Economie

Syriza : le clou dans le cercueil de la gauche ? Par Christine

26 août 20150
Syriza : le clou dans le cercueil de la gauche ? Par Christine 5.00/5 4 votes

Publié le : 21 août 2015

Source : okeanews.fr

J’ai été très émue l’autre jour, en me rendant compte de l’intérêt avec lequel tu as lu mon « billet de (mauvaise) humeur » [ Grèce: La nuit des dupes, une nuit qui dure depuis cinq ans et demi ]. Je te l’ai déjà dit, ça fait vraiment chaud au cœur… Je sais aussi que je t’avais promis de parler de mes petites idées concernant ce qui s’est passé avec Syriza… C’est que tu veux comprendre qu’est-ce qui a foiré… Je te rappellerai simplement que je n’écris pas en tant que journaliste mais en tant que citoyenne, préoccupée et (estime-je) assez avertie…

Je commencerai comme nous avons toujours commencé les cours à l’université : par l’étymologie…

Syriza, c’est l’acronyme de Synaspismos Rizospastikis Aristeras, ce qui veut dire: Coalition de la Gauche Radicale… Au vu des développements, tu auras déjà compris qu’il ne s’agit ni d’une véritable coalition, ni d’une véritable gauche, ni de vrais radicaux… Pour ajouter un peu au « divertissement » que procure l’étymologie et la traduction, en grec on utilise le mot « syrriza » (qui existe tel quel, mais avec deux « r ») pour indiquer ce qui est coupé tout près de sa racine ou quelque chose qui passe tout près d’un objet en ne faisant que l’effleurer… je te laisse poursuivre l’analyse (voire, la psychanalyse, de la chose…)

L’histoire de Syriza commence il y a quelques décennies, avec d’anciens membres du Parti communiste qui ont décidé de quitter LE parti pour en créer un nouveau. (LE parti était déjà divisé en PC « version originale » (que nous appelions « de l’extérieur » -pour son rattachement direct à Moscou- ce qui énervait éminemment les affiliés) et PC dit « de l’intérieur »… Enfin je ne m’attarderai pas trop sur l’historique, c’était juste pour situer le décor…

Syriza était la composition de plusieurs tendances mais n’avait jamais atteint les pourcentages électoraux du PC « original ». Pas suffisamment « droit » pour attirer les communistes. Le centre-gauche était occupé par un autre grand de la scène, le Pasok, ou mouvement socialiste panhellénique. Syriza a longtemps « vivoté » sur la scène politique grecque, faisant toujours partie du Parlement, sans faire d’étincelles.

Puis, le Papandréou Junior est arrivé avec le premier mémorandum sous le bras. Les choses ont commencé à bouger. Les gens ont commencé à bouger. À protester. À se mobiliser. Et, là, alors que Syriza aurait pu jouer un rôle de protagoniste, il a quand-même poursuivi sur sa lancée de comparse… pire, encore, il a tout légitimé…

J’ai souvent entendu des gens qui s’étaient trouvés place Syntagma, à l’époque, expliquer comment ceux de Syriza ont joué aux pompiers… ils ont tout fait pour éteindre la flamme qui s’était allumée dans l’âme des indignés. « Attendez un peu, nous viendrons au pouvoir, et tout changera »… Si l’on ajoute la répression par la police, le mouvement s’est essoufflé et s’est retiré (de la place, mais pas du reste de la vie, heureusement…)

Depuis cinq ans et demi, le pays tangue sur une mer houleuse… la Commission tire par-ci, le Fonds monétaire tire par-là, la BCE tire de l’autre côté (et maintenant, on a aussi le Mécanisme européen de stabilité, qui tire de l’ôôotre coté…) C’est à se demander combien de cotés il y a !

Depuis cinq ans, le pays est déchiré en petits morceaux que l’on s’efforce de monter les uns contre les autres : les employés du privé contre les fonctionnaires, les boulangers contre les supermarchés, les élèves contre les enseignants, les étudiants contre leurs profs… les pauvres contre les riches et vice-versa. Et qu’est-ce que Syriza fait ? Il attend ! Il attend que le pouvoir lui tombe entre les mains comme un fruit mûr tomberait de l’arbre…

Le peuple est déboussolé. Ne comprend pas. Faut-il être économiste pour avoir le droit de vivre ?! Qu’est-ce qui nous arrive ? Quelqu’un se donnera-t-il la peine d’expliquer ? Je lis, j’écoute des émissions à la radio, je relis. Je découvre Henri Guillemin, l’historien des pauvres. Je découvre Dimitris Kazakis. Je plonge dans l’histoire sociale comme on plonge dans le lac d’un oasis après avoir traversé le désert. Je commence à comprendre. Peut-être pas tout. Peut-être pas dans le détail. Mais, les choses sont simples : cette Union européenne ne nous veut pas du bien. Elle n’a rien à voir avec l’idéal et l’humanisme que je pensais. Moitié belge, je me sentais jadis fière de savoir que Bruxelles accueillait les institutions d’une chose aussi grande que l’Europe était à mes yeux. Cette Europe ne nous veut pas du bien. Elle vient nous faire la leçon. Elle, qui ne respecte même pas l’acquis communautaire. En tant qu’interprète, j’ai souvent travaillé à des conférences à contenu européen. J’ai vu de près le façonnage de toute une terminologie d’entomologiste pour disséquer nos vies. Et voilà que, maintenant, l’Europe est ouvertement néolibérale. Je le prends en pleine figure, mais, au moins, je sais mettre un nom sur ce qui m’est tombé dessus.

Et Syriza dans tout ça ? Oh, L’Europe est notre maison commune, l’euro est notre monnaie commune. Bon, elle n’est pas toujours commode l’Europe, mais on finira bien par s’arranger…

En tout cas, Syriza ne perdra pas le temps d’essayer d’expliquer aux gens ce qui se passe. Il n’indiquera pas quel est l’ennemi dans cette guerre que nous vivons. Car il s’agit bien d’une guerre. On s’attaque à votre image (les Grecs sont des fainéants qui ont vécu au-dessus de leurs moyens pendant bien longtemps et en plus ils vivent aux crochets de l’État). On s’attaque à votre emploi (alors que c’était le secteur public qui était sensé être démesuré, on a commencé par démanteler le secteur privé…le chômage est parti en flèche…). On s’attaque à votre santé physique (le système de santé, les hôpitaux, la sécurité sociale, tout vole en éclats…) et à votre santé mentale (le terrorisme des médias -qui fera partie d’un papier séparé – est impossible à décrire… un savant mélange de coups de fouets, de culpabilisation, de terreur et de haine… on ne s’est jamais tant préoccupés de ce que disaient la presse et les politiciens étrangers -surtout quand ils disent du mal des Grecs).

On s’attaque à votre dignité (votez ceci, ne votez pas cela, manifestez, ne manifestez pas, vous allez la bouclez, enfin ?!!!) Et pourquoi doit-on assumer les pertes des banques ?! Les débats télévisés, dont on attendrait quelque information, quelques éléments permettant de comprendre, sont un véritable cirque ou, plutôt, une arène où les interlocuteurs ne demandent qu’à bouffer les autres interlocuteurs en remuant leurs langues de bois. Bon sang, les allemands sont partout ! Ce Fuchtel, secrétaire d’état allemand aux affaires grecques (sic), sillonne le pays et s’attire le soutien de maires pour magouiller des affaires dans le domaine du traitement des déchets et du photovoltaïque… ! Les types de la troïka sont partout, entrent, sortent, critiquent, décident, critiquent encore…

À chaque fois qu’un débat important a lieu au Parlement, à l’occasion d’un énorme projet de loi, je me dis : « Ils ne vont pas rester-là, à participer à ce cirque ! Ils vont sortir de la Vouli et vont rejoindre les gens ! »

Mais, non…Jamais ! Au grand jamais ! On a bien droit à des discours mais c’est si peu de choses face à la tragédie qu’on vit…

Et, puis, arrive le moment fatidique. Les vieux partis ont épuisé leur potentiel. Ils ne pourront plus rien faire passer au Parlement. Les « partenaires » le savent bien. L’élection du nouveau président de la République est l’occasion toute donnée. Puisque Syriza n’est pas d’accord, nous allons aux urnes. Élection nationale, donc, pour un nouveau gouvernement. Les gens en ont marre, sont dépassés, souffrent. Tsipras apparaît comme la solution. Il est jeune, il ne fait pas partie du système politique pourri (?), il a des idées (?), il propose un programme de lutte contre la crise humanitaire qui frappe le pays. Veiller sur les plus démunis, redonner l’électricité et l’eau à tous ces foyers sombres et froids et à sec. Et, puis, merde ! Les Grecs sont un peuple fier ! On ne peut pas accepter que madame Merkel, madame Lagarde, monsieur Shäuble nous disent ce que nous devons faire !!! Nous sommes un État souverain ! Nous allons prendre soin des nôtres !

Mais, voilà, il y a un « hic »… vous ne pouvez pas faire de la politique sociale en DÉPIT de l’Union européenne AVEC le fric de l’Union européenne ! Or, c’est bien ce que répond Tsipras quand on lui demande où il trouvera l’argent pour son programme anticrise humanitaire annoncé à Thessalonique. Il puisera dans les fonds du « Cadre stratégique national de référence » ! Je me dis « c’est pas possible qu’il dise une chose pareille ! » et, surtout « ce n’est pas faisable ! Les « partenaires » ne débloqueront jamais ces fonds ! »

Mais il insiste. Tout comme il insiste sur son intention de « déchirer le mémorandum dans la cour de la Vouli et d’annuler les mémorandums en UNE loi, dans UN article » !

Ah, bon ?!

« Nous négocierons avec nos partenaires européens. Nous formons une famille (qui s’entre-bouffe, oui ), ce sont des gens raisonnables (oui : 1 euro + 1 euro = 2 euros), ils comprendront et deviendront plus flexibles. Ils ne pourront pas refuser notre offre ! » Et c’est là que Tsipras dit que « Madame Merkel acceptera notre offre, et elle le fera en plein jour ! » (elle l’aurait fait en pleine nuit que ça n’aurait dérangé personne, j’imagine…)

Et c’est parti pour la campagne électorale. Et ça commence à voyager dans tous les sens : Europe, États-Unis, Texas, participations à des tables rondes un peu partout… Dans le pays, ça a des rencontres avec tout le monde, église, police, pompiers, armée… D’anciens du Pasok commencent à frapper à la porte de Syriza… Et, je me rends compte que tous sont les bienvenus… Mais, bon sang, comment peut-on s’entendre avec des gens qui ont voté tous les mémorandums et dont on sait qu’ils ne peuvent pas décrocher du fauteuil du pouvoir ?!

Et, pourtant, tout est possible. « La politique est l’art du faisable »… c’est mettre la barre bien bas, pour un parti de gauche… Ah, je ris ! Me suis prise au piège… ce n’est pas comme ça, la Gauche !

Mais, voilà, la Gauche européenne est ravie… Podemos en Espagne, Die Linke en Allemagne, la Gauche en France, Sean Fein en Irlande : on embrasse Alexis et on l’encourage… Sauraient-ils quelque chose que moi j’ignore ?

Et, voilà-t-y pas qu’il est également le bienvenu à cette assemblée en Italie, à la Villa d’Este et s’assied à la même table que Baroso, Trichet, Mario Monti et d’autres types du même genre…

Ah ! Je vois ! Il veut ronger le « système » de l’intérieur… y a pas d’autre explication…

L’élection approche. Les « partenaires » et créanciers « s’affolent »… Personne ne veut de Tsipras ni de Syriza. Jean-Claude préfère avoir à faire avec des gens « raisonnables », des « têtes qu’il connaît ». Schäuble porte son visage le plus aigre possible quand il entend parler d’Alexis. Martin Schultz tonnerre contre Alexis. « Ah, la gauche radicale n’est pas pour l’Europe ! »

« La gauche radicale » vous dites ?! On parle bien de Syriza, là ?! De ce parti qui a indirectement soutenu tout ce qui se passe dans le pays depuis cinq ans ?! Ah, bon… c’est ÇA, la gauche radicale ?!

OK, j’ai compris, vous vous foutez des Grecs ! Vous savez quelque chose que j’ignore. Vous savez aussi que les « vieux partis » ne peuvent plus rien pour vous. Alors, vous faites semblant de ne pas vouloir de Syriza, d’avoir peur de Syriza, d’avoir en horreur Syriza et les bouleversements qu’il va apporter, pour que les gens ici n’hésitent pas un moment avant de mettre le petit papier dans l’urne. Fins filous que vous êtes !

Ma mère me demande : « On vote quoi, alors ?! » « Ben, on vote Syriza, mais, je te le dis, on les surveille de près ceux-là, je ne leur fait pas confiance ! Pour l’instant, il s’agit de faire partir la peste de la nouvelle démocratie et du pasok ! Après, on verra bien ! » (oh, pour ça, on est servi, maintenant, n’est-ce pas ?).

Syriza est élu ! La joie ! Le bonheur ! « Enfin, notre voix va se faire entendre et pourra changer quelque chose » se disent les gens… bon nombre d’entre eux… « On va aller en Europe et on ne se couchera pas devant la troïka et autres monstres ! » Histoire de renforcer le tout, on va gouverner avec les Hellènes indépendants. Bon, ce sont des conservateurs, un p’tit peu racistes, des fois, mais ce sont des patriotes et ils sont dur comme fer contre les mémorandums et l’austérité. Ça, l’austérité, leur président, connaît pas… puis, il croule sous le fric, lui… mais, il sait parler…. Et puis, il aime bien l’armée… on lui passe le ministère de la défense. Bien fait pour lui… (il passera des accords avec Israël, il achètera des avions de chasse aux USA, il promettra une bonne partie du pétrole de la mer Égée aux américains, et c’est bon ainsi…)

Mais, voilà, la troïka n’existe plus. Et comme disait Cavafy « et, maintenant, qu’allons-nous faire sans barbares ? Ces gens étaient une certaine solution… » Oh, on ne se posera pas la question trop longtemps. Maintenant, on aura à faire aux « institutions »… ça fait plus joli, quand-même… « institutions », comme on dit en grec : vous prononcez le mot et vous en avez la bouche toute pleine ! Les « institutions » c’est civilisé, c’est européen, ça a une autre mentalité que la troïka… « troïka »… en prononçant le mot on a l’impression d’une pierre qui dégringole… tandis que « institutions », ça sonne autrement… Sauf que, voilà, on voit toujours les mêmes personnes… Donc, on se rend compte, troïka et institutions, ben, c’est la même chose. Alors, on reprend les mêmes et on recommence.

Ça négocie, donc. Le ministre des finances débarque, il en jette le bonhomme. Il parle un anglais impeccable, il s’y connaît en économie et en théorie des jeux, il sait charmer l’auditoire, il a de l’humour et s’habille décontracté… comme une mouche tombée dans une tasse de lait qu’il est à l’Eurogroupe… parmi tous ces costumes gris et ces visages gris, on le remarque, y a rien à faire. Oui, mais…

Mais, voilà… les négociations n’avancent pas comme prévu… tout compte fait, les « institutions » ne sont pas si raisonnables que ça. Il faut poursuivre le même programme. L’austérité est là pour rester… On se fâche. On est déçu. On s’énerve. Mais, « Non monsieur, on n’a pas idée de vouloir quitter la zone euro ! L’Europe est notre maison commune ! L’euro c’est NOTRE monnaie ! Et, ça, c’est NOTRE dette que nous allons honorer ! Mais, ne serait-il pas possible d’envisager une approche un peu plus humaine ? Un peu de croissance, s’il vous plaît ? Ne soyez pas si obsédés avec ces excédents primaires que vous exigez de nous ! Vous savez qu’on les réalise en coupant dans les pensions, dans la santé, dans l’éducation… Ah, bon, non ?! Vous pensez que nous devrions faire plus de la même chose et que ça ira mieux après ? Mais, ça fait cinq ans que ça dure et ça ne va pas mieux… la dette a encore augmenté… la production domestique baisse, le chômage augmente, des milliers de jeunes scientifiques sont partis en Allemagne ou ailleurs… la taux de natalité est plus bas que celui des décès…même sous l’Occupation on n’avait pas vu ça (oui, mais, sous l’Occupation, on pouvait espérer qu’on allait se débarrasser des allemands un jour…)… le pays meurt… Vous pensez vraiment que… »

Les jours passent… les mois passent… Varoufakis avait dit dans une interview, avant Noël, que si nous osions proposer des changements au mémorandum, les « partenaires » y mettraient le paquet. Ils n’hésiteraient pas à fermer les robinets de la liquidité de la BCE. Ben, c’est chose faite ! On poireaute devant les distributeurs pour le billet quotidien de 50 euros. Le pays est asphyxié. Syriza savait que ça pouvait arriver. Mais il n’avait rien fait pour se préparer, pour préparer le pays, les gens.

« L’Europe c’est notre maison commune. Nous allons en faire une maison meilleure pour les peuples d’Europe, contre les banquiers ! »

Je me sens de plus en plus mal à l’aise, surtout face à toutes celles et ceux avec qui je discute sur Twitter : ils semblent tellement heureux de voir un Varoufakis et un Tsipras se dresser contre les « institutions »… ils se révoltent face aux procédés et aux mots employés par elles… Je sens bien qu’à travers la Grèce bien d’autres peuples espèrent que l’Europe soit finalement modelée autrement… (mais, depuis combien de décennies, à chaque élection européenne, des partis ne nous promettent-ils pas « une meilleur Europe » ?!)

Ça bloque. Ça ne débloque pas. Nouvelle stratégie. Référendum. Alors, là, on s’en est donné à cœur joie, n’est-ce pas ?! La question est moitié en grec, moitié en anglais. On n’y pige pas grand-chose. Mais, les gens savent. La question est simple : vous voulez l’austérité ou pas ? La réponse est « pas »… enfin… « OXI ». Alexis demande qu’on vote « non ». Ce sera une arme de la plus haute puissance de frappe, dit-il…

Que le ciel leur est tombé sur la tête, c’est clair. Un petit Alexis est sorti le soir même sur nos écrans et, en prestidigitateur averti, nous a transformé le « non » en « oui ». Et il a pris ce « oui » sous le bras, pour s’en aller à Bruxelles… Ce coup-ci, les « partenaires », « institutions », « créanciers » et tutti quanti vont trembler ! Le peuple a parlé… mais on l’a mal traduit…

Oh, il n’est nullement menaçant Alexis. Jean-Claude est tellement content de le retrouver ! Il en a les canines qui poussent… et y a pas que les siennes…

« Si vous avez une alternative à me proposer, faites-le ! », clame-t-il quand il arrive après le calvaire de 19 heures qu’il vient de grimper… (Nous le grimpons depuis cinq ans et demi ce calvaire, mais, ça, c’est une autre histoire, n’est-ce pas ?) C’est donc que lui-même n’a rien d’autre à proposer. Évidemment. Négocier en laissant toutes ses armes fondre l’une après l’autre (pas quitter l’euro, pas quitter l’UE, rembourser le FMI rubis sur ongle, avec un tout pitit-tout pitit retard de rien du tout, après avoir gratté les fonds de tiroir…) on ne représente aucune menace ! Alors, on ne négocie pas. On obéit. C’est tout.

Oh, on a beau s’en fâcher, dans certaines des « composantes » de Syriza. On a beau voter « contre » au Parlement, ça passe avec l’appui de ceux de l’autre bord qui, même à l’opposition, ne pensent qu’à servir leurs maîtres d’antan… dans l’espoir de regagner leurs sièges anciens.

Zoé a beau être outrée, s’insurger contre le gouvernement qui ne s’est pas servi des armes qu’elle lui a si bien et avec tant de peine préparées grâce aux travaux de la commission pour la vérité sur la dette publique. Elle a invité des gens du monde entier pour affûter les armes. Non seulement il ne s’en est pas servi mais il a qualifié l’idée d’illusion.

Alors, Syriza a-t-il menti ? Ou bien était-il vraiment SI naïf ? Je ne me lancerai pas dans des théories de complots. Je regarde les choses et les résultats à l’aide de la Raison : quand on part au combat, on choisit ses armes et on prend celles dont l’ennemi a le plus peur ou celles qui peuvent lui porter le coup le plus dur. Comment appelle-t-on celui qui avertit l’ennemi en lui disant : « OK, je viens combattre, mais je compte sur vous pour que vous ne me frappiez pas trop fort parce que j’ai laissé de plein gré toutes mes armes chez moi » ?

On se demande « mais, aurait-il pu mieux faire face à ces monstres de créanciers ?! » Oh, oui, qu’il aurait pu mieux faire. Dire qu’ils n’avaient  pas le temps de se préparer, c’est leur accorder un alibi de bêtise : six mois avant les élections, MOI-même j’étais certaine qu’ils seraient élus. Imaginez, alors, quelles étaient les informations dont eux-mêmes disposaient. Ils devaient arriver aux élections équipés d’un plan B, mais aussi C, et D, et E… En tant que parti de la Gauche ils étaient TENUS de disposer d’une ALTERNATIVE, n’est-ce pas ? !

Alors, le 3e mémorandum est là. Il paraît que bientôt nous aurons à nouveau des élections (Syriza ne peut plus continuer à légiférer en comptant sur l’appui des « anciens pourris »…) Une très bonne chose s’est produite dans tout ça : les peuples d’Europe on pu voir se dérouler devant eux une énorme tragédie (dont ils ne connaissent pas encore la véritable portée) et savent que cette Europe et cette monnaie n’apporte rien de bon. Les masques sont tombés. Une très mauvaise chose s’est produite : les gens, dorénavant, entendront le terme « Gauche » et cracheront par terre, pour montrer leur mépris, ou sur leur poitrine, pour dire « loin de nous, ce mal » !

Peut-être que, le moment est venu de ne plus réfléchir en termes de Gauche et de Droite. Peut-être que le moment est venu réfléchir en termes d’humanité, d’égalité, de fraternité. En ces termes qui ne permettent pas de tergiverser et de composer dans le genre « centre-droite », « social-démocratie » et autres « fruits mixtes »… On est humain ou on ne l’est pas, on est égal ou on ne l’est pas, on est frères où on ne l’est pas…

Les Grecs ont une belle expression : « Les linceuls n’ont pas de poches ». Pour dire que, une fois qu’on passe l’arme à gauche (oups, la voilà, de nouveau !) on n’emporte rien dans l’au-delà. N’est-ce pas suffisant pour considérer les choses sous un angle différent ?! Moi, je compte sur le philosophe grec que chacun d’entre nous porte en lui. Présocratique, de préférence… mais, ça, c’est une autre histoire…

Christine

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