Publié le : 23 février 2013
Source : bvoltaire.fr
Nous sommes en 2013 après Jésus Christ, la croissance est dans les chaussettes, toute la France est dans la disette… Toute ? Non ! Un village, peuplé d’irréductibles fonctionnaires, résiste encore et toujours aux privations, et refuse de se serrer la ceinture.
Pas une journée sans que le gouvernement ne sorte de sa besace un nouveau coup de bambou, souvent fiscal. C’est peu dire que les Français commencent à en avoir ras le pompon qu’on vienne les racketter tous les matins, mais enfin comme il y a cet abominable déficit, cette sorte de monstre antique que personne n’a jamais vu mais dont l’ombre plane sur leur tête et celle de leurs enfants et qu’ils ne peuvent apaiser qu’en sacrifiant périodiquement leur maigre bas de laine, ils font, pour l’instant, profil bas.
Mais si l’on vient leur faire les poches pour remplir, dans la foulée, celles du voisin, cela risque de les rendre vraiment grognons. Marylise Le Branchu vient ainsi de nous annoncer, tout sourire, que le jour de carence des fonctionnaires en arrêt maladie allait être supprimé. Trop bien. Ce problème de jour de carence, il fallait vraiment que le gouvernement le prenne à bras le corps, car la santé des fonctionnaires, c’est quelque chose. Je ne sais pas pourquoi, les fonctionnaires ont, globalement, une santé beaucoup plus fragile que la nôtre. C’est peut-être d’avoir bossé dur pour passer les concours administratifs, les pauvres ont mis leurs défenses immunitaires à plat. Sans doute sont-ils délicats de la poitrine, sujets au rhume des foins, à la constipation chronique, sans doute ont-ils une digestion difficile, les cervicales un peu raides, une propension à l’ongle incarné ? Mais le fait est qu’ils sont souvent patraques, vous avez remarqué ? Et comme ils ont un sens aigu des responsabilités et ne voudraient pas refiler leurs miasmes aux administrés dont ils traitent les dossiers (avec les postillons, ça va très vite), par prudence, ils restent chez eux.
C’est bien justice de leur supprimer ce jour de carence, vécu comme une sorte de sanction de leur constitution malingre. D’ailleurs, vous noterez que lorsque, par bonheur, ils sont là, ils doivent quand même se ménager et partir à 17 heures. Pour avoir le temps de passer à la pharmacie j’imagine. Les plus prévoyants ferment d’ailleurs le guichet dès 16h50. Si vous n’êtes pas contents, z’aviez qu’à arriver plus tôt. Vous savez ce que c’est, quand on est un peu faiblard, on s’essouffle vite et l’on met plus de temps à reboucher les stabilos, éteindre l’imprimante, enfiler le manteau et faire la bise aux collègues.
Les fonctionnaires n’auraient donc plus un seul jour de carence quand les salariés du privé en conserveraient trois ? Ah mais ça, c’est normal, c’est une sorte de discrimination positive, qui vient contrebalancer des dispositions naturelle peu équitables : car les salariés du privé, et plus encore que les salariés, les patrons de PME, les commerçants, les artisans, les professions libérales, et, plus généralement, tous ceux qui ont une obligation de résultat s’ils veulent payer leur loyer à la fin du mois… jouissent d’une santé de fer. Il y a des professions comme cela extrêmement vivifiantes, où l’on pète la forme et où l’on arrive à continuer à honorer les rendez-vous clients même avec une fin de gastro et un début de grippe. Notez que c’est comme ça que se propagent les virus. Avec les fonctionnaires, au moins…
Certains parlaient de la France qui se lève tôt, mais il y a aussi celle, et c’est souvent la même, qui n’a pas trop le temps d’être malade.
Marylise et son entourage disent que l’on a beaucoup exagéré l’absentéisme des fonctionnaires. Que d’ailleurs, il ne faut plus utiliser ce mot-là. Il faut encourager le présentéisme plutôt que décourager l’absentéisme. Là, c’est sûr, on en prend le chemin !
Gabrielle Cluzel
