Publié le : 05 février 2013
Source : bvoltaire.fr
Mariage pour tous ? Oui. Mais alors, sans distinction de race (c’est interdit) ni de culture (c’est très relatif). Et laissons la place au pétulant Bruno Nestor Azérot, député martiniquais pas vraiment de droite (Gauche démocrate et républicaine ; en France ultramarine, les appellations politiques n’ont pas toujours le même sens qu’en métropole) qui, le 30 janvier dernier, a créé un certain malaise à l’Assemblée nationale à propos du « mariage pour tous » :
Outre-mer, la quasi-totalité de notre population est opposée à ce projet qui bouscule toutes les coutumes et toutes les valeurs sur lesquelles reposent nos sociétés ultramarines. […] Nous devons exprimer cette opinion de notre électorat qui ne comprend pas ce qui se passe ici et maintenant. Le risque est grand de plonger la population dans un profond désenchantement vis-à-vis de la politique du Gouvernement, voire de provoquer une cassure morale irrémédiable. Ce texte, en effet, ne donne pas une liberté supplémentaire, il fragilise au contraire le délicat édifice sur lequel se sont construites nos sociétés antillaises et guyanaises après l’abolition de l’esclavage. Il existe même, à mon sens, un risque de rupture du pacte républicain qui nous lie depuis deux siècles à la France.
À l’origine, en établissant le mariage comme institution, la société a donné un cadre juridique à une donnée naturelle : l’union d’un homme et d’une femme en vue de la procréation d’un enfant. Or, à l’évidence, il ne peut en être ainsi avec le mariage gay. Certes, aujourd’hui, le mariage est plus un “mariage-sentiment” qu’un “mariage-procréation”, comme il l’était autrefois : l’enfant n’est plus la finalité du mariage, si bien que des personnes hors mariage, voire des couples stériles, peuvent avoir envie d’enfant. La question qui se pose est donc plutôt : le sentiment doit-il donc devenir le sens nouveau et unique d’un mariage qui serait ouvert à tous les hommes et à toutes les femmes, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels ?
Moi, homme issu d’un peuple opprimé, réduit en esclavage, où le système social refusait à un homme et à une femme de pouvoir avoir un enfant et se marier légitimement, où le mariage était interdit et où il a été une conquête de la liberté, j’affirme le droit à l’égalité dans la différence et non dans le même, le semblable, l’unique ! Car enfin, au nom de l’égalité et du refus des discriminations, peut-on établir une équivalence entre tous les couples ? Au contraire, je crois que l’on ne peut mettre sur le même plan hétérosexualité et homosexualité : un homme et une femme, ce n’est pas pareil que deux hommes ou deux femmes ensemble. Établir une équivalence, une nouvelle égalité, une nouvelle norme, c’est nier la réalité, c’est rétablir une oppression en confondant genre, sexe et pratique. C’est un diktat de la pensée contre l’humanité vitale, contre les droits de l’homme et de la femme. Refuser cette différence naturelle, c’est refuser la différence sexuée, c’est revenir sur l’oppression de la femme et de ses droits émancipés, […] Et l’enfant ? Puisque deux hommes ou deux femmes ne peuvent procréer, que va-t-on faire ? Pour procréer, il faut bien un homme et une femme. Inéluctablement se posera la question du recours à la procréation médicale assistée… car ce désir d’enfants est légitime. Toutefois, ce n’est pas le droit qui refuse aux homosexuels d’avoir un enfant, c’est la nature.
Sur ce site, les commentaires sont souvent de mise. Mais là, je reste sans voix. Tout est dit. Il y a quelques décennies de cela, la vraie France se trouvait à Londres ; et beaucoup dans l’hexagone aussi… Mais qu’elle ait depuis trouvé refuge plus loin, au large, n’est finalement pas plus étonnant que cela. Car la France est partout chez elle, sauf peut-être dans les instances censées la représenter.
Nicolas Gauthier