et revenez nous voir, mon cher… »…
On passe au parlement les « prérequis » qui montreront que le pays est sérieux et veut négocier sérieusement. Ainsi, en une nuit, le code de procédure civile change… alors qu’il avait été rejeté par près de 90% des avocats grecs et que le gouvernement précédent n’avait pas osé insister… mais, voilà, Syriza est là et peut tout faire passer…un énorme projet de loi, d’un millier de pages, que personne n’a le temps de lire et qui, pourtant, est adopté. Le tourisme en est bousillé, avec la TVA qui augmente. Les îles de la mer Égée paieront la TVA comme tout le monde (même si elles n’ont pas droit aux mêmes services que tout le monde et si souvent elles se retrouvent sans eau, sans médecin, sans pharmacien, sans école, sans hôpital et, en plus, accueillent bon gré-mal gré, des milliers de refugiés qui fuient la Syrie, le Pakistan et d’autres pays malheureux…)
Et, puis, nous sommes arrivés au 13 août. Les « partenaires », qui, dorénavant s’élèvent au nombre de quatre et qu’on ne peut plus appeler « troïka », sont toujours les « institutions » et deviennent un « quartet »…On négocie dans les salles climatisées d’hôtels de luxe d’Athènes, pour savoir à quelle sauce les Grecs et leur pays seront bouffés, cette fois-ci…
Un nouveau projet de loi, dans les 400 pages, est soumis au parlement qui devait être fermé jusqu’au 16 août et alors que le Premier ministre avait assuré la présidente du parlement qu’il « n’y aurait pas de surprise »…
Zoé est outrée et le fait savoir. Le collège des présidents des commissions compétentes du Parlement se réunit. Elle préside. « Nous avons reçu du gouvernement un projet de loi et la demande de réunir le Parlement pour le faire passer d’urgence. Il s’agit de 380 pages qui ont été déposées hier dans l’après-midi. Les services du parlement ont passé la nuit à le traiter pour que tout le monde dispose d’un exemplaire aujourd’hui… » Elle est critique envers le gouvernement qui n’a pas honoré sa promesse (pas de surprise au mois d’août…) et qui l’oblige à participer à un cirque… « Autant donner le sceau du parlement à monsieur Schäuble pour qu’il l’appose où bon lui semblera, la prochaine fois », dira-t-elle plus tard, à la réunion du Parlement qui commencera à 2 heures du matin !
Je suis les débats du collège des présidents depuis midi. Je me dis que ce n’est pas possible… Zoé veut que le parlement se réunisse dans la journée de demain, que les députés partis aient le temps de venir à Athènes (le 15 août, dans deux jours, est une fête aussi importante que Noël ou Pâques, pour les Grecs…) qu’ils aient le temps de lire ce projet de loi « urgent »… et, puis, pourquoi est-il urgent ? Elle a posé la question au premier ministre et au nouveau ministre des finances, Euclide, mais celui-ci est impossible à joindre… alors, on se réunit pour définir l’ordre du jour de l’assemblée qui doit se réunir dans l’urgence mais on ne sait pas pourquoi ça urge tellement !
(Entretemps, j’observe le collège, essentiellement composé d’hommes et dont bon nombre s’en prennent à Zoé… dès qu’elle ouvre la bouche, ça ricane, ça fait des commentaires, ça s’énerve, ça mâchouille son stylo, ça tripote son mobile… oui, c’est vrai, Zoé parle beaucoup et clair, elle explique le moindre détail -c’est fou ce que j’ai pu apprendre d’elle sur le fonctionnement du parlement ! … C’est vrai aussi qu’il lui arrive de corriger son interlocuteur quand il fait une erreur dans l’utilisation d’un mot ou d’une expression… alors, tu penses bien, Euclide y est passé aussi, avec son grec si fragile, parce qu’il a grandi en Angleterre…)
Zoé s’efforce de garder son sang-froid face à ce théâtre de l’absurde et je me dis qu’elle ressemble un peu à la Grèce qui s’efforce de rester debout, envers et contre tous ceux qui l’attaquent avec des « arguments » aussi « politiques » que « mais où est donc son mari ? Il ne peut pas la retenir ? » Oui, on a lu ça dans un journal… et on a entendu ce genre de commentaires à son propos… c’est tout juste si on ne l’a pas envoyée faire la vaisselle (comme les hommes ont l’habitude de dire aux femmes qui conduisent l’auto prudemment).
Deux amendements arrivent au dernier moment… va-t-on les recevoir ou pas ? Ils doivent être traités par la commission compétente avant d’être introduits à l’assemblée pour adoption. Mais non, pas le temps de faire du chichi, les amendements seront introduits mais présentent des problèmes de compatibilité avec la Constitution. Ils apportent des changements au régime des pensions des fonctionnaires (à l’exception de ceux de la Banque de Grèce qui relèvent, eux, de la BCE…quelle chance pour eux !) et ce genre de choses doit faire partie d’un projet de loi qui tienne seul.
Heureusement, l’anticonstitutionnaliste de service, M. Venizélos, trouvera la solution séance tenante (à l’assemblée) : y a qu’à changer l’intitulé des amendements. Et voilà, ça passera comme une lettre à la poste ! Et les députés Syriza acceptent ça ! Lafazanis dit qu’il ne sait pas s’il doit être triste ou furieux, face à un spectacle et une cuisine pareille… (mais, à vrai dire, il ne sait toujours pas s’il doit rester dans Syriza ou le quitter, prendre sa « plateforme » de gauche sous le bras et aller chercher d’autres horizons, ou continuer à « soutenir le gouvernement tout en votant contre »…).
Après neuf heures de débats entre les divers présidents, on décide que l’assemblée se tiendra aujourd’hui, aux petites heures du 14 août…. La durée ? Selon le règlement, les débats doivent durer dix heures… mais on va abréger, n’est-ce pas ? Tout compte fait, il n’est pas vraiment nécessaire que les députés parlent… que pourraient-ils dire, d’ailleurs ? Il y aura les porte-paroles des partis qui s’exprimeront, certains ministres, ainsi que les présidents… il y aura quelques commentaires et réponses aux commentaires…et puis on votera… et le tour sera joué…
La session commence vers 2 heures du matin…unique point à l’ordre du jour : débat et adoption du projet de loi « ratification de l’accord du plan d’aide du Mécanisme européen de stabilité et dispositions en vue de la mise en place de l’accord de financement »… Zoé donne un compte-rendu aux députés sur ce qui s’est passé durant ces neuf heures de conférence… ils s’impatientent… qu’on en finisse !
Euclide nous expliquera pourquoi ça urge : la Grèce doit rembourser plus de trois milliards à la BCE, mais n’a pas un sou. L’adoption de ce projet de loi ouvrira les robinets et les euros arriveront (pour repartir aussitôt… une fois n’est pas coutume… ça fait cinq ans que nous vivons cela : on nous donne des chiffres sur un ordinateur et les créanciers sont remboursés en monnaie sonnante et trébuchante, palpitante de sang, de sueur, de souffrance, de malades qui ne sont pas soignés, d’enfants qui ne mangent pas à leur faim, de parents qui courent toute la journée pour gagner un peu d’argent…)
Le discours est « étonnamment » similaire à ce que j’entends depuis plus de cinq ans. Les uns : « c’est terrible, vous vendez le pays ! » (par le Parti communiste et Aube dorée ainsi que par des gens de Syriza), les autres : « Nous soutenons l’accord ! » (la majorité de Syriza, les Hellènes indépendants, Nouvelle démocratie, Pasok, Potami). Qui l’aurait cru, que Syriza gouvernerait par actes à contenu législatif (donc, des textes à force de loi simplement signés par le Premier ministre et le ministre compétent) et avec le soutien de ceux qui ont créé le désastre que nous vivons actuellement, l’ancienne droite et les anciens socialos ?! Et pourtant ! C’est chose faite…
Zoé tient aux procédures. C’est important pour la démocratie, les procédures. On doit connaître le cadre dans lequel les choses se dérouleront. Certains sont dérangés par tout ce chichi… ce sont des détails… on n’a pas de temps à perdre…et, puis, on est fatigués… (Zoé est là depuis toujours, mais bon…) L’assemblée décide que le débat durera trois heures et vingt minutes.
« J’ai mal fait, lors de mon discours d’entrée en fonction en tant que Présidente, de dire que ce Parlement ne votera pas de mémorandum », dit Zoé et cède la place au vice-président, Mitropoulos. C’est un ancien député Pasok (et actuellement Syriza) qui présidera… Mitropoulos, spécialiste du droit du travail… de ce droit qui n’existe pratiquement plus… Zoé est huée par les députés de Nouvelle démocratie…
Euclide Tsakalotos (ministre des Finances) prend la parole et nous explique pourquoi ça urge de donner notre accord à la braderie du pays : il faut payer la BCE le 20 août… et assurer le financement de nos créances pour les trois années à venir. Ainsi, on ajoute 80 milliards à notre dette. Splendide, n’est-ce pas ?
Je te passe les détails… Zoé obtiendra la parole en tant que députée :
« Le projet de loi est anticonstitutionnel pour les raisons déjà soulevées le 7 novembre 2012, le 14 janvier 2013, le 30 mars 2014, et dans les discours du Premier ministre actuel le 14 décembre 2010, le 23 février 2012, et lors de plusieurs autres occasions… Nous sommes non pas ce que nous disons, mais ce que nous faisons… »… « Nous serons originaux, avait dit le Premier ministre, en respectant après les élections ce que nous disions avant »… « Il ne suffit pas de dire que Syriza a des principes quand ceux-ci sont violés… Je veux être ce que je sais faire le mieux, défenseur des gens qui sont persécutés ou dont les droits sont violés, défendre la vérité, défendre les camarades quand ils sont cannibalisés… défendre le peuple, le patrimoine public que les vautours du totalitarisme européen tiennent dorénavant en main…. Défendre l’intérêt public… Mais je ne défendrai plus le Premier ministre parce qu’il m’a persuadée lui-même que je ne dois plus le faire en déclarant publiquement que cela relève du surréalisme, c’est-à-dire, d’une espèce de fantasme, d’une folie, de dire que je le soutiens alors que je refuse de voter pour tout ce qu’il a signé sous le chantage. En même temps, il a dit qu’il n’est pas un môme et qu’il a d’autres moyens pour se défendre…Bien sûr, il n’a pas apprécié le fait qu’en sa personne je ne défendais pas uniquement le camarade mais aussi le premier et le plus jeune premier ministre de gauche du pays ainsi que le capital politique qu’il représentait et qu’il n’avait pas le droit de faire partir en fumée, parce que ce capital représente les attentes et l’espoir de tout un peuple. Son choix de s’ajouter aux premiers ministres des mémorandums m’attriste et me blesse. Tout comme le fait qu’il ait choisi d’être « défendu » par les représentants du régime le plus ancien et le plus corrompu… Messieurs du gouvernement, vous n’avez pas le droit, et c’est le moment ultime d’assumer cette responsabilité, de faire porter au pays le poids d’un nouvel emprunt en acceptant de rembourser une dette illégale…Au lendemain du chantage, le Premier ministre a demandé qu’on lui propose des alternatives. Un mois est passé depuis. Un mois est passé alors que je lui avais dit que je suis convaincue qu’il existe des alternatives. Le Parlement, avec la commission pour la vérité sur la dette publique, avait créé des alternatives. Une commission qui procède à l’audit de la dette, audit qui fait partie des obligations des pays sous mémorandum selon le règlement 492. Et je n’ai pas de réponse, pourquoi les conclusions de cette commission sur la dette illégale, odieuse et insoutenable ne sont pas devenues le fer de lance des revendications du gouvernement ! Je ne sais toujours pas pourquoi, alors que les conclusions de la commission sont saluées par les organes compétents des Nations unies, le gouvernement fait comme si ces conclusions n’existaient pas ! Je ne sais toujours pas pourquoi, alors que sur demande de 55 membres de Syriza, depuis le 25 juin, ce rapport devait être débattu au parlement, ce qui ouvrirait un nouveau débat international -nous avons beaucoup d’alliés- ce serait en soi un évènement mobilisateur pour soutenir le gouvernement, je ne sais toujours pas pourquoi on n’a pas de date de discussion de ces conclusions. Je ne sais toujours pas pourquoi, alors que la commission de Comptabilité de l’État a publié un rapport sur les prétentions de la Grèce concernant les réparations de guerre et le prêt forcé, qui s’élèvent à 340 milliards d’euros, pourquoi cette prétention n’est pas inscrite au budget. Je ne sais toujours pas pourquoi ma demande concernant la violation du fonctionnement de la démocratie (après le coup d’État à Bruxelles) a été rejetée, anticonstitutionnellement, par le Président de la République qui m’a dit qu’il s’agissait-là de mon avis personnel….Tout cela, ainsi que le recours aux forums internationaux compétents, comme le Conseil de l’Europe, étaient des alternatives… »
Elle a dit bien d’autres choses encore… avant d’être suivie par le président de la Nouvelle démocratie…
Alexis a parlé en dernier… il était près de neuf heures du matin… pour dire des choses dans ce genre : « … le dilemme qui avait été posé (lors de cette nuit de négociations à Bruxelles) était « mémorandum avec euro ou mémorandum avec drachme » (ah, bon ?, en voilà des nouvelles !) « Des alternatives que nous aurions prétendument ignorées, n’existent pas. D’après ce que je sais, en outre, il n’en existe toujours pas ! » (d’après ce que tu sais, Alexis… tu n’es donc pas bien informé) « Et, de toute évidence, dénoncer la dette et croire que, plus nous la dénonçons, plus elle se réduit automatiquement, n’est pas une alternative » (alors, la commission du parlement pour la vérité sur la dette était un « jouet » pour Zoé, et tous ceux qui y ont participé l’ont fait pour s’amuser…) « Parce que ce gouvernement, le 25 janvier (où il a été élu) n’a pas reçu le mandat de sortir le pays de la zone euro et cette sortie n’était pas non plus la question du référendum du 5 juillet, même si la quasi-totalité de l’opposition posait la question en ces termes. » (Ainsi, nous nous sommes tous fourré le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate en disant OXI et en pensant que tu en tiendrais compte !) « Et j’estime que la fissure n’est pas négligeable, ni difficile à voir, qui s’est ouverte et fait apparaître le conflit, qui évolue même à faible intensité pour le moment, opposant les forces conservatrices aux forces progressistes d’Europe, l’Europe du néolibéralisme, des banques, d’un côté, à l’Europe du travail, de la solidarité social et de l’égalité, de l’autre… » « Nous revendiquons un parcours alternatif à celui adopté par l’Europe aujourd’hui. Cette position ne change pas. Mais elle ne peut pas être servie en s’évadant (de la réalité) et par des fantasmes »… (encore une référence à Zoé et son « rêve », Alexis ?)… « J’ai la conscience absolument tranquille que (cet accord) est le meilleur que nous pouvions obtenir étant donné le rapport de forces actuel en Europe. »…
J’ai transcrit encore une petite partie du discours d’Alexis… mais je n’insisterai pas… le projet de loi de destruction finale du pays a été adopté… avec quelques pertes pour Syriza… mais, « heureusement », Nouvelle démocratie et les autres étaient là… L’accord est sauvé… le pays peut s’écrouler… Bonne nuit, la Grèce ! Demain est un autre jour…Il y en a encore qui n’ont pas dit leur dernier mot… En tout cas, Zoé était droite comme ces anciennes cariatides qui tiennent le toit des anciens temples grecs…
Christine