Europe

Crise des réfugiés : Après la cuite, la gueule de bois – Par Kader Hamiche

7 octobre 20150
Crise des réfugiés : Après la cuite, la gueule de bois – Par Kader Hamiche 5.00/5 2 votes

Publié le : 15 septembre 2015

Source : kader-hamiche.fr

Hier, l’euphorie idéaliste ; aujourd’hui, la triste et incontournable réalité. Pour une fois, les Cassandre ont la satisfaction de se voir donner raison moins d’une semaine après avoir lancé l’alarme. Ce que le simple bon sens commandait dès le commencement de la ruée des migrants syriens, irakiens ou afghans à la frontière hongroise, il a fallu une semaine aux Allemands pour le comprendre. Une semaine seulement ! Imaginons que l’emballement soit le fait des Français ; nous y serions encore et sûrement pour très longtemps. Si le gouvernement français avait commis la même erreur et s’en était rendu compte, d’abord, il n’en aurait rien dit : il aurait persisté dans l’erreur. Et, dans l’hypothèse où il aurait été saisi d’un accès d’honnêteté et de sens de l’intérêt national, les bonnes âmes humanitaires assises sur leur cul, comme Kouchner aujourd’hui, seraient chargées de lui mettre la pression pour qu’il persiste.

Mais on est en Allemagne. Et les Allemands ne sont pas des Français. Il est rare qu’ils commettent une erreur préjudiciable à l’intérêt de leur pays. Mais, quand ils en commettent une, elle porte le sceau allemand : elle est kolossale ! Annoncer aux Allemands qu’ils recevraient 800 00 « réfugiés », il fallait l’oser. Mais, dès qu’il fut évident, conformément à ce qui a été annoncé par ceux qui ne veulent pas se laisser aveugler par l’émotion, que le chaos en résulterait, ils ont réagi. Les embouteillages de « réfugiés » à Munich ont été signalés samedi soir ; vingt-quatre heures après, le gouvernement allemand annonçait la fermeture de ses frontières ; douze heures plus tard, cette fermeture était effective. C’est un moindre mal.

Mais qu’allons-nous faire, maintenant, des centaines de milliers de migrants venus de partout et pas seulement de Syrie ? S’agissant de l’immédiat, je n’en sais strictement rien si ce n’est qu’on ne pourra pas échapper à la création de camps en Europe même. Quant à nos élus qui se font de la pub en disant que leur commune (« leur » commune !) allait recevoir des « réfugiés », puisqu’ils parlent tous d’une ou deux familles (par exemple, 7 personnes annoncées à Bourg-de-Péage, ville socialiste de 10 000 habitants), je propose qu’ils les reçoivent chez eux et à leurs frais.

Mais, sur le fond, il serait temps de remettre l’église au milieu du village au sens où cette expression s’utilise en Belgique de remettre de l’ordre. D’abord, qu’on arrête de nous faire croire qu’il s’agit de réfugiés syriens ou irakiens menacés. Dans un reportage télé, j’ai entendu l’un d’eux, un homme d’une trente-cinquaine d’années, dire : « I am turkish ». Ce qui fut traduit par « J’ai traversé la Turquie » (sous-entendu, venant de Syrie). D’autre part, les images sont pleines de « réfugiés » africains, ce qui indique bien que les migrants d’aujourd’hui ne diffèrent en rien de ceux qui font le siège de l’Europe depuis que le chaos règne sur la Lybie. Les médias nous soûlent avec la Hongrie mais sans dire qu’avant d’arriver là, les migrants venus de Turquie ont parcouru au minimum 1000 km. Quid de la Serbie, qu’ils ont forcément traversée ? Dans le flot, il y a forcément un nombre très important, peut-être même prépondérant, d’Européens ressortissants de pays non encore membres de l’UE : des Serbes, des Albanais, des Monténégrins, des Macédoniens, des Kosovars. Ils ne sont jamais interviewés. pourquoi ? Ils sentent le pâté ? Ils n’ont pas d’histoire ? Ou ne serait-ce pas plutôt que leur histoire, justement, infirme complètement le discours qu’on veut nous faire avaler ?

Ensuite, qu’on interdise aux médias de faire pleurer dans les chaumières en montrant des enfants ballottés par leurs parents irresponsables dans des barcasses pourries. Qu’au moins, cette interdiction s’applique sur le « service public » de télévision. Ce lundi soir, au journal de 20h de Pujadas, par exemple, on a atteint un degré d’ignominie indicible et inouï (visionner à partir de la 14ème minute). Je rappelle que les conventions internationales relatives à la sauvegarde de l’enfance interdisent que les mineurs mêlés à des événements dégradants soient montrés à l’image. Là, il s’agit carrément de bébés et d’enfants de deux ans.

Enfin, qu’on cesse les injonctions à penser avec son cœur plutôt qu’avec sa tête. Par exemple, s’agissant de la France, qu’on arrête de stigmatiser ceux qui ont le culot de dire qu’on ne pourra pas loger les nouveaux migrants ni leur donner du travail. Ne parlons même pas d’emploi : tout le monde sait qu’il y 5 millions de chômeurs. En revanche, on sait moins qu’il y a un million deux-cent-mille familles inscrites sur les listes d’attente de logement social ; les 110.000 places disponibles en hébergement d’urgence (pour trois fois plus de demandes) sont toutes occupées ; 10 000 familles vivent dans des hôtels payés par le contribuable, ce qui procure à des hôteliers pas toujours regardants sur la salubrité des lieux une jolie manne de 170 millions d’€uros par an. Au total, l’Etat y consacre chaque année un budget de 1,3 mds € à l’hébergement d’urgence.

Kader Hamiche

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