Oh, ce n’est certes pas une nouveauté dans notre microcosme politique, et on avait entre autres déjà beaucoup glosé sur la propension de Nicolas Sarkozy à nommer (ou tenté de faire nommer, comme son propre fils Jean à la tête de l’EPAD) tel ou tel copain, tel ou tel coquin (l’histoire nous a prouvé – notamment avec Claude Guéant – que l’un n’excluait d’ailleurs absolument pas l’autre, bien au contraire) à l’un de ces postes que l’on qualifie de « fromages de la République ».
Une de ces missions de prestige absconse, crée pour l’occasion et dont la nécessité ne s’était pourtant jusque là jamais faite sentir, ou l’une de ces présidences plus ou moins honorifiques, plus ou moins factices même, d’un quelconque organisme ou comité Théodule dont l’utilité réelle est presque totalement et inversement proportionnelle à la magnificence du salaire et des avantages divers et ô combien nombreux qui s’y rattachent (secrétariats pléthoriques, logements prestigieux, voitures de fonction, transports gratuits, gardes du corps, retraites royales, etc.)
« Moi Président… » et « République exemplaire », qu’il disait !
Pas une nouveauté, mais tout de même… notre « Président normal » aura mis tout au long de son pathétique quinquennat (et c’est sans doute loin d’être fini, la dernière ligne droite risquant d’être particulièrement remarquable, au moins en ce qui concerne ce seul exercice) un point d’honneur à exploser tous les records en matière de népotisme présidentiel, cocufiant jusqu’à l’os l’électeur de « gôche » qui avait eu la naïveté de croire en 2012 à sa promesse d’exemplarité, à son engagement solennel de ne pas pratiquer, une fois installé à l’Elysée, ce favoritisme qu’il avait si sévèrement (et justement) reproché à son prédécesseur durant la campagne présidentielle. « Moi Président… », et vous connaissez tous la suite.
Rappelez-vous de ces quelques exemples, parmi d’autres :
- Ségolène Royal, bombardée un temps en 2013 (et avant de récupérer enfin en 2014 un maroquin ministériel) administratrice de la Banque Publique d’Investissement (BPI) suite à son crash électoral cuisant aux élections législatives de 2012
- Dominique Voynet, totalement grillée par son calamiteux bilan pour les élections municipales de Montreuil en 2014, parachutée à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS)
- Jack Lang, parti pantoufler très grassement à l’Institut du Monde Arabe (IMA) pour y organiser des raouts mondains entre potes, dont la recension va d’ailleurs amener l’auteur de ces lignes devant le Tribunal Correctionnel de Paris en mars 2017
- Laurent Fabius, pourtant désormais très malade et sans doute bien incapable d’occuper effectivement cette fonction, recasé il y a peu à la Présidence du Conseil Constitutionnel
- Thierry Lepaon, ex patron de la CGT, contraint à une infâmante démission suite au scandale des dépenses pharaoniques engagées par lui aux frais de sa centrale syndicale pour son bureau et son logement de fonction, récemment nommé « Président de l’Agence de la langue française et de la cohésion sociale » (un apparatchik de la CGT pour défendre la langue française… cela ne s’invente pas !)
- Jean-Marc Janaillac, bon copain et, comme pas mal d’autres pistonnés présidentiels, issu de sa « promotion Voltaire » de l’ENA, prochainement recasé à la direction d’Air-France-KLM
- Marie-Hélène Aubert, ancienne députée écologiste, conseillère de Flambi à l’Elysée, bombardée ces derniers jours « Inspectrice générale de l’administration du développement durable » (comme quoi on peut bien aussi parvenir, comme pour sa copine Dominique Voynet, à recycler les déchets… politiques)
- Pierre-René Lemas, autre copain de promo de l’ENA, nommé Secrétaire général de l’Elysée en 2012, puis remplacé à ce poste par Jean-Pierre Jouyet (lui aussi de la promo Voltaire de l’ENA)… dont il est presque aussitôt allé, en un jeu de chaises musicales assez hallucinant, chausser les charentaises népotiques et présidentielles à la Direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC)
J’en passe des meilleures (et des gratinées) parmi les « proches », les « amis » ou les simples connaissances qui votent « bien » : ainsi de Stéphane Braunschweig nommé par décision du monarque présidentiel « normal » à la tête du théâtre de l’Odéon, de Muriel Mayette, amie personnelle de Manuel Valls, et celui-ci ayant fait savoir qu’il fallait « lui trouver quelque chose », envoyée par décret présidentiel à la prestigieuse et très prisée Villa Médicis, de Serge Lasvignes catapulté du secrétariat du gouvernement… à la direction du Centre Pompidou (si vous ne saisissez pas bien le rapport entre les deux fonctions, c’est que vous voyez une fois de plus le mal partout)…
Le prochain concours à l’échalote népotique version Hollande devrait d’ailleurs bientôt avoir lieu pour décrocher la direction de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais. Sont d’ores et déjà sur les rangs : Olivier Poivre d’Arvor, le frère de l’autre, candidat systématique et jusque là malheureux à tous les fromages « culturels » de la République; Alain Seban, viré de la direction du Centre Pompidou lors du parachutage de Serge Lasvignes évoqué plus haut, et qu’il faut bien recaser quelque part; Christophe Girard, activiste LGBT s’il en est (et, de fait, « il en est… ta, ta, ta, taratata, prout, prout ! (1)) arrivé en politique dans les valises fort gaies de Bertrand Delanöe, actuellement maire du 4e arrondissement de Paris; Sylvie Hubac, ex-directrice de cabinet de François Hollande et… elle aussi issue de la fameuse promotion Voltaire de l’ENA. De quoi en faire la grande favorite de la tombola hollandienne ? Les paris sont ouverts, mais pour ma part, je mettrais bien du coup une petite pièce sur cette pouliche là !
En attendant, bien évidemment, la grande distribution continue aux frais de qui vous savez (ben… de vous, de la France, des Français et de la morale politique et publique, gros bêtas !), et c’est au tour de Jean-Paul Huchon de passer à la caisse élyséenne, ou plutôt au bandit (pas si) manchot de la Socialie en fin de règne.
Président de la Région Ile-de-France de 2004 à 2015, désirant briguer un quatrième mandat aux élections régionales de 2015, il fût finalement lâché en rase campagne électorale par ses « amis » socialistes au bénéfice de Claude Bartolone (avec le succès remarquable que l’on sait). il est vrai qu’il avait été, année après année, grandement fragilisé par une gestion elle-même très népotique et fort sujette à caution de la plus riche des régions de France :
« En novembre 2004, après l’envoi d’une lettre anonyme sur l’existence d’emplois fictifs au conseil régional d’Île de France, il est jugé avec son épouse, Dominique Le Texier, pour prise illégale d’intérêts dans des marchés publics passés en 2002 et 2003, entre le conseil régional et les sociétés de communication Image Publique, Sertis et LM Festivals, employant Dominique Le Texier. Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité le 20 février 2007 par le tribunal correctionnel de Paris puis la peine est confirmée en appel le novembre 2008, hormis l’inéligibilité ». Et encore : « ses comptes de campagne sont retoqués par le Conseil d’État en 2011, qui le condamne à rembourser 1,6 million d’euros sans annuler son élection » (sources Wikipédia)
D’abord bien décidé à ne pas céder son perchoir doré sur tranche, combatif et prétendant aller à l’affrontement, Huchon avait tout de même fini par laisser la place, mais tout le monde alors se doutait qu’il ne l’avait certainement pas fait sans recevoir quelque assurance. Manuel Valls lui avait bien confié une mission sur l’« attractivité touristique française » (sic) en janvier dernier, mais notre gaillard n’aurait su s’en satisfaire…
On en a aujourd’hui la confirmation : Jean-Paul Huchon est pressenti, sur nouvelle proposition de celui qu’il appelle son « petit frère » (maçon un jour, maçon toujours ?), Manuel Valls, pour prendre la direction d’un autre fromage de la République : l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) ! Un machin dont on se demande bien de quel cerveau technocratique et un peu malade il a pu sortir…
« C’est un poste un peu technique. Mais pas nul : je serai un peu le CSA du rail. J’ai bien été le président du Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France) et les trains, je connais » a déclaré notre spécialiste du chemin de fer pour justifier de ses aptitudes au poste. Le « CSA du rail » : c’est dire en effet le sérieux du machin ! On atteint des sommets dans la ploutocratie triomphante et dans la gabegie d’Etat… « jusqu’où s’arrêteront-ils ? » aurait dit Coluche…
Mais cet improbable organisme, l’introuvable logique qui pourrait justifier la nomination à la tête de ce bidule de J.P. Huchon, les mystérieuses compétences d’icelui à prétendre adosser à une quelconque expertise en matière ferroviaire cette prochaine prise de fonction (fictive ?) ne sauraient masquer à nos yeux (ou plutôt à ceux de l’ami Huchon) l’essentiel : le salaire annuel de 148 000 euros lié à ce hochet bien peu républicain, et les multiples avantages qui iront avec !
« A ce poste, je serai indéboulonnable pendant six ans », a cru bon de rajouter notre bonhomme… avant de conclure, royal comme Ségolène : « Eh oui, je peux encore servir ! »
« Servir », je ne sais pas trop, mais « se servir »… le doute n’est en effet pas de rigueur, en Socialie comme (et peut-être plus encore que) partout ailleurs dans le petit monde incestueux et particulièremet frelaté des « partis de gouvernement » français…
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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1) Fernandel : On dit qu’il en est
Aux dernières nouvelles, Huchon serait obligé de déclarer forfait. Se fonctions passées de président du STIF l’amenant à un conflit d’intérêt quasi certain qui aurait fait retoquer sa nomination devant un tribunal administratif ou le Conseil d’Etat.
C’est d’un pénible à respecter ces petit formalismes d’un autre âge que sont les règles juridiques!
Quinquennat de Hollande:
« C’est sans doute loin d’être fini, la dernière ligne droite risquant d’être particulièrement remarquable, au moins en ce qui concerne ce seul exercice »…
Hélas, je redoute de plus en plus que ce ne soit pas son dernier…de quinquennat. Le bonhomme, habile en diable, s’est déjà dépouillé de ses oripeaux socialistes et s’apprête à constituer un « ticket » à l’américaine avec Macron, le chéri cette droite imbécile, qui roule pour lui.
La manoeuvre crève le yeux.
Pour ma part, je n’arrive pas encore à croire que cela soit possible. Sauf si MLP et le FN continuent à déconner à plein tube…
Amitiés