Publié le : 23 février 2016
Source : bvoltaire.fr
« Je souhaite que, pour l’honneur de la France, comme disent les jeunes, madame Le Pen soit écrabouillée au deuxième tour. Donc, il faut que le candidat de droite ait les suffrages de toute la gauche, comme Jacques Chirac les a eus en 2002. Si vous avez ces deux critères à l’esprit, alors là, ça n’est vraiment pas compliqué. Vous n’avez qu’Alain Juppé qui réponde aux deux éléments de l’équation », disait, lundi soir, l’essayiste Alain Minc au micro de l’émission « News et Compagnie » sur BFM TV.
Guère inquiétantes, les prophéties d’Alain Minc auraient tendance à me rassurer. Il s’est, en effet, toujours trompé. Sur l’Europe, sur la crise financière, sur l’immigration de masse, sur les pronostics politiques, sur le choix de ses champions… Alain Minc est un Nostradamus aux petits pieds, encore plus à côté de la plaque que Jacques Attali. C’est dire… Souvenir d’une autre époque plutôt que personnalité d’avenir, l’économiste des brasseries chics de l’Ouest parisien appartient à cette caste de pourvoyeurs d’opinions qui n’intéressent guère plus qu’eux-mêmes et quelques hommes politiques en panne d’imagination. Il rêve d’un autre 21 avril 2002 avec Alain Juppé dans le rôle de Jacques Chirac. Quelle tristesse, quel passéisme, quel manque de courage. Surtout, quel manque de respect des Français qui choisissent un autre chemin. Alain Minc représente le pire d’un conservatisme qui se limite à ne rien changer à des politiques qui échouent depuis quarante ans mais laissent prospérer les médiocres de son espèce.
Ses prises de position sont, néanmoins, révélatrices de l’état d’esprit de ces cénacles parisiano-mondains qui s’agitent dans les médias dominants. Alain Minc est, en quelque sorte, le baromètre de la bien-pensance mondialiste nationale. Le système veut donc un gouvernement UMPS pour faire barrage au Front national. Qui de mieux pour diriger ce futur gouvernement, destiné à poursuivre la fuite en avant eurobéate et immigrationniste, que le très consensuel maire de Bordeaux ? Personne. Il est la personnalité idoine. Sur le fond, rien ne distingue le récent invité de la fondation Bilderberg des deux derniers (p)résidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Il est fait de la même faïence dont on fait les bidets, selon le célèbre mot de Marie-France Garaud. Il ne diffère que sur la forme. Rassurant, professoral, lisse. Le profil du « bon père de famille » censé séduire les Français confrontés aux crises.
« J’ai envie d’avoir un titre de l’International New York Times disant la victoire du candidat démocratique face à madame Le Pen », déclarait aussi Alain Minc sur BFM TV. Véritable agent atlantiste, Alain Minc assimile Alain Juppé au Parti démocrate. Probablement à sa version soutenue par l’establishment et les faux-monnayeurs de Wall Street, c’est-à-dire la postmodernité de la candidate Hillary Clinton.
Alain Minc est ringard, totalement dépassé. Il n’a pas encore compris qu’il défend un monde finissant, prêt à se fracasser sur le mur des réalités. Au Royaume-Uni se lève le vent du Brexit et de la souveraineté retrouvée. L’excellent Boris Johnson, actuel maire de Londres, a d’ailleurs publié une remarquable tribune dans le Daily Mail appelant au « Out ». Aux États-Unis, Donald Trump emporte les suffrages grâce à un discours de vérité rompant totalement avec la langue de bois politiquement correcte, sans pour autant s’abandonner au néo-conservatisme des Bush et autres Rubio. En Europe de l’Est, Hongrois et Polonais demandent le retour des frontières et du bon sens. Croyez-vous que la France ne prendra pas le train en marche, Monsieur Minc ? Nous assistons au retour de l’Histoire. Les peuples ont décidé de ne plus se laisser faire.
Gabriel Robin