Publié le : 30 décembre 2015
Source : horizons-et-debats.ch
Note de La Plume : même si, via les progrès électoraux du FN, notre pays est particulièrement en pointe en Europe en ce qui concerne l’exigeance de retour de la souveraineté, il n’y a pas qu’en France – Dieu merci ! – que cette idée fait son chemin. Ci-dessous un article de l’Allemand Karl Müller qui nous montre que ce combat prend forme un peu partout sur le continent, et jusque dans le pays de tatie Merkel !
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Depuis un certain temps déjà, on polémique contre tout et tous ceux qui soulignent en Allemagne l’importance de la souveraineté nationale. Cette polémique s’est renforcée massivement au cours des dernières semaines et fait preuve – de la part de la politique dominante établie et de quelques institutions publiques – de paroles et d’actes de tendances clairement discriminatoires et illicites. Il faut donc aussi prendre en considération que l’on entreprend des « opérations sous de fausses bannières » suite à des motivations de politique intérieure.
Cette dureté n’est rien d’autre qu’un signe d’une faiblesse incontestable. Un regard sur les résultats de la politique, ayant constamment remis en question la souveraineté nationale au cours des derniers 25 ans, montre une longue liste de violence et d’injustice que nous n’allons pas présenter à nouveau ici. La polémique contre l’idée de la souveraineté nationale détourne sciemment de la quête pour la souveraineté nationale.
Karl Albrecht Schachtschneider dans son livre Die Souveränität Deutschlands. Souverän ist, wer frei ist (La souveraineté de l’Allemagne. Rester libre, c’est être souverain, paru en 2012) a analysé très clairement et de manière détaillée, pourquoi il est indispensable que la quête de la souveraineté fasse partie de la dignité et de la liberté de l’être humain. Son livre commence ainsi: « La défense de la souveraineté des Etats nationaux contre la suprématie mondiale post-nationale est la profession actuelle de ceux qui ne veulent pas abandonner la liberté des citoyens en tant qu’êtres humains. La souveraineté c’est la liberté. Elle ne peut devenir réalité que dans les Etats de droit, dans les démocraties et dans les Etats sociaux, donc dans les Républiques ».
Et il termine son livre par les mots suivants: « Si l’Allemagne n’est pas souveraine, alors c’est qu’un autre Etat ou une communauté d’Etats, une personne ou un groupe de personnes ou quelque autre pouvoir règne sur l’Allemagne ».
Un homme politique, qui ne respecte pas la souveraineté, « n’agit pas comme un représentant du peuple allemand. Sa politique ne sert pas au bien-être du peuple allemand, ne multiplie pas les avantages mais nuit au peuple, ne respecte et ne défend ni la Loi fondamentale ni les lois fédérales, il n’exerce pas ses devoirs consciencieusement et n’applique pas la justice envers chacun, comme cela lui est demandé selon le serment qu’il a prêté (art. 64 al. 2 et art. 56, al. 1 de la Loi fondamentale). Mais il sert à des intérêts étrangers. Ceci ne peut plus être dissimulé ».
Ces « intérêts étrangers » sont illustrés quotidiennement dans la politique allemande: de la TTIP à la guerre en Syrie, des dites réformes scolaires à la nouvelle définition de toutes les valeurs fondamentales du « vivre-ensemble ». Déconstruction et chaos sont programmés. Troubles et injustices. Recherche du pouvoir de quelques-uns. Gouvernance internationale au lieu d’un Etat de droit démocratique et libéral. Rentabilité du marché radical à tout prix au lieu du bien commun. Mise sous curatelle du citoyen et sa transformation humiliante en un homo oeconomicus stupide. Dictature au lieu de démocratie. Là aussi la liste est longue et terrible.
70 ans après la Seconde Guerre mondiale et la création des Nations Unies et l’adoption de sa Charte, le monde du marché radical et impérialiste piétine les acquis fondamentaux de la communauté mondiale. Cela ne peut avoir d’avenir !
Les Etats nationaux souverains étaient et sont naturellement en mesure de trouver des accords internationaux et de conclure des contrats face à des tâches transfrontalières.
Ils sont capables de trouver des solutions correspondantes à la volonté des peuples concernés, des traités ayant des partenaires contractuels égaux en droits et souverains, suivant les principes de la bonne foi – qui peuvent cependant aussi être annulés et renégociés si les peuples le désirent.
La question reste ouverte de savoir pourquoi on polémique aussi durement contre l’idée de la souveraineté nationale et ses représentants. L’équation, souveraineté nationale égal nationalisme égal chauvinisme et racisme égal injustice, violence et discorde n’a jamais correspondu à la réalité. Ce qui dérange c’est la souveraineté nationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’égalité des Etats nationaux dans les relations internationales et dans la politique internationale, si quelqu’un veut remodeler et dominer des continents entiers ou même le monde entier selon ses idées – que ce soit pour des raisons idéologiques, matérielles ou de politique de force.
La pleine souveraineté d’un pays comme l’Allemagne ne peut pas être atteinte d’un jour à l’autre. Mais tout citoyen est appelé à contribuer sans attendre aux bons choix pour l’avenir du pays.
Karl Müller