Publié le : 11 novembre 2016
Source : bvoltaire.fr
Les lecteurs ont sans doute assez lu d’articles sur la victoire de Trump. Mais on ne va tout de même pas bouder notre plaisir ! Toutefois, et bien que ressentant une grande satisfaction face au résultat de cette élection, je ne peux m´empêcher de voir qu’il y a une profonde erreur d’analyse sur les raisons de cette victoire.
Comme Zemmour dans sa dernière chronique RTL, beaucoup estiment que l’élection de Trump est la défaite du politiquement correct et du multiculturalisme. Zemmour ajoute également que « Trump a gagné grâce à une Amérique blanche et populaire », en bref, le vote Trump serait un vote identitaire blanc.
Toutes ces analyses semblent justes, mais en regardant les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote, on note que Trump a fait moins bien que Romney auprès des électeurs blancs lors de l’élection de 2012 (Trump : 58 % ; Romney : 59 %). Aussi, Trump a réussi à capter plus de voix d’électeurs noirs et hispaniques que ne l’avait fait Romney. Par conséquent, Hillary Clinton a réussi à obtenir 88 % du vote afro-américain (contre 93 % en 2012) et 65 % du vote latinos (contre 71 % en 2012).
En bref, ceux qui voient en Trump et ses supporters des moins-que-rien seulement bons à être enfermés dans la « cage aux phobes » sont tout autant aveuglés idéologiquement que ceux qui sont persuadés que cette élection fut la consécration d’un vote identitaire blanc.
Certes, les thèmes sur l’identité, le politiquement correct, l’immigration, la sécurité et la lutte contre l’islamisme étaient bel et bien présents durant cette campagne et ces derniers ont reçu un très grand écho en France.
Cependant, les chiffres ne mentent pas : les électeurs blancs ont répondu à cette élection en nombre plus ou moins égal que lors des trois dernières élections. Cela ne traduit pas un vote identitaire mais une consistance dans le vote républicain. De plus, et comme toutes les élections américaines précédentes, ce qui fit la différence fut le vote des minorités.In fine, tous ceux qui ont vu avec bonheur, ou crainte, la consécration dans cette élection d’une « politique identitaire » ont manqué un point essentiel. Trump s’est adressé à une classe sociale, et non pas, comme l´a fait Hillary Clinton, a des communautés. En somme, cette élection sonne le grand retour de la lutte des classes dans les débats politiques.
Beaucoup l’oublient, mais Trump fut pendant longtemps membre du Parti démocrate. Ainsi, et au fur et à mesure que la campagne avançait, Trump insistait de plus en plus sur les aspects socio-économiques. Par exemple, il souhaiterait, comme Roosevelt en son temps, lancer de grands travaux d’infrastructure. Aussi, Trump est pour le protectionnisme économique et désire taxer les plus riches ainsi que Wall Street.
En bref, et si l’on devait appliquer la stratégie de Trump à la France, c’est en adoptant une ligne identitaire comme Maréchal-Le Pen que Trump a pu donner un dynamisme à sa campagne, mais c’est en adoptant une ligne Philippot qu’il a remporté l’élection.
Xavier Scott