Mon Dieu, quelle époque que la nôtre ! Si nous avons les politiciens et les journalistes que nous méritons, c’est dire où nous sommes désormais tombés ! Il sera difficile de descendre encore un peu plus même si, en matière de saloperie et d’obscénité politique et journalistique, tout semble désormais possible. Coup sur coup, au niveau national et à l’échelon mondial, deux « évènements » médiatiques, l’un pathétiquement grotesque et l’autre abjectement obscène, viennent de démontrer que nous sommes désormais non plus dans le caniveau, mais bien dans les catacombes de l’oligarchie médiatico-politique.
Macron sur la tombe du « beauf » : on a les zéros qu’on mérite !
Commençons donc par le pathétiquement grotesque : de passage en Algérie pour tenter de nous démontrer qu’il a bien une « stature internationale » (si, si, et à défaut, en pleines émeutes de racailles de banlieue, de posséder le sens du bon timming politique), le chouchou médiatique absolu du moment, le beau gosse androgyne qui fout une gaule d’enfer à toute la médiacrature française ou presque, la gueule d’amour de la presse Drahi, la playmate des unes de Paris Match, le messie politique du Huffington Post d’Anne Sinclair, l’« homme politique nouveau » sorti tout droit d’un néant financiarisé pour nous amener de travers dans un nulle part mondialisé, en un mot comme en sans (programme) j’ai nommé Emmanuel Macron, est allé faire un tour au cimetière d’Alger pour rendre hommage (avec les photos de promo qui vont avec, c’te blague !) à une « grande figure » française. Ce rituel fortement médiatisé n’est certes pas une nouveauté dans le monde politique national, et au cours des dernières décennies, des dizaines de politiciens plus ou moins respectables se sont pliés à l’exercice : Mitterrand au Panthéon déposant après sa victoire de 1981 une rose sur la tombe de Jaurès, Giscard après sa défaite de la même année allant lui se recueillir sur celle de Poincaré, Dupont-Aignan, Philippot (et beaucoup d’autres) faisant chaque année ou presque le pèlerinage « gaulliste » de Colombey sur la tombe du général de Gaulle, Marine Le Pen, à la suite de son père, fleurissant elle aussi tous les ans en mai la statue de Jeanne d’Arc…
Mais Macron est d’une autre trempe (dans tous les sens du terme), c’est en tout cas lui qui cherche à nous le faire croire : quand on veut faire la « révolution », quand on surjoue les télévangélistes sous acide dans des meetings à l’américaine débordant de figurants rémunérés hurlant d’enthousiasme à la moindre saillie du genre « le mal, c’est méchant », « la guerre c’est moche » ou « si l’on y croit, tout devient possible », si l’on veut encore et toujours marquer sa différence radicale sans jamais exprimer la moindre idée de fond, le moindre semblant de programme, on ne peut se contenter d’honorer les glorieux morts révérés (médiatiquement au moins) par les autres. Il faut faire « neuf », jeune, inédit, révolutionnaire, bordel ! Moyennant quoi, il faut aussi parfois faire avec ce qu’on trouve sur place… et c’est ainsi qu’on se retrouve en Algérie à fleurir… la tombe de Roger Hanin ! Si.
« C’est une grande figure du cinéma et de l’audiovisuel français et qui a décidé de venir ici se faire enterrer avec son père et de faire le chemin dans l’autre sens » a justifié Emmanuel Macron aux côtés du fiston Hanin. « C’est une décision très forte d’être revenu ici et de dire qu’indépendamment des vicissitudes de l’histoire il y a des fidélités » a cru bon d’ajouter notre gaz médiatique à vocation présidentielle. Roger Hanin, une « grande figure du cinéma » ! Lui dont toute la carrière ou presque n’a tenu qu’aux talents, ou plutôt aux cordons de la bourse de sa productrice de femme, Christine Gouze-Rénal, par ailleurs sœur de Danielle Mitterrand (ce qui lui vaudra après 1981 une seconde carrière cinématographique, télévisuelle et plus largement médiatique, ainsi qu’un accès incongru pour ne pas dire surréaliste aux palais de la république socialiste durant les deux septennats de Tonton) et/ou, comme le prouve avec éclat sa filmographie post-mitterrandienne, à son appartenance communautaire revendiquée très haut et très fort ! (1) On rêve…
Mais, le grotesque de cet hommage étant d’ores et déjà avéré, relevons aussi, non sans un sacré supplément d’incrédulité, le pathétique et la crapulerie de l’opération de « com macronniennne », et il suffit pour cela de jeter un œil éberlué à la couronne d’hommage déposée sur la tombe de Roro par le mari de Brigitte :
Oui, vous avez bien vu : d’ordinaire, le ruban des gerbes mortuaires portent des inscriptions du genre « à notre cher disparu », « tendre souvenir », « la patrie reconnaissante », etc. Avec Macron, ça donne donc : « Emmanuel Macron – 14 février 2017 », et ce même ruban d’« hommage » devient donc aussitôt un prospectus politique, un tract médiatique à la gloire, non pas du mort, mais bien du vivant qui vient faire sa pub électorale sur le cercueil de celui qu’il prétend honorer ! J’irai gerber sur ta tombe, en quelque sorte. Et il y aurait des gens en France qui envisageraient sérieusement de nous foutre « ça » à l’Elysée ?
Palmarès du World Press Photo 2017 : l’obscénité, la décence, l’exhibition ou la retenue médiatiques à géométrie décidément très, très variables !
On se souvient forcément de l’utilisation intensive, de l’exploitation larmoyante et indigne jusqu’à donner la nausée à tout honnête homme, de la photo du cadavre du petit Aylan, mort noyé en septembre 2015 en pleine « crise des migrants ». On avait eu quelques semaines auparavant la preuve que, pour les belles âmes qui décrètent le bien et le mal, pour les médias en général ou les photographes de presse en particulier, il y avait les chouettes et les mauvaises photos, les bons et les mauvais morts, les cadavres à exhiber et ceux à cacher. Ainsi donc du malheureux Hervé Cornara, décapité en juin 2015 par le terroriste islamique Yassin Salhi : la diffusion sur les réseaux sociaux de la photo de sa tête dans un sac accrochée à un grillage avait révulsé toutes nos belles âmes médiatico-politiques, scandalisé tous nos déontologues à carte de presse… les mêmes qui allaient pourtant trois mois plus tard instrumentaliser le cadavre du petit Aylan. Ainsi également, en décembre 2015, des photos de victimes du terrorisme islamique diffusées cette fois sur Twitter par Marine Le Pen avec le commentaire « le djihadisme, c’est ça ! », une MLP accusée immédiatement d’ignominie pour avoir ainsi réagi par l’image à l’amalgame absolument dégueulasse fait par Bourdin et Gilles Kepel entre djihadisme et Front National. Vous avez dit deux poids, deux mesures ? Vous ne croyez pas si bien dire, et la suite le démontre encore une fois !
Oui il y a bien les chouettes et les mauvaises photos, les bons et les mauvais morts, les cadavres à exhiber et ceux à cacher, et une fois de plus donc, le petit (im)monde médiatique vient de nous en asséner la preuve : le World Press Photo, le plus prestigieux concours de photo d’actualité, a eu lieu la semaine dernière, et son palmarès a été révélé le 13 février. La photo de l’année est celle d’un certain Burhan Ozbilici, photographe turc, qui a « immortalisé » le 19 décembre 2016 l’assassin de l’ambassadeur russe en Turquie Andreï Karlov, abattu par ce terroriste de neuf balles dans le dos aux cris de « Allah Akbar », et de sa cible étendue à ses pieds (le « respect dû aux morts du terrorisme », la « non exploitation de l’image de la victime » étant sur ce coup-là quantité apparemment totalement négligeable pour le jury).
Bon… il est vrai que cette victime-là est un méchant russe (pléonasme !), donc ce n’est pas si grave, CQFD ! Elle n’est pas belle, la déontologie journalistique à géométrie très, très variable ?
Allez les enfants… après avoir relaté pour vous ces deux « évènements médiatiques », l’un pathétique, l’autre obscène, mais tout deux terriblement révélateurs de l’insane vulgarité de notre époque, il ne me reste plus, comme je l’ai hélas déjà fait plusieurs fois sur ces pages, et comme j’aurai encore souvent malheureusement l’occasion de le faire, qu’à paraphraser mon très regretté Pierre Desproges, en vous disant que je vais m’éloigner pour aller vomir plus loin…
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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1) Roger Hanin « se définit lui-même ainsi : Mon vrai nom, c’est Lévy. Mon père s’appelle Joseph Lévy. Ma mère Victorine Hanin. À l’origine, c’était Ben Hanine. C’est une fille Azoulay. Je suis 100 % kasher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste et petit-fils de rabbin. Je me sens très juif ». (Wikipedia)
Traditionnellement, ainsi que vous le faites remarquer, cher Marc, on met un ruban ceint autour de la gerbe de fleurs avec des messages à l’adresse et en hommage du disparu. Une prémonition macronesque/macronique ? Je suis perplexe.
Amicalement à vous.
Un hommage posthume prémonitoire ? Un lapsus « gerbeux » et gerbant ? Dieu vous entende ma chère, Dieu vous entende ! Vous verrez dans mon papier du jour (Macron est mon idole du moment) que je le souhaite aussi très, très fort
Amitiés
Dieu vous entende, mon doux Sirocco !
Bises
Cher Marc c’est un parmi d’autre ,bon courage et merci
J-J S
Cher Jean-Jacques,
un parmi d’autres peut-être, mais dans le genre champion ! « Si la connerie se mesurait, il servirait de maître-étalon. Il serait à Sèvres » (Le Cave se rebiffe, Audiard)
Amitiés
Macron est à la pêche aux bulletins de vote maghrébins.
A Alger, s’est-il cru malin en déclarant que la colonisation était un crime contre l’humanité » ou a-t-il cédé aux amicales pressions de ses hôtes, toujours à l’affut pour se payer la tête d’un Français en guise de trophée ?
Il ne lui reste plus qu’à se rendre à Tel Aviv pour faire la même déclaration qui nous permettra de mesurer le niveau de son indépendance et de son courage !
Evidemment mon cher trechlaplaine… un clientélisme électoral dont je vais d’ailleurs reparler aujourd’hui, suite aux déclarations de ce triste cuistre sur le « crime contre l’humanité » de la colonisation française… pauvre andouille !
Amitiés