Publié le : 26 janvier 2013
Source : bvoltaire.fr
À peine a-t-elle posé un pied sur le tarmac de l’aéroport que Florence Cassez, à son insu, il faut bien le dire, plongeait dans une indécence irrespirable.
Ministre des affaires étrangères, députés, grande foule peinturlurée et grands flonflons officiels, tapis rouge… Faute de goût ? Manquaient peut-être la fanfare de la Garde Républicaine et une remise de la légion d’honneur ? Accueillie comme un chef d’État, après un dîner et une nuit au Crillon, le programme de la journée est magnifique pour elle, avec une réception à l’Elysée et un rendez-vous promis discret avec Sarkozy. Droite et gauche en veulent tous un morceau…
Grande foule des médias armés de bombes à faire mousser l’émotionnel pour remplir à ras le bol les unes, l’héroïne était parée pour sa distribution d’encens à la France entière. Ça fait peut-être bander dans les chaumières, personnellement ça m’a fait gerber en pensant aux 2 216 détenus à l’étranger, dont trois condamnés à mort, desquels nos fins politiciens s’en battent la conscience.
Pourtant, on peut affirmer que, pour la plupart, les procès n’ont pas été équitables ! Va te faire juger en Indonésie ! Et lesdits complices de Florence Cassez, n’ont-ils été victimes de la même mise en scène d’une arrestation trafiquée à bloc ? La vertueuse Cour Suprême mexicaine ne devrait-elle pas, par souci d’équité, les libérer immédiatement, sans conditions ? Voilà un autre beau combat à mener pour Florence Cassez, mais je pense que son engagement au Mexique est plutôt compromis…
En France, lorsque, sur un vice de procédure, la Justice libère un gabarit de la pègre, cela fait hurler tout le monde ! S’étonne-t-on qu’Outre-Atlantique, on s’insurge contre la libération de la petite Française ? Parce que, cette « reconstitution bricolée » a finalement été sa grande chance et le motif de son élargissement. Sans cela…
Et le pire, la honte républicaine accomplie, reste cette arrivée discrète à une heure d’intervalle de la dépouille de Yann Desjeux, vrai héros assassiné en Algérie. Ancien parachutiste, il était tenu en otage par les terroristes islamistes sur le site gazier d’In Amenas, en Algérie. Il s’est battu pour sauver la peau de ses camarades, à en mourir. À la descente de son cercueil, une famille écroulée et une sous-ministre… L’éloge funèbre réduit à moins que minima…
La presse se vautrait dans le hall des VIP : on attendait Florence Cassez. Pas de place pour les morts au moment où il était consensuel et de bon ton de se réjouir.
Le stupre intellectuel ravalé au rang des Beaux Arts.
Le pire, c’est que cela dessert notre « héroïne » car les grands spots ouvrent toujours la porte aux interrogations. Pour certains, aujourd’hui, l’innocence ne se démontre plus, elle se décrète et ils ont du mal à croire que l’on peut vivre un an avec un « chef de gang » sans connaître la moindre bribe de ses activités.
Après les dorures, le champ de mines…
Il ne faut jamais perdre de vue que, tant que l’on a une valeur de récupération politique, on peut rouler sa bosse. Après, lorsque la rampe s’éteint, cela devient une autre histoire.
Florence Cassez est sur « son nuage » et elle n’a rien demandé, peut-être même pas souhaité tout ce raffut injurieux à bien des niveaux. Je pense aux appels désespérés de Thierry Ardisson qui se battait pour un détenu condamné à tort à l’étranger, dont la mère, abandonnée de tous, lance ses cris de désespoir dans un désert…
Cette démocratie là, galvaudée, certains en ont plein la bouche.
Personnellement, j’en ai plein le cul !
Roland Agret