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La fin approche – par Nouratin

20 décembre 20120
La fin approche – par Nouratin 4.20/5 5 votes

Publié le : 15 décembre 2012

Source : onefoutus.over-blog.fr

On pourra me raconter tout ce qu’on voudra, me chanter des psaumes accusateurs, me signifier des requêtes en rectification historique, m’insinuer des sous-entendus vachards, me sussurer des allusions méphitiques, bref essayer de me convaincre du contraire, rien à faire!  Pour moi, Maurice Herzog restera ad vitam aeternam le vainqueur de l’Anapurna, le pur héros du premier huit-mille.

Tous ceux qui racontent leur vérité sur cette ascension historique  apparaissent comme de minables affabulateurs.  Ils n’y étaient pas, ces pauvres nazes, en ce jour de Juin 1950, au sommet de l’Anapurna.  Moyennant quoi,  il leur appartient seulement de fermer leurs claque-merde et de laisser la légende tranquille au lieu de la tremper dans le purin.  Cela vaut également pour sa fille Félicité qui ferait mieux de pleurer son père que de régler publiquement avec lui des comptes qui ne regardent personne.

Un seul homme a disposé du droit de parler de l’aventure : Louis Lachenal. Il y était, lui et il a raconté. Il a dit cette espèce de folie mystique qui s’était emparée de Herzog et qui le conduisit à faire le sommet coûte que coûte, pour la grandeur de son Pays. Coûte que coûte. Ca leur a coûté leurs pieds et leurs mains. Lachenal monta pour faire son devoir de guide, Herzog pour la France. Lachenal fut ensuite particulièrement malheureux, comme un montagnard estropié, diminué, quasiment foutu, jusqu’à mourir très vite avalé par une crevasse de son glacier chamoniard.  Herzog vécut longtemps sa gloire, sa réussite et sa fierté euphorique de l’exploit accompli. Je me demande juste comment il a pu, sur ses très vieux jours, avaler la polémique à la mords moi le noeud qui lui fut imposée par une tripotée de pisse-copie en mal de sensationnel.

Il faut dire aussi que Maurice Herzog,  gaulliste de la première heure,  ministre du Général et maire RPR de Chamonix durant une palanquée d’années, n’appartenait pas à la Grande Famille de Gauche. C’est pour cette raison, je crois, qu’il a eu les couilles de réaliser l’expoit en question.  Mais c’est aussi pour cela,  évidemment, qu’on peut le salir tout à son aise.

Alors, je le salue, Maurice Herzog, avec tout le respect et toute l’admiration qu’on doit à cette sorte de héros fabuleux qui ne se refait plus depuis bien longtemps. Et je forme des voeux pour qu’au moins, maintenant qu’il est mort, on lui foute la paix.

Pour en revenir à des considérations plus terre à terre, je constate que nous finissons tranquillement l’année 2012. Encore une que je n’ai pas vue passer et qui me laisse la désagréable impression de devoir désormais me baser sur la décennie afin de disposer d’une unité de compte à la mesure de la célérité du temps.   C’est con! Parce qu’en conséquence, le vaste boulevard que j’apercevais devant moi se transforme désormais en bout de couloir avec les chiottes au fond.  La perspective s’écrase un peu, si vous voulez, faut tenter de ralentir pour retarder le choc fatal. Mais le moyen de ralentir?

Alors, il convient d’ accueillir les bonnes nouvelles avec l’enthousiasme torride que leur extrême rareté justifie au delà de toute mesure. Bonne nouvelle? Mais oui, bien sûr, je confirme. Et pas n’importe laquelle. Tenez vous bien : finie la crise de la Zône-Euro! Ca y est, c’est plié, arrangé, débrouillé, teminé! C’est Hollande qui l’a dit. Alors, hein? Ca vous la cisaille au raz des moustaches, ça, pas vrai? On l’a derrière nous, la crise.  Dans le dos.  Carrément. Les Grecs? Renfloués! Les banques espagnoles? Sorties de l’ornière! Les Ritals? Ressuscités, et c’est pas les velléités berlusconiennes qui vont les remettre en bière! Tout baigne maintenant! Y a plus qu’à remettre un petit coup d’oraison incantatoire pour faire venir la reprise et hop, on repart aussi sec vers les cimes ensoleillées du bonheur par la croissance.

Vous voyez, Culbuto, il ne se contente même plus de nous réenchanter le rêve français, il passe carrément la surmultipliée du rêve européen, le mec. En voilà un qui paye de  sa personne, dites donc, qui ne regarde pas ses heures, moi je vous le dis! Même que la grosse Angela a dû calmer un peu le jeu, tellement ça partait en poésie. « Faut pas s’emballer, qu’elle a sorti juste après, y a encore de la planche sous le pain et du chemin de croix à se farcir. En 2013 on va en suer pire que jamais, n’en déplaise à Monsieur du Corbeau Socialo-Franchouille ». Oui, bon, mais en attendant nous allons arriver à la trêve des confiseurs avec de l’optimisme Hollandouillais plein la musette. Voilà qui va nous re-booster les ventes de foie gras, de roteuses et de saloperies chinoises.   Sans compter le bien que ça fait, la perspective que les choses s’arrangent.   Même si,  dans le fond,  tout le monde sait pertinemment que c’est juste des conneries.   Le réenchantement ça usine toujours dans l’imaginaire. Par construction.

Bien sûr que c’est du vent. Ca tombe sous le sens. On va juste être obligés de payer encore plus sans la moindre garantie d’une quelconque amélioration dans quelque domaine que ce soit. Les Grecs vont continuer à se péter la gueule, les Espagnols, on ne voit pas comment ça pourrait s’arranger, l’Italie croulera de plus en plus sous le poids de l’impôt et le désastre français va bien finir par apparaître au grand jour. Ce n’est pas parce que Fitch nous donne un peu de sursis avec un triple A de complaisance que le spectre hideux de la faillite frauduleuse va s’effacer comme par miracle. Tout ce qui dans ce pays possède un peu d’argent ou un cerveau correctement format n’a plus qu’une seule idée : foutre le camp le plus vite possible. Ici, l’avenir ressemble à un mur de pissotière, les forces vives du pays à Edouard Martin, le forcené-arriéré de Mittal  et la jeunesse à une horde monstrueuse de primates décérébrés.  Vous voulez faire quoi avec ça, vous?

Bien sûr, on peut toujours conchier Depardieu, le traître à la Patrie, celui qui a têté  si goulûment la mamelle généreuse de la subvention cinématographique.  Seulement, c’est le baobab qui cache la savane arborée, Depardieu. L’autre jour sur BFM-Bizness le sujet de l’émission c’était choisir le bon moment et le bon pays pour s’organiser l’exil fiscal. Authentique! On ne croit même plus nécessaire de traiter ça en douce, dans les milieux sérieux, ça devient une évidence aveuglante, faut se tirer! Alors, quand j’entends ces minus du gouvernement français qui se gargarisent de combattre la pauvreté, ça me fait juste rigoler à gorge d’employé, comme disait Béru. C’est pas la pauvreté qu’ils combattent, ces connards, c’est la richesse!  Et là on peut constater leur efficacité à ces pourritures, parceque la richesse du pays, y a pas de doute, elle fout le camp. Pour ne plus revenir,  jamais!

Et ce n’est pas en laissant débouler chez nous des cohortes de pauvres avides de prestations sociales, qu’il vont nous arranger le coup, ces tantes.  Je l’ai déja dit,  je crois, un pays qui fait fuir les riches et qui attire les pauvres est un pays foutu. il n’y  a que nos politicards-socialos de gauche comme de doite qui semblent ne pas s’en gaffer

Pour la rentrée, nous avons déjà un joli sujet de préoccupations : les retraites. Bon d’accord, Sarkozy les avait sauvées, bien sûr, mais juste momentanément, quoi, histoire de passer 2012 (voir notamment Sonnez la retraite! ). Maintenant, va falloir en remettre un coup, surtout qu’il nous en a ajouté une couche, Flamby,  avec la retraite à soixante balais pour les pôv gens qu’ont commencé jeunes. L’air de rien ça représente du monde. Ca creuse bien le trou, quoi. Donc, pour le début Janvier, elles vont nous constituer un bon plat de résistance, les retraites. Parce que le Régime Obligatoire, la Sécu, ma foi quand on est en déficit chronique, un peu plus un peu moins,  on emprunte et le tour est joué.  Jusqu’à ce que tout s’effondre, mais bon, ça peut attendre encore un peu. En revanche l’ARRCO et l’AGIRC,  les « complémentaires »,  là on navigue dans les fonds privés. Autrement dit, quand on commence à voir le fond de la caisse, il y a matière à s’affoler. Nous en sommes là.  Normalement,  dès Avril,  il deviendrait nécessaire de tirer au sort les retraités qui seront payés.  Le tout ce serait d’avoir du pot,  quoi.   Sans compter qu’au début ils bénéficieraient de quelque chose comme une chance sur deux.  Rien à voir avec le loto, faut reconnaître.  En même temps, on gagne moins, y a pas de mystère.

Cela dit, pour y trouver de quoi rigoler il faut disposer d’un sens de l’humour en acier spécial, et pas de chez Florange, vous pouvez me croire sur parole. Quand on pense que nous en sommes là, aujourd’hui, je ne vous raconte même pas ce qui nous attend dans dix ans.  L’euthanasie des vieillards,  le Soleil Vert version socialiste! Soyons lucides, les vieux il y en aura de plus en plus et les jeunes, on voit la gueule qu’ils ont. Ne nous figurons surtout pas que ces charmants bambins vont nous payer nos retraites. On peut rêver un peu mais pas à ce point là. Comme quoi, n’en déplaise au camarade Flamby 1er, l’avenir s’annonce morose. Pire, même, on peut dire que d’un certain point de vue, la fin approche. Non pas la fin du monde prévue pour la semaine prochaine, ça c’est juste histoire de faire un peu flipper les plus imbéciles d’entre nous, mais bien la fin des haricots, celle qui va nous obliger à bouffer des rutabagas et des topinambours, non par plaisir snobinard mais parce qu’on ne trouvera plus rien d’autre. Et nous nous estimerons heureux si nos jeunes concitoyens issus de la diversité nous laissent survivre, même quand nous aurons définitivement perdu les moyens de les arroser. Tiens, c’est marrant, ce coup-ci j’aurai plutôt fait dans le pessimisme sordide. Vous observerez que, non content de pratiquer le cyclotourisme je me montre  également un peu cyclothymique. Faut dire aussi que je possède deux vélos. Bon troisiéme Dimanche de l’Avent (presque comme la Traction, dites donc).

Et merde pour qui ne me lira pas.

Nouratin

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