Publié le : 20 novembre 2012
Source : alterinfo.net
Chroniques de la Palestine occupée XXII
1 – Israël, encore et toujours et jusqu’à la nausée
Après avoir poursuivi durant plusieurs semaines son artisanat meurtrier quotidien à Gaza et maintenu hermétiquement bouclée depuis six ans la plus gigantesque prison du monde à ciel ouvert, l’Etat hébreu, se pose en pauvre victime de roquettes que les emmurés envoient sur son territoire, histoire de se prouver à eux-mêmes que les mesures coercitives dont ils sont accablés jour et nuit par le colonisateur ne les ont pas encore transformés en zombies rampants et prêts à lécher les mains et les pieds du dompteur qui les guette du haut de son mirador, le fouet levé bien haut.
Du coup, selon un scénario bien rôdé, afin de regonfler ses muscles, sa cote de popularité à l’approche d’élections difficiles pour l’équipe au pouvoir et afin de prendre de vitesse le rival ressuscité – Olmert, le fameux général en chef de l’opération « Plomb durci » – rival politique qui se pointait sur la ligne de départ, le bourreau se métamorphose en un clin d’œil en victime pleurnicharde. Bardée de missiles plus venimeux les uns que les autres, d’avions de chasse ultra modernes, de bombardiers, de drones espionneurs et bombineurs, l’agresseur augmente à fond le son des haut-parleurs chargés de diffuser ses gémissements afin qu’ils atteignent jusqu’aux derniers indiens de la forêt vierge brésilienne et les manchots des terres australes: « Israël est attaqué, une nouvelle shoah se prépare » hurlent à tue-tête les messages complaisamment diffusés par les médias des pays occidentaux.
Tombées dans l’oreille attentive et empressée de l’oncle d’Amérique, ces lamentations déchirantes sont immédiatement reprises et répercutés de plaines en collines sous la forme de déclarations d’amour adressées à l’occupant tourmenteur et de condamnations indignées à l’égard de la victime assiégée qui – ouh! la perverse – refuse obstinément de se laisser dompter et d’offrir sa chemise et son coeur au voleur de sa terre.
« Israël a le droit de se défendre, de se défendre, …fendre …dre …dre…dre « , répète à l’envi l’écho d’outre-Atlantique.
» Israël a le droit de se défendre et de défendre ses citoyens… » répète un perroquet teuton. Après avoir persécuté les Juifs, voilà donc les Germains devenus les piteux bourreaux des Palestiniens. Perseverera diabolicum.
« Hamas est le seul responsable, …sable, …ble…ble…ble« , bredouille à son tour la voix de son maître étatsunien, un dénommé Hague, responsable des haillons de feu la politique internationale de l’île grande bretonne.
Le quatrième larron du quartette otano-occidental qui porte un nom d’empereur romain, un certain « socialiste » nommé Fabius, il s’empresse de s’atteler au char anglo-saxon, mais un peu honteusement tout de même et en appelle tartuffiquement à « la retenue« , tout en ânonnant, le mot d’ordre convenu: « Israël a le droit de se défendre et bla bla bla. »
Quant à l’inénarrable Catherine Ashton, en bonne anglaise, elle se place dans l’ombre et le sillon de Hague. Tout est de la faute des Palestiniens. Et toc. Bien fait pour eux.
Et c’est ainsi que Jahvé est grand et qu’un permis de tuer est, une fois de plus, délivré aux dirigeants de la colonie de peuplement qui s’est installée en Palestine.
Naturellement, nous sommes là dans la description ad usum delphini de la partie émergée de l’iceberg.
La Realpolitik, c’est-à-dire la vraie politique, se déroule sous la ligne de flottaison de l’iceberg.
Benjamin Netanyahou et le prix Nobel de la paix, Barack Hussein Obama.
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2 – Comment en est-on arrivé là?
Etudier le sionisme aujourd’hui n’est donc pas un sujet annexe ou mineur. Même s’il ne concerne directement et en apparence qu’une minuscule écharpe de terre lovée dans le bassin est de la Méditerranée, il est le rocher de Charybde sur lequel se brisent tous les espoirs d’une paix réelle et durable dans toute la région et même dans le monde entier, car cette idéologie messianico-coloniale porte en son sein le venin d’une xénophobie telle qu’elle conduit à un nettoyage ethnique de la population autochtone et son messianisme l’entraîne à devenir le dernier Etat colonisateur et prédateur de la planète.
Voir – 10 – La chimère du « Grand Israël » , 17 janvier 2012
Ces évidences commencent de s’imposer. Mais ce que beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volonté ne comprennent peut-être pas, ce sont les motifs pour lesquels un pays aussi puissant que les Etats-Unis continue de soutenir contre vents et marées un confetti qui bafoue cyniquement les principes qui servent de fondations à son idéologie démocratique.
Comment se fait-il que la nation qui galope sur la planète entière afin d’imposer, par la force la plus brutale, la conception qu’elle se fait de la « Liberté« , des « Droits de l’homme » et du « Bien« , se compromette à ce point avec un petit Etat-voyou qui contrevient à toutes les lois internationales et qui s’en vante? Comment se fait-il que l’empire américain, qui s’arroge le droit et le pouvoir d’appliquer à la terre entière son idéologie politique et sa législation commerciale interne – ce qui, dans son esprit, est une seule et même chose, puisque tous ses actes sont réputés frappés du sceau de la Perfection – comment se fait-il que cet empire du « Bien », dis-je, accepte de filer doux et de se ridiculiser aux yeux du monde entier face aux exigences d’une poignée de sionistes?
« La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source » écrivait Edward Mandell HOUSE. Ce personnage de l’ombre connu sous le nom de Colonel House, bien qu’il n’ait jamais participé à la moindre guerre, avait parfaitement conscience d’avoir été le manipulateur en chef des décisions attribuées ultérieurement au Président Woodrow Wilson et, à ce titre, il avait d’excellentes raisons de recommander aux commentateurs politiques de toujours tenter de remonter à la source d’une idée ou d’une décision, tout en précisant que rien n’était plus difficile, car l’initiateur réel d’une décision est rarement celui auquel on en impute la paternité sur le devant de la scène.
Le Colonel House et le Président Woodrow Wilson
Là encore, cette éminence grise et homme de main des puissances financières qui ont permis la réalisation du plus grand hold-up financier depuis que le monde est monde – la création quasiment maffieuse de la FED la veille de Noël 1913 – était bien placé pour savoir combien il est facile de « prêcher le faux » et de l’imposer, comme le rappelle le grand romancier allemand Goethe: « La vérité doit être martelée avec constance, parce que le faux continue d’être prêché, non seulement par quelques-uns, mais par une foule de gens. Dans la presse et dans les dictionnaires, dans les écoles et dans les Universités, partout le faux est au pouvoir, parfaitement à l’aise et heureux de savoir qu’il a la majorité pour lui. »
Car c’est précisément outre-Atlantique qu’il faut chercher la source jaillissante qui devint le puissant fleuve sioniste. C’est grâce à une manne financière, quasiment sans limites que cette idéologie messianico-colonialiste a trouvé la force de concrétiser son rêve. Des hommes comme le rabbin Stephen S. Wise, premier président du congrès juif américain, puis mondial ou le Colonel House évoqué ci-dessus et éminence grise farouchement pro-sioniste du président Woodrow Wilson, ont joué un rôle déterminant dans la concrétisation de ce fantasme à partir du début du XXe siècle, puis durant les préparatifs des deux guerres mondiales. D’ailleurs, dans son gros ouvrage intitulé Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali se glorifie de la puissance que les institutions bancaires ont donnée et continuent de donner à ses co-religionnaires.
Certes, le rêve sioniste d’inspiration proprement biblique a germé dans les plaines de Russie, d’Ukraine et de Pologne et y a été préparé de longue main.
Voir – 9 – L’oignon sioniste et le bernard-l’hermite , 29 novembre 2011
Cependant, c’est grâce à la fabuleuse manne financière de groupes puissamment organisés et agissants dans les coulisses des pouvoirs politiques et qui sont parvenus à tordre, dès l’origine, la politique de l’Angleterre et des Etats-Unis dans le sens des intérêts sionistes, que cette idéologie a pu se concrétiser. Les intérêts de l’idéologie sioniste et ceux de l’empire américain naissant ont donc, dans les débuts, semblé coïncider parfaitement.
Les puissants groupes financiers, économiques et médiatiques qui venaient de se constituer outre-Atlantique et dont les richissimes propriétaires sont désormais désignés sous le nom de « barons voleurs« , étaient, pour un très grand nombre d’entre eux, entre les mains de mouvements favorables à l’idéologie sioniste quand ils n’en étaient pas des membres agissants. Ils ont accompagné et favorisé la montée en force du nouvel empire qui allait, comme tous les empires qui l’avaient précédé, s’emparer progressivement des rênes du pouvoir mondial, faire main basse sur les richesses de la planète et devenir ouvertement et le plus naturellement du monde, le protecteur et le financier de l’idéologie sioniste, source principale du chaos mondial depuis le début du XXe siècle.
C’est pourquoi j’ai commencé par analyser la naissance et l’évolution de l’arme de destruction massive grâce à laquelle l’empire d’outre-Atlantique a créé, dès les premières années du XXe siècle, les conditions financières, puis militaires qui lui ont permis de domestiquer le reste du monde, le dieu dollar.
- Aux sources de l’escroquerie de la Réserve Fédérale – Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale , 17 avril 2008
- Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le rôle d’une éminence grise: le Colonel House, 3 février 2010
Mais cette idole n’est pas demeurée toute nue. Très rapidement ses concepteurs, puis les prêtres de son culte ont compris qu’il convenait de la cacher sous de somptueuses dentelles démocratiques, de riches bijoux moralisateurs et mille fanfreluches éblouissantes qu’ils ont baptisées LIBERTE. Puis ils ont dit à leur dieu devenu chatoyant et séduisant: « Et maintenant marche devant nous « .
Alors le dieu dollar soutenu par le mythe de la Liberté portant dans sa besace le libéralisme économique mondialiste, donc apatride, s’est élancé à la conquête du monde et les vertus de la « morale » et de la « Démocratie mondialisée » apprêtées dans les arrière-cuisines des banques d’outre-Atlantique et de la City de Londres ont déferlé sur la planète.
Après que la démocratie bancaire et militaire eut vaincu l’ennemi marxiste qui s’était cru l’horizon théorique et économique indépassable de la planète, la mondialisation au service d’un capitalisme global et débridé est devenue à son tour l’horizon théorique indépassable des politiciens de tout poil et des économistes au petit pied.
Mais le monde ne s’était pas tout de suite aperçu que le dieu Démocratie boitait. Il cachait en effet sous la grande aile de son libéralisme moralisateur la pesante idéologie colonialiste d’un sionisme aux dents longues et à la bourse abondamment garnie. Or, plus le temps passait, plus le sionisme prospérait et devenait arrogant. Il a fini par se transformer en un lourd boulet pour son protecteur américain et pour tous ses alliés européens car le comportement inhumain des gouvernements sionistes successifs à l’égard de la population autochtone a fini par ridiculiser le mythe démocratique et rendre haïssables tous les Etats qui s’en réclament.
Comme par hasard, ils sont tous de fervents soutiens de l’Etat sioniste colonisateur. Ce sont eux qu’on voit aujourd’hui plaindre le bourreau et accabler ses victimes.
La réussite du colonialisme politico-religieux sioniste est incompréhensible si l’on ne voit pas qu’il est l’enfant et la projection au Moyen Orient du colonialisme économique souterrain des puissances financières anglo-saxonnes sur la planète entière, une sorte de pseudopode géographiquement délocalisé de l’Occident colonisateur, une tête de pont placée dès l’origine sous la protection de la City et de Wall Street – et notamment du très efficace banquier états-unien Bernard Baruch ainsi que de la Maison Rothschild anglaise et de ses filiales américaines.
Le banquier Bernard Baruch trônant entre l’Anglais Winston Churchill et l’Américain Eisenhower
On a vu que c’est par une lettre personnelle, adressée à son domicile privé « addressed to his London home at 148 Piccadilly » que le fervent sioniste, Lord Balfour a annoncé à Lord Lionel Walter Rothschild, la décision de la couronne anglaise de d’offrir un « foyer national » au sionisme.
Lord Balfour (à droite) en compagnie du dirigeant sioniste Chaim Wiezman
Car le sionisme n’est pas politiquement né en 1946 à la suite des persécutions dont les Juifs furent victimes en Europe. Ses thuriféraires tentent aujourd’hui d’imposer ce mensonge et de mettre dorénavant l’accent exclusivement sur les conséquences des crimes commis à l’encontre de la population juive dans les Etats soumis par les armées nazies lors de la deuxième guerre mondiale et dont la commémoration est devenue l’objet d’un nouveau culte et d’un nouveau rituel.
Le sionisme a pris son essor à la fin du XIXe siècle et c’est à la fin de la première guerre mondiale que des immigrés en grand nombre, issus notamment d’Europe de l’est, se sont élancés en direction de la Palestine. Très rapidement se constituèrent de puissants groupes armés que l’Angleterre, colonisateur en titre de la région après le Traité de Sèvres du 10 août 1920 – qualifiait de terroristes. Ils ne se contentaient pas de tuer des Palestiniens, mais pratiquaient des attentats meurtriers contre l’armée et les sujets de sa gracieuse majesté en véritables artistes d’un terrorisme aveugle et cynique, d’une efficacité redoutable.
Sans la domination financière de la City sur la planète jusqu’à la deuxième guerre mondiale et la création de sa monnaie privée le 23 décembre 1913 – le dollar – par les soins de ses filiales dans le Nouveau Monde, le sionisme serait resté une excroissance nationaliste hérétique, localisé en Europe de l’Est, d’un judaïsme principalement pharisaïque d’influence talmudique.
Sans la domination financière anglo-saxonne sur la planète, l’Etat d’ Israël n’aurait pas pu exister et les fidèles du dieu Jahvé auraient continué à vivre entre eux dans les multiples Etats dont ils étaient devenus nominalement les citoyens, selon les préceptes ségrégationnistes d’Esdras pour la majorité d’entre eux, ou se seraient convertis à un judaïsme spirituel qui, sautant à pieds joints par-dessus les principes du Talmud, trouve sa source chez ses grands prophètes bibliques. Il survit aujourd’hui dans le petit groupe des Naturei Karta , mais leur nombre est devenu infime.
La deuxième guerre mondiale a rebattu les cartes et le centre du pouvoir s’est déplacé de la City de Londres à Wall Street. De plus, les persécutions dont les juifs furent victimes de la part de l’Allemagne nazie et dans une grande partie de l’Europe ont fourni des arguments nouveaux au mouvement sioniste. Ils ont permis, dans la foulée, son officialisation au mépris du principe fondateur de toute légalité internationale, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Voir: 17 – De l’inexistence de l’Etat d’Israël en droit international , 21 mars 2011
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3 – Le rôle du pion sioniste et le destin des Palestiniens dans la « Realpolitik » des grands blocs aujourd’hui
L’impunité dont jouit l’Etat sioniste s’explique par sa situation privilégiée dans la techtonique des plaques que constituent les deux grands blocs géopolitiques qui s’affrontent dans la région moyen-orientale. Pour continuer dans la métaphore de la géologie, Israël se trouve sur la ligne de fracture de deux gigantesques plaques intercontinentales: la plaque russo-chinoise qui se déplace du nord au sud et la plaque américano-européenne qui progresse d’ouest en est. Chacune de ces plaques entraîne dans son sillage des nations qui partagent plus ou moins les mêmes intérets, mais surtout qui ont les mêmes ennemis: l’Iran, la Syrie, partiellement l’Irak et le sud du Liban pour la plaque russo-chinoise, alors que le continent européen, ficelé à l’Amérique du Nord , sa projection au Moyen Orient – l’Etat sioniste – augmentés de la Turquie et d’un groupe d’étaticules artificiels dans la péninsule arabique dont les frontières correspondent globalement aux gisements d’hydrocarbures, se déplacent à vive allure et tentent de couler la plaque russo-chinoise rivale en la coupant en son centre, la Syrie.
C’est ce qu’on appelle la Realpolitik, c’est-à-dire une politique étrangère fondée sur le seul intérêt national dont la réalisation dépend du calcul des forces en présence. Dans ce genre de confrontation, les références aux droits de l’homme, à la démocratie et autres chamarrures morales sont utilisés comme des rideaux de fumée médiatiques destinés à masquer les conflits d’intérêt et à enfumer les cervelles des peuples. « La première victime d’une guerre est la vérité ».
Au cours de ce choc titanesque et à l’intérieur des deux grands groupes, les Etats qui les composent en profitent, s’ils en ont l’occasion, pour grapiller des avantages qui leur sont propres et que l’avancée globale du groupe auquel ils appartiennent leur permet d’amasser. Pour l’instant, seule la diplomatie européenne semble assez aveugle – ou trahie par ses élites – pour ne travailler que dans l’intérêt des Etats-Unis et d’Israël. Il semble que la Turquie ait, elle aussi, « travaillé pour le roi de Prusse« , c’est-à-dire pour Israël, dont elle est, en principe l’ennemie depuis l’assassinat de neuf de ses ressortissants sur le Mavi Marmara lors de la tentative de la première flotille de briser le blocus de Gaza.
Le rôle d’accélérateur principal dans le choc des intérêts des deux groupes revient aujourd’hui au lilliputien, mais richissime Qatar, qui vient de jaillir comme un diable de sa boîte sur la scène internationale, la besace remplie de dollars. L’omniprésence de son dirigeant et la politique de corruption universelle de tous les dirigeants qu’il rencontre – et il se déplace beaucoup – afin de les plier à ses intérêts est si capital qu’il est avec Israël, son compère et complice, le principal Deus ex machina du tourbillon guerrier que connaît la région. Il veut, par tous les moyens, la destruction de la Syrie, parce que cette dernière s’oppose au passage d’un gazoduc entre son croupion d’Etat et la Méditerranée et refuse de changer d’alliance pour rejoindre le bloc occidental. Ce gazoduc à travers l’Arabie, l’Irak, la Syrie et débouchant à Homs est vital pour cet Etat gazier, obligé, pour l’instant, de faire transiter son gaz par mer avant de déboucher en Méditerranée. Le remuant Cheikh a réussi à allécher les Européens croulant sous les dettes et à les agréger à son projet. Quant à Israël, il est son allié depuis belle lurette.
Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani
TIMEO DANAOS ET DONA FERENTES (Je crains les Grecs (les Qataris) , même (surtout) quand ils font des présents.)
Dans le scénario gazier concocté par le Cheikh Al Thani, à partir de Homs, une bretelle allait rallier Israël et une autre la Turquie et faire de ces pays des distributeurs du gaz qatarien en direction de l’Europe pour la Turquie, vers l’Afrique pour Israël et leur assurer un pont d’or grâce aux royalties récoltées au passage. L’inexplicable et brutale hostilité du gouvernement Erdogan à l’égard de son ancien allié, commence peut-être à trouver là un début d’explication. [[1]]url:http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/palestine/sionismes/sionisme.htm#1
Or, les Palestiniens et leurs revendications nationales, notamment celles du Hamas, ne sont aux yeux du Qatari que des gêneurs. Au diable la solidarité sunnite ou arabe, vive la solidarité gazière. C’est pourquoi il a tenté d’acheter ses dirigeants et semble avoir rencontré un os auprès de M. Haniyé et un plein succès auprès de M. Khaled Meschaal. Le Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani finance toutes les formes de traitrises et poignarde les Palestiniens dans le dos tout en se présentant comme leur bienfaiteur. C’est également lui qui paie tous les djihadistes égorgeurs raccolés sur la planète entière – appelés terroristes lorsqu’ils opèrent dans les Etats occidentaux et résistants lorsqu’ils décapitent ou défénestrent des Syriens chrétiens ou shiites.
La ligne de fracture entre les plaques géopolitiques source du tremblement de terre actuel au Moyen-Orient, passe donc par la Syrie et Israël. C’est pourquoi la guerre se déroule sur le sol d’une Syrie récalcitrante depuis deux ans, après que le réel mouvement d’opposition démocratique a été étouffé et phagocyté par le Qatar qui entend y installer ses propres créatures – ce qu’il a commencé de faire au cours de la récente rencontre de Doha. La France s’est empressée de faire chorus.
Quant à l’Etat hébreu, il a jugé favorable à sa Realpolitik à long terme de provoquer aujourd’hui, non pas une guerre, car il n’y pas d’armée à Gaza, mais un de ces massacres de populations dont il a le secret depuis des décennies, en rompant la trêve avec le Hamas par quelques assassinats ciblés et symboliques, comme celui de M. Ahmed Jabari, commandant en chef du Hamas à Gaza, afin de continuer à broyer la résistance et tenter de la dompter. Le ministre de l’intérieur israélien Eli Yishai déclarait à propos de Gaza: « The goal of the operation is to send Gaza back to the Middle Ages. Only then will Israel be calm for forty years. » (« Le but de cette opération est de renvoyer Gaza au Moyen Age. Alors seulement, nous serons tranquilles pour quarante ans. » (Haaretz) Pour l’Irak, c’était « l’âge de pierre« . Le « moyen-Age« , pour les Palestiniens. On progresse, et après ça certains diront encore que les Israéliens ont un coeur de pierre!
Après avoir lancé sa machine de mort, assis sur sa ruse de guerre et assuré de la complicité de tous les alliés de son groupe, l’Etat hébreu se pose en victime d’une nouvelle « shoah » parce que son territoire reçoit quelques roquettes de représailles. Immédiatement, le choeur des « droit-de-l’hommistes » occidentaux répercute les lamentations: « Israël a le droit de se défendre….« . Elémentaire, mon cher Watson. Il est vrai que cette fois, ces méchants Palestiniens se sont défendus d’une manière que les faucons israéliens n’avaient pas prévue.
On sait que la politique poursuivie avec opiniâtreté par tous les partis sionistes, demeure l’élimination pure et simple de tous les Palestiniens de leur terre, avec pour choix, le cercueil, l’exil ou le transfert en Jordanie. Pour cela, tous les moyens sont bons: après « Pluie d’automne », « Plomb durci », « Pilier de défense », il y aura d’autres campagnes aussi cyniquement dénommées. C’est pourquoi avant la signature d’une trêve que M. Ahmed Jabari n’est plus de ce monde pour apprécier la manière dont Israël la respectera, les Palestiniens seraient bien inspirés de se plonger dans la lecture du Talmud et notamment de l’ajout qui lui a été apporté au XIe siècle, le Kol Nidre, la prière qui ouvre la fête de Yom Kippur et qui dispense celui qui la prononce de respecter tout serment, tout voeu et tout engagement. Certains des prisonniers libérés dans le cadre de l’échange contre Shalit et ré-emprisonnés illico ont vu de quelle manière les Israéliens tiennent leurs engagements.
Comme par hasard, le trône du roi Abdallah est, en ce moment, ébranlé. Les révoltes et les manifestations se multiplient en Jordanie et attendent leur nouveau gauleiter, Khaled Meschaal. Quelle heureuse coïncidence pour Israël.
L’Occident moralisateur et complice des crimes sionistes oublie que la Realpolitik n’est pas synonyme de cynisme. Si les dirigeants français et européens avaient lu L’art de la guerre de Sun-Tsu ou Le Prince de Machiavel, ils sauraient que la Realpolitik est même, au contraire, l’art de gérer la paix par la diplomatie, comme Bismarck, inventeur de ce mot, en a fourni l’exemple. Le cynisme « machiavélique » est l’ennemi de la Realpolitik. Or, c’est précisément d’un cynisme machiavélique au petit pied que font preuve les Etats occidentaux lorsqu’ils approuvent la nouvelle tuerie de Gaza au nom d’une prétendue « défense » de la « sécurité » d’Israël .
Dans l’évaluation du « calcul des forces », ces dirigeants aux dents longues, mais aux idées courtes croient que les « forces » se résument au nombre de missiles et aux milliards que les chameliers arabes, assis sur leurs réserves d’hydrocarbures, peuvent déverser sur des dirigeants aux finances en berne.
Le Cheikh Al Thani venu vendre sa politique en France
Je ne parle pas d’une Europe anesthésiée par la quasi totalité de ses médias, mais les peuples du bassin de la Méditerranée, récemment débarrassés des tyrans qui s’étaient incrustés au pouvoir depuis des dizaines d’années, ne sont pas encore suffisamment repris en main par leurs nouveaux maîtres pour accepter passivement le spectacle des massacres actuels d’une population encagée et tirée comme dans un ball trap. L’instinct de justice naturel aux peuples qui se pensent libérés de leurs dictateurs, empêchera leurs dirigeants de laisser mourir Gaza, notamment en Egypte et en Turquie. Le Président Morsi est en train d’en faire l’expérience. Quelques discours blablateurs ne suffiront pas à calmer la rue. Ces hommes politiques n’agiront pas par grandeur d’âme, mais ils savent que leur sort personnel est en balance. Quant aux héroïques résistants de Gaza, ils ont déjà réservé quelques surprises militaires à leur prétentieux agresseur, à commencer par M. Netanyahou que la peur cloue dans un bunker.
Lorsque l’équation deviendra insoluble, que les terroristes djihadistes qui défigurent la Syrie et sont une offense aux authentiques opposants, auront été éliminés, que le boulet des crimes d’un allié qui se réclame du mythe que vous brandissez haut et fort deviendra trop lourd à assumer et portera un préjudice mortel aux intérêts de l’empire et des Etats dits « démocratiques » d’Occident, l’oncle Sam cessera de tapisser le berceau de son vorace nourrisson de billets verts, d’ailleurs de plus en plus dévalués, le confetti qatari retournera à son désert et à son harem et les pays européens qui avaient espéré se « refaire« , comme on dit d’un joueur de casino, en pillant les ressources énergétiques des pays arabes, seront grosjean comme devant.
Le destin du rêve sioniste est étroitement lié à celui de l’invention monétaire maffieuse de son protecteur. Le sionisme, l’empire américain et les Européens vassalisés se soutiennent aujourd’hui, demain, ils s’écrouleront ensemble.
Aline de Diéguez
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[1] Syrie : Le trajet des gazoducs qataris décide des zones de combat, par Nasser Charara
« Syria, Turkey, Israel and the Greater Middle East Energy War » par F.William Engdahl