Publié le : 12 mai 2016
Source : arretsurinfo.ch
L’auteur met en parallèle le traitement réservé par les médias traditionnels au bombardement présumé d’un hôpital le 27 avril, attribué aux forces gouvernementales, et le bombardement avéré d’un hôpital le 4 mai, par les groupes terroristes.
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L’histoire des deux hôpitaux
Ces derniers jours les médias de masse occidentaux se sont déchaînés avec des reportages de bombardements d’hôpitaux, de civils tués, de crimes de guerre, tous attribués, comme on pouvait s’y attendre, au gouvernement laïc de Bachar al-Assad. Selon les gouvernements occidentaux et leurs porte-voix médiatiques, les forces d’Assad ont visé des hôpitaux… Qui peut dire pourquoi les forces d’Assad devraient logiquement viser des hôpitaux civils ? Pourtant, les harpies occidentales – les médias et les ONG de défense des droits humains – continuent à marteler à tue-tête des affirmations infondées et la fausse information que l’Armée arabe syrienne bombarde des équipements médicaux civils.
Le premier hôpital : al-Quds
Le bombardement attribué à l’armée syrienne est la destruction de l’hôpital al-Quds ; un hôpital prétendument de Médecins sans frontières situé à Alep. Même officiellement, toutefois, il est important de noter que le supposé hôpital n’était pas un établissement de MSF, mais qu’il était soutenu par MSF. Cela peut paraître un petit détail technique, mais cela fait effectivement une différence importante puisque MSF est bien connu pour être tout sauf un observateur impartial dans la crise syrienne.
Alors que MSF est souvent décrit par les médias occidentaux comme indépendant, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. En 2013, Tony Cartalucci écrivait (1) : « Pour commencer, Médecins sans frontières est entièrement financé par exactement les mêmes institutions financières qui sont derrière Wall Street et la politique étrangère commune de Londres, y compris le changement de régime en Syrie et dans l’Iran voisin. Le propre rapport annuel de Médecins sans frontières (le rapport de 2010 est accessible ici), mentionne comme donateurs Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Google, Microsoft, Bloomberg, Bain Capital, la société de Mitt Romney, et une myriade d’autres sociétés financières. Médecins sans frontières présente aussi des banquiers dans son Comité de parrainage, dont Elizabeth Beshel Robinson de Goldman Sachs.
Ce qui complique encore les choses, c’est que l’organisation soi-disant indépendante de Médecins sans frontières affirme que ses équipements médicaux sont installés dans des régions tenues par les groupes terroristes en Syrie, en particulier le long de la frontière syrienne nord avec la Turquie, membre de l’Otan. Dans une interview avec NPR [la radio publique nationale des Etats-Unis, NdT], Stephen Cornish, de Médecins sans frontières, a révélé la nature de l’implication de son organisation dans le conflit syrien, où il explique que l’aide a été envoyée à des régions qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement syrien, et que son organisation installe en fait des équipements dans ces zones. Cornish admet : « Ces derniers mois, nous avons ouvert une unité chirurgicale dans une cave. Nous en avons ouvert une autre dans une ferme de poulets, une troisième dans une maison. Ces structures, nous avons essayé de les équiper du mieux que nous pouvions sans technologie moderne et avec des équipes médicales complètes. À l’origine, elles traitaient principalement des combattants blessés et des gens – des civils – qui étaient directement touchés par le conflit. »
Autrement dit, l’organisation MSF fournit un soutien aux militants armés et financés par l’Occident et ses alliés régionaux, dont la plupart se sont révélés être des combattants étrangers, affiliés ou appartenant directement à al-Qaïda et son aile politique de facto, les Frères musulmans. Cette soi-disant organisation d’aide internationale est en réalité un autre rouage dans la machine militaire secrète tournée contre la Syrie et joue le rôle d’un bataillon médical.
Dans une interview révélatrice à NPR, le directeur exécutif de MSF, Stephen Cornish, a admis que l’organisation apportait une aide importante aux groupes terroristes ; non sur la base d’un serment d’Hippocrate impartial, mais plutôt sur la base d’un programme d’aide opérationnelle aux « rebelles ».
Même en admettant que les « civils » dont parle Cornish sont vraiment des civils, l’équipe de ce dernier s’est aussi concentrée sur les blessures des combattants, ce qui est un objectif intéressant si on considère que les équipes sont principalement localisées dans les territoires sous le contrôle des groupes terroristes. Cornish lève tous les doutes dans la suite de son interview, sur la question de savoir si oui ou non ces groupes terroristes reçoivent des soins en priorité. Cornish déclare en effet : « Il est donc très difficile pour les civils d’accéder à des soins. Et l’une des difficultés, aussi, est qu’un grand nombre de plus petites consultations mises en place, soit sont submergées par des combattants, soit traitent en priorité des combattants. Et ce dont nous aurions certainement besoin est que toutes les consultations et tous les dispensaires accueillent aussi la population civile.
BLOCK: Vous voulez dire, en d’autres termes, que les combattants ont la priorité pour les soins médicaux et que les civils souffrent de cela.
CORNISH: Malheureusement, c’est parfois la réalité sur le terrain. Pour certaines des consultations que nous avons visitées, vous pourriez le dire parce que non seulement il n’y avait pas de civils dans les unités de soins, mais il n’y avait pas non plus de lits et de toilettes pour les femmes. Donc c’est en quelque sorte un don pour rien. »
Si on revient à la question de l’hôpital al-Quds, cependant, il faut relever que l’établissement a été signalé comme n’étant rien d’autre qu’un hôpital de campagne pour les terroristes piégés à Alep par le passé, dont le bombardement a tué plus de 50 combattants armés, du moins selon les rapports de Ziad Fadel de Syrian Perspective. Après tout, l’hôpital était géré dans la zone de Sukkari, tenue par les « rebelles » [divers groupes terroristes, principalement al-Nosra, ndlr].
Certains, cependant, ne sont pas d’accord sur la question de savoir si oui ou non l’hôpital a effectivement été bombardé. Les gouvernements tant syrien que russe ont nié avoir bombardé l’hôpital. Les Russes ont suggéré que la coalition anti-EI menait des manœuvres avec des avions de combat dans la zone à peu près au moment du bombardement, laissant entendre que le bombardement avait peut-être été conduit par les forces américaines, mais les Etats-Unis rejettent l’affirmation russe.
En plus de la question de savoir si oui ou non l’hôpital bombardé était un établissement civil ou de combattants, il y a encore la question de savoir si oui ou non l’hôpital de campagne qui a été bombardé était effectivement al-Quds et, assez étrangement, si oui ou non al-Quds a jamais effectivement existé.
Par exemple, le Dr. Nabil Antaki, un médecin basé à Alep ouest, n’a pas pu se prononcer sur l’existence réelle de l’hôpital al-Quds détruit. Après avoir visionné la vidéo de Channel 4, montrant l’hôpital peu de temps avant l’attaque, le Dr Antaki a répondu que « cet hôpital [Al-Quds] n’existait pas avant la guerre. Il a dû être installé dans un immeuble après le commencement de la guerre. Je ne connais personne dans l’est d’Alep qui puisse me renseigner à ce sujet ».
Le second hôpital : al-Dhabeet
Toutefois, si le summum des crimes de guerre et de la brutalité est le bombardement d’hôpitaux, les États-Unis ont été obligés de se rétracter lorsque, après quelques jours seulement de propagande à l’adresse du public occidental avec des rapports sur le bombardement d’un supposé hôpital attribué à l’armée syrienne, leurs propres alliés terroristes [basés à l’est d’Alep, ndlr] ont commencé à tirer ouvertement des missiles sur un autre hôpital d’Alep.
Évidemment, les États-Unis n’ont pas fait mention de leur propre bombardement d’un hôpital appartenant à MSF à Kunduz, en Afghanistan, plus tôt cette année.
Pourtant, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est vu obligé de condamner les attaques de roquettes visant l’hôpital syrien par des terroristes soutenus par l’Occident, quoique d’une manière qui ne faisait pas directement peser le blâme sur les forces auxiliaires des Etats-Unis.
En effet, le 3 mai dernier, l’agence de presse SANA rapportait : « Les terroristes ont tiré 65 roquettes sur les quartiers de la rue al-Neel, al-Siryian, al-Khalidyia, al-Mocambo, al-Sabeel et aux alentours de la mosquée al-Rahman, laissant 11 civils tués et 37 blessés. Une source de la Direction de la santé d’Alep a dit que la plupart des civils blessés étaient des enfants et des femmes et que leurs blessures sont si graves que le nombre de civils morts pourrait augmenter ».
Eva Bartlett commente le rapport dans son propre article Hospitals Bombed: Aleppo Burning Under ‘Moderate’ Terrorist Bombs et écrit : « Plus tard, le correspondant de l’agence SANA à Alep a rapporté que trois femmes avaient été tuées, que 17 autres femmes et enfants étaient blessés et que des dommages matériels importants avaient été causés par l’attaque des organisations terroristes à l’obus sur l’hôpital al-Dhabeet dans le quartier d’al-Mouhafaza.
SANA a recensé les districts attaqués : al-Midan, al-Furqan, Nile Street, al-Mukambo, al-Khalidiye, Jami’et al-Zahra’a, al-Ameriye, al-Ramousa, al-Masharqa, al-Muhafaza, al-Meridian, al-Serian, al-Sabeel, et al-Jamiliye dans la ville d’Alep.
SANA a posté sur sa page Facebook de nombreuses photos de l’hôpital al-Dhabeet bombardé, notant que le nombre de morts avait augmenté pour atteindre au moins 14, un chiffre qui sans doute augmentera encore au cours des prochaines heures. Selon SANA TV, le nombre des personnes assassinées a augmenté jusqu’à 28. Les images brutes de Ruptly TV montrent les effets désastreux des bombardements et – sans censure – quelques victimes mutilées ».
Voilà comment on écrit l’histoire de deux hôpitaux, du point de vue de l’Occident
Dans les médias occidentaux, le bombardement d’un hôpital [par les forces d’Assad, ndlr], s’il a effectivement eu lieu équivaut à un crime de guerre qui justifie la condamnation du monde ; tandis que le bombardement d’un autre hôpital [par les « rebelles » d’Alep, ndlr] n’arrache qu’une plainte forcée, hésitante et tiède. Même l’aveu douloureux que bombarder des civils et des hôpitaux civils est mal a eu de la peine à sortir de la bouche de Kerry avant d’être accompagné par la condamnation habituelle du gouvernement syrien et du président élu Bachar al-Assad. Pourtant, le récent bombardement de l’hôpital al-Dhabeet [le 4 mai, ndlr] n’est rien de nouveau en Syrie. Les terroristes soutenus par l’Occident ont lancé des assauts contre les hôpitaux depuis le début de la crise. Comme le Prof. Tim Anderson l’a fait remarquer : « Ces cinq dernières années, les groupes d’al-Qaida ont attaqué deux tiers de tous les hôpitaux et cliniques de Syrie, plus les fabriques de médicaments, dont beaucoup étaient à Alep [Le plus récent étant al-Dhabeet]. L’hôpital général Al Razi (public) a aussi été frappé par la coalition al-Nosra, il n’y a que quelques jours ».
Tim Anderson a aussi mentionné un grand nombre d’autres attaques sur des hôpitaux comme ceux énumérés ci-dessous :
- l’hôpital al Watani à Qusayr bombardé par Farouq FSA, en 2012 (Video)
- un attentat suicide d’al-Nosra et ASL frappe l’hôpital al-Kindi d’Alep, en décembre 2013 (Video)
- des groupes d’al-Qaida ont bombardé l’hôpital Ibn Rushd, aussi à Alep, le 26 avril (Video)
- l’hôpital général al Razi a aussi été frappé il y a quelques jours (lien)
« Sans surprise, écrit Eva Bartlett, au lieu de rapporter ces exemples documentés de terroristes (qui se filment eux-mêmes) attaquant des hôpitaux syriens, les médias traditionnels et les organisations propagandistes des droits humains remplissent les premières pages et les écrans de télévision avec des accusations bruyantes selon lesquelles l’Armée syrienne et/ou les Russes ont bombardé un prétendu hôpital de MSF à Alep ».
Conclusion
C’est évident, l’indignation occidentale à propos du prétendu bombardement du non-hôpital al-Qods n’a jamais été rien d’autre que de la propagande destinée à rallier le soutien à un plus grand engagement militaire étasunien en Syrie et une tentative de plus de détruire le gouvernement syrien laïc. Au mieux, l’information répétée aux publics occidentaux a été biaisée. Au pire, elle a été entièrement inventée.
Brandon Turbeville
Article Original: Information Clearing House
Traduit par Diane Gillard pour Arrêt sur Info
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1) Doctors’ Behind Syrian Chemical Weapons Claim Are Aiding Terrorists