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Elie Wiezel : les fabuleuses aventures d’un imposteur – Par Hervé Ryssen

13 février 20140
Elie Wiezel : les fabuleuses aventures d’un imposteur – Par Hervé Ryssen 5.00/5 3 votes

Publié le : 12 février 2014

Source : leschroniquesderorschach.blogspot.fr

Il a reçu le prix Nobel de la Paix, il est payé 25 000 dollars pour faire des discours et il est reçu avec les honneurs un peu partout, pourtant Elie Wiezel ne s’avère être en fin de compte qu’un menteur pathologique qui fait du business avec la Shoah. C’est une pièce majeure du système de culpabilisation des sionistes, il ne faut donc pas compter sur les médias pour faire la lumière sur ce sinistre individu.

Son talent de conteur fut d’ailleurs rapidement reconnu par l’écrivain François Mauriac, qui le prit sous son aile bienveillante, ainsi qu’il le relate dans ses Mémoires : “Sans Mauriac, dit-il, que serais-je devenu ? Il veilla sur ma “carrière”. Lors de chacun de mes voyages en France, je venais lui rendre visite.” La rencontre entre les deux hommes eut lieu dans une réception mondaine : “Mauriac, je l’ai aperçu en 1955 lors d’une célébration de la fête de l’Indépendance à l’ambassade d’Israël… Surpris, il insista : “Je suis heureux que vous m’ayez invité. Israël me tient à cœur. J’aime participer à sa fête.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, pp. 338, 326).

 Elie Wiesel, guide touristique

A ses débuts, après la Seconde Guerre mondiale, Elie Wiesel dut travailler dur pour gagner sa vie. Installé à Paris, il servait de guide touristique à ses coreligionnaires de passage en France. Voici une anecdote qui montre de manière assez éloquente son aptitude à enrichir la vérité :

Miriam me demande des explications sur Paris, et je les lui fournis volontiers. Pas besoin d’effort. J’improvise avec un aplomb dont j’ai encore honte aujourd’hui… A cette époque-là, il m’arrive assez souvent de broder, d’inventer des détails piquants sur l’histoire de Paris qu’on ne trouverait dans aucun ouvrage, fût-il romancé. Pourquoi ? Par fatigue.

Trop de visiteurs israéliens insistent pour que je leur montre le Louvre et la Concorde, Montmartre et les cabarets russes. Au début, je fais mon métier de guide consciencieusement : je ne dis que ce que je sais. Et puis je m’aperçois que les touristes dont j’ai la charge sont insatiables en ce qui concerne la culture parisienne : ils en veulent davantage. Des récits plus pittoresques. La façade de Notre-Dame avec ses Juifs au chapeau pointu, avec sa synagogue aveugle et misérable, ne leur suffit pas. [Elie Wiesel confond avec la cathédrale de Strasbourg]. “Tout cela, disent-ils, nous l’avons appris à l’école. Ici, c’est autre chose qui nous intéresse.” Bon, qu’à cela ne tienne : je me mets à inventer une anecdote pour chaque statue, une histoire pour chaque monument. Réarranger le passé de la capitale pour une heure, une matinée, en quoi cela nuirait-il à la France ?

“Or, un jour, l’inévitable se produit : un guide, malheureusement professionnel, se trouve place de la Bastille près du petit groupe (francophone) qui m’écoute bouche bée lui décrire les journées de 1789 ; je suis en forme, je connais le nom de l’officier qui, le premier, ouvrit les portes de la prison ; et celui du prisonnier qui, à genoux, implora sa miséricorde.

Dans la cellule voisine, une princesse se préparait à la mort ; elle souhaitait mourir, mais la vue de l’officier la fit changer de philosophie, et la voilà qui, au scandale de ses amies, clame son amour de la vie et des vivants… Je pourrais continuer à broder ainsi jusqu’à la prochaine révolution, n’était le cri d’animal blessé qu’un bonhomme inconnu pousse à côté de moi… Il se jette sur moi, prêt à me déchiqueter : “Comment… comment osez-vous ? Moi qui connais cette ville, l’histoire de chaque pierre, comment osez-vous mentir en ma présence et faire mentir l’histoire ?”

Nous le quittons plutôt précipitamment. “Ne fais pas attention, me console l’un de mes invités de passage. C’est un fou furieux.” Un autre le corrige : “Mais non, il est jaloux, c’est clair comme le jour.” Mais Miriam, elle, adore les histoires. Vraies ou imaginaires, elles la divertissent. Et puis, elle est belle, Miriam.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, pp. 271, 272).

Nous avons ici un bel exemple de fuite précipitée. Mais, une fois n’est pas coutume, l’auteur semble admettre que la colère de son agresseur pourrait être ici éventuellement justifiée, quand bien même ses coreligionnaires sont déjà prêts à le défendre mordicus contre pareille injustice.

Elie Wiesel journaliste

Le métier de journaliste permit à Elie Wiesel de rencontrer nombre de gens intéressants. C’est ainsi qu’il fit la connaissance d’un personnage extraordinaire, un certain Joseph Givon, introduit dans les cercles du pouvoir. Notre journaliste est alors fortement impressionné par cette personnalité mystérieuse et influente. Son correspondant est expéditif dans ses communications téléphoniques : « Je passe te chercher demain à midi pile.” Je n’ai même pas le temps de dire ouf ; il a déjà raccroché. Téléphoner à Dov ? Une toute petite voix me conseille la prudence. Avec Givon, on ne sait jamais. Demain peut signifier la semaine prochaine ou l’an prochain.”

L’homme est mystérieux, un brin farfelu, et terriblement manipulateur : “Il me tend sa main invalide (je n’ai jamais su pourquoi il me tendait parfois la droite et d’autres fois la gauche), me dit au revoir et s’en va en clopinant.” Son influence secrète sur la politique est néanmoins bien réelle, ainsi que le petit journaliste peut s’en rendre compte : “C’est donc lui, et pas le président du Conseil qui a décidé du lieu de l’entretien. Mendès France n’a qu’à obéir ! Je ne me suis pas encore remis de ma stupeur que Givon enchaîne : “J’ai demandé qu’on déjeune ensemble. C’est mieux. Et plus intime”… Malheureusement, il doit quitter Paris. L’actualité internationale le réclame ailleurs. L’Histoire aussi. Hô Chi Minh ? Giap ? Khrouchtchev ?

Je déverse sur lui une avalanche de questions qui lui font hausser les épaules : “désolé, mais…” Cela ne fait rien, je comprends : zone interdite, défense absolue d’y pénétrer. Une affaire d’espionnage, sans doute. Croire ou ne pas croire ? Ne m’a-t-il pas conduit jusque chez les Mendès France ? S’il connaît le président du Conseil, il peut très bien fréquenter d’autres grands de ce monde, pas vrai ? Le fait est qu’il disparaît de Paris… Désormais, nos contacts se feront exclusivement par courrier : cartes et lettres de Varsovie, de Pékin, de Prague et de Moscou où il deviendra producteur de cinéma… Les Izvestia publieront un article pour dénoncer ses activités de contrebande : arrêté comme trafiquant, il sera condamné à dix ans de prison. “Je suis innocent, me confiera-t-il dans une lettre pathétique.

La vérité finira par triompher.” La vérité ? Sous la plume de Givon, elle paraît tremblotante. Mais elle triomphera malgré tout. Libéré ─ “grâce à l’intervention de plusieurs ambassadeurs occidentaux” ─ il recevra des excuses du tribunal. Dégoûté du système soviétique, il retournera à Prague, refera surface à Paris… avant d’aller s’installer définitivement en Israël. Il y mourra d’une crise cardiaque. Les journaux et revues de Tel-Aviv lui consacreront de nombreux articles, insistant sur le côté pittoresque, rocambolesque et manipulateur du personnage… Incrédule, fasciné mais amusé, le public tentera d’éclaircir le mystère qui l’entourait.

Comment distinguer chez lui la vérité du fantasme, étant admis qu’il ne pouvait pas tout inventer ? Souvent, je songe à lui avec affection. Grâce à lui, j’ai presque vécu quelques-unes de ses aventures. Réelles ou imaginaires ? Qu’importe. Les aventuriers ne disent pas toujours la vérité : ils l’inventent d’abord. D’ailleurs, n’ai-je pas déjeuné avec les Mendès France ?” (pp. 313-319).

Agent de renseignement, producteur de cinéma, contrebandier, trafiquant international au carnet d’adresses bien rempli, Joseph Givon était manifestement un homme aussi influent que discret et mystérieux. Les plus puissants moteurs de recherche sur internet ne donnent en effet que cinq réponses à son nom, et qui paraissent correspondre à des homonymes. Et à la page 325 de son livre, c’est-à-dire six pages plus loin, Elie Wiesel écrit : “Mendès France ? J’ai fini par le rencontrer à New York, lors d’une réception à l’Institut Weizmann”.

 Elie Wiesel renouvelle la Torah

Mais d’autres personnages intéressants et pittoresques, réels ou imaginaires, ont croisé la route d’Elie Wiesel, tel ce Mané Katz, avec qui il semble avoir quelques affinités :

Petit pétillant, d’une agilité étonnante pour son âge, il sautillait en marchant, en parlant. Il aimait raconter des anecdotes (vraies ou fausses) sur sa vague ressemblance avec Ben Gourion. Une femme se serait éprise de lui parce qu’elle le confondait avec le Premier ministre israélien. Un espion lui aurait proposé des secrets militaires arabes contre un certificat de bonne conduite adressé à… au bon Dieu qui, comme chacun sait, habite quelque part à Jérusalem. Un voleur lui aurait offert une importante somme d’argent pour les caisses de l’État juif. “Dès que je révèle ma véritable identité, on me tourne le dos”, ajoutait-il en s’esclaffant.”

Ce Mané Katz offrit un jour à Elie Wiesel un de ses tableaux, que celui-ci refusa en trouvant astucieusement une “porte de sortie”, en puisant dans la Torah : “Citant sources anciennes et références qui n’avaient rien à voir, puisées dans l’Ecriture aussi bien que dans ma fantaisie, je parlai vite, pendant une heure ou deux, peut-être jusqu’à l’aube… : “Or un juge qui accepte des cadeaux, la Bible le traite de tous les noms”. L’ai-je convaincu ?

Je n’en sais rien. La véritable raison de mon refus, la voici : j’étais trop pauvre pour posséder des œuvres d’une telle valeur. Et puis, ses tableaux, je n’aurais pas su où les mettre. Vagabond par goût et par profession, déraciné, je ne possédais qu’une machine à écrire et une valise. On ne met tout de même pas des œuvres d’art dans une valise !” (pp. 321, 322.).

 Elie Wiesel échappe a une catastrophe aérienne

C’est encore dans ses Mémoires qu’Elie Wiesel a raconté comment il a échappé de peu à la mort. Ainsi, en 1955, il a bien failli être la victime d’une terrible catastrophe aérienne : “Pour me remettre et me changer les idées, je partis pour Israël, écrit-il. J’avais réservé une place dans un avion El Al mais l’offris à une amie de Béa qui, venue de Montréal avec ses deux enfants, n’arrivait pas à obtenir trois sièges sur ce vol. L’avion fut abattu au-dessus de la Bulgarie. Je pris la voie maritime.” (p. 345). L’auteur, qui ne fournit aucune autre précision, ne paraît pas plus bouleversé par cette terrible épreuve. Il faut dire que nos recherches d’informations sur cette catastrophe aérienne sont restées tout aussi infructueuses. Peut-être s’agissait-il d’un petit avion, d’un tout petit avion ?

 Les aventures d’Elie Wiesel en URSS

Elie Wiesel eut aussi l’occasion de se rendre en URSS. Sous le régime communiste, depuis que Staline avait évincé les dirigeants “sionistes” du pouvoir après la guerre, les juifs n’étaient plus libres d’émigrer librement en Israël. La “Communauté médiatique internationale” clamait alors à cor et à cri son indignation et réclamait pour les juifs le droit de sortir d’Union soviétique.

Elie Wiesel s’était rendu sur place afin d’en savoir davantage. A l’aéroport de Moscou, au moment même de quitter la place avec ses deux gardes du corps, survint un autre épisode rocambolesque de la vie bien remplie du grand écrivain :

Voici l’appareil d’Aeroflot. Au bas de la passerelle, comme toujours, deux ultimes vérifications : à droite, l’hôtesse de l’Intourist prend ma carte d’embarquement ; à gauche, un officier examine mon passeport. La jeune fille me fait signe de monter, mais l’officier crie quelque chose à quelqu’un. Brusquement, les événements se précipitent. En un clin d’œil, mes deux Israéliens surgissent à mes côtés. L’un d’eux s’empare de mon billet d’avion, l’autre arrache mon passeport des mains de l’officier ; je me sens soulevé comme un malade, comme un colis ; ils courent, je cours. Coups de sifflets, ordres rauques, bousculades. Je ne sais comment nous parvenons à franchir toutes les portes, tous les barrages, nous sautons dans la voiture de l’ambassade et déjà nous roulons à tombeau ouvert. Pourquoi la police ne nous barre-t-elle pas la route ? Je n’en sais rien. [Nous non plus !] Je resterai trois jours et trois nuits à l’ambassade avant de recevoir le feu vert. Comment David s’est-il débrouillé ? Il ne me l’a jamais révélé, et à vrai dire, je ne l’ai pas interrogé, même si le journaliste en moi aurait bien aimé savoir. L’important, c’était de quitter Moscou. De retrouver la liberté. Toujours accompagné de mes deux gardes du corps israéliens, je retourne à l’aéroport. Tout se passe comme si j’étais un touriste ordinaire.” (Mémoires, tome I, pp. 495, 496).

 Elie Wiesel, rescapé de la guerre du Golfe

Il est certain en tout cas que la chance a toujours souri à Elie Wiesel. Dans le tome II de ses Mémoires, il raconte l’épisode extraordinaire qui lui est arrivé pendant la guerre du Golfe en 1991.

Il partit alors en Israël pour soutenir sa communauté pendant la dure épreuve où l’Irak, bombardé par les Américains, envoyait par vengeance ses vieux missiles Scuds sur l’État hébreu :

Mon cousin Eli Hollender est content que je sois venu : “Viens à la maison me dit-il. Viens dîner. Nous attendrons les Scuds ensemble.” Drôle d’invitation, drôle d’idée, écrit Elie Wiesel… J’accepte son invitation. Nous fixons un rendez-vous. A la dernière minute, je décommande. Empêchement imprévu. Le soir même, chacun de son côté, nous écoutons à la radio les informations sur l’attaque des missiles qui vient de se déclencher… Un mois plus tard, je reçois une lettre d’Eli dans laquelle il remercie Dieu de mon empêchement : “Si tu étais venu, nous serions restés chez nous au lieu d’aller passer la nuit chez nos enfants. Et qui sait ce qui nous serait arrivé. Un Scud est tombé sur notre maison et l’a entièrement démolie. C’est un miracle que tu ne sois pas venu.” (Elie Wiesel, Mémoires 2, Editions du Seuil, 1996, p. 148).

Elie Wiesel est donc incontestablement un rescapé de la guerre du Golfe. Son aventure est d’autant plus extraordinaire que, ainsi qu’il le reconnaît lui-même, “les Scuds n’ont fait aucune victime. L’homme qui est mort à Bnei Brak ? Crise cardiaque. Ailleurs, une femme s’est enfermée dans une armoire et a récité des psaumes. La pièce s’est effondrée, mais l’armoire est restée intacte.” On vous le dit : Israël est le pays des miracles !

Elie Wiesel et les enfants dans les flammes

Elie Wiesel a aussi connu évidemment les atrocités des camps de la mort. Personnellement l’expérience des camps de la mort. C’est avec beaucoup d’émotion qu’il relate les atrocités qu’il a pu voir de ses yeux : “C’est en rêve, un mauvais rêve de Dieu, que les êtres humains lancent des enfants juifs vivants dans les flammes des fosses béantes. Je relis ce que je viens d’écrire, et ma main tremble, tout mon être tremble. Je pleure, moi qui pleure rarement. Je revois les flammes, et les enfants, et je me répète qu’il ne suffit pas de pleurer. Il m’a fallu du temps pour me convaincre que je ne m’étais pas trompé.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 102).

 Elie Wiesel et les geysers de sang

Ce qu’il a vu est tout simplement inouï ; mais ce qu’il a entendu dire l’est peut-être plus encore. Dans Paroles d’étranger, il relate les massacres de Babi-Yar, en Ukraine, où les Allemands avaient exécuté des Soviétiques, dont de nombreux juifs: “Plus tard, j’appris par un témoin que, pendant des mois et des mois, le sol n’avait cesser de trembler ; et que, de temps en temps, des geysers de sang en avaient giclé.” (Paroles d’étranger, Seuil, 1982, p. 86).

On peut rapprocher ce témoignage avec celui qu’a laissé un prix Nobel de littérature, Isaac Bashevis Singer, qui relate, dans l’un de ses romans intitulé L’Esclave, les atrocités innommables commises par les Cosaques au XVIIe siècle : “Les Cosaques avaient presque rasé la ville, écrit Singer ; ils avaient tué, égorgé, brûlé, pendu ; mais il y avait eu quelques survivants… Les assassins avaient même retourné les tombes. Pas un seul chapitre des rouleaux sacrés, pas une seule page des livres de la maison d’étude ne restaient intacts… “Pourquoi ceci nous est-il arrivé ? demanda l’un des hommes. Josefov était un foyer de la Torah. ─ C’était la volonté de Dieu, répondit un autre. ─ Mais pourquoi ? Quels péchés les petits enfants avaient-ils commis ? Ils les ont enterrés vivants… ─ Quel mal leur avions-nous fait ?… Le Créateur avait-il besoin des Cosaques pour révéler sa nature ? Était-ce une raison suffisante pour enterrer vivants des enfants ?

L’antisémitisme est décidément incompréhensible, aujourd’hui comme autrefois.

 “Les puissances du Mal” ne cesseront-elles donc jamais leur œuvre de destruction ? Comme toujours, les bourreaux rivalisaient de cruauté envers leurs victimes, faibles et désarmées. A lire le romancier Isaac Bashevis Singer, le raffinement des Cosaques dans ce domaine n’a rien à envier à celui des Allemands : “Ils ont empalé Moishe Bunim et il ne cessa pas de gémir de toute la nuit. ─ Vingt Cosaques ont violé ta sœur Leah et puis ils l’ont coupée en morceaux… On ne pouvait concevoir qu’en ce monde, on massacrait des enfants, on les enterrait vivants et que la terre s’imbibait de sang, comme au temps de Caïn.” (Isaac Bashevis Singer, L’Esclave, 1962, Stock, 1993, pp. 100, 103, 120).

Il faudrait tout de même vérifier si cette image récurrente n’est pas déjà dans le Talmud ou l’Ancien Testament.

 Elie Wiesel doit choisir

18 janvier 1945 : l’Armée rouge se trouve à quelques kilomètres d’Auschwitz… Berlin décide d’évacuer les détenus vers l’intérieur de l’Allemagne. Une agitation fébrile règne dans toutes les baraques… Mon père vient me voir à l’hôpital. Dans le désordre général, on le laisse entrer. Je lui dis : “les malades peuvent rester au KB, mais… ─ Mais quoi ? demande mon père. ─ Il y a que… je ne veux pas me séparer de toi.” J’ajoute : “Mais tu pourrais rester avec moi, tu sais. ─ Est-ce possible ? demande-t-il. ─ Oui, c’est possible.” Il y a de la place. Aujourd’hui, la surveillance se relâche. Dans le va-et-vient, tout est possible. Idée tentante, mais nous la repoussons. Nous avons peur. Les Allemands ne laisseront pas de témoins derrière eux ; ils les tueront. Tous. Jusqu’au dernier. C’est dans la logique de leur monstrueuse entreprise. Ils feront tout sauter pour que le monde libre n’apprenne pas la nature et l’étendue de leurs crimes.”

Voilà comment Elie Wiesel et son père choisirent de partir avec les Allemands, plutôt que d’attendre l’Armée rouge. Ceux des malades qui étaient restés, contrairement aux prévisions des Wiesel, père et fils, n’avaient finalement pas été exterminés : “Que serait-il advenu de nous si nous avions choisi de rester ? Tous les malades, ou presque tous, ont survécu. Libérés par les Russes neuf jours plus tard. Autrement dit, si nous avions choisi de rester à l’infirmerie, mon père ne serait pas mort de faim et de honte dix jours après, à Buchenwald.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 119). On soignait donc les gens à Auschwitz, et même les pauvres juifs.

Comment Elie Wiesel a stupéfié le médium

Lors d’un voyage de jeunesse en Inde, Elie Wiesel raconte encore une de ses histoires stupéfiantes : “Un Sage m’aborde à la sortie de mon hôtel à Bombay : “Pour cinq roupies je te dirai ton avenir.” Je lui réponds : “Je vous en donne dix si vous me dites mon passé.” Interloqué, il me demande de noter ma date de naissance et une date quelconque sur un bout de papier. Il le saisit d’un geste rapide, me tourne le dos pour faire ses calculs, et reste un moment figé. Quand il se retourne, il semble effrayé : “Je vois des cadavres, dit-il. Beaucoup de cadavres.” Là, il m’étonne. Il ne peut pas savoir ce que le 11 avril 1945 signifie pour moi. Et pourtant.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 287).

 Elie Wiesel invente un langage

Elie Wiesel a fortement incité les survivants d’Auschwitz à témoigner, pour ne pas oublier. “En vérité, dit-il, mon principal souci a toujours été les rescapés. En écrivant, j’ai essayé de les convaincre de la nécessité et de la possibilité du témoignage : “Faites comme moi, leur disais-je. Déposez, racontez, même s’il vous faut inventer un langage.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 443).

 Elie Wiesel et la bénédiction du rabbi

Se rendant “à Bnei Brak, le faubourg le plus religieux de Tel-Aviv”, il y rencontre le vieux Rabbi Israël : “Il me fait parler de mes travaux. Il veut savoir si les histoires que je raconte dans mes livres sont vraies, c’est-à-dire si elles sont vraiment arrivées. Je lui réponds : “Rabbi, en littérature, c’est ainsi : il y a des choses qui sont vraies, et pourtant, elles ne sont pas arrivées ; et d’autres qui ne le sont pas, alors qu’elles sont arrivées.” J’aurais tellement souhaité recevoir sa bénédiction.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 347).

 Elie Wiesel vole dans les airs

Dans L’Industrie de l’holocauste, paru en 2000, Norman Finkelstein a lui aussi relevé les multiples contradictions d’Elie Wiesel.

Ainsi, Wiesel raconte dans ses Mémoires qu’à sa sortie de Buchenwald, à l’âge de 18 ans, il a “lu la Critique de la raison pure, ne riez pas, en yiddish”. Et Norman Finkestein rappelle que Wiesel avait pourtant affirmé qu’à cette époque-là, il ignorait tout de la grammaire yiddish. Mais surtout, ajoute malicieusement Finkelstein, “la Critique de la raison pure n’a jamais été traduite en yiddish”. Et il poursuit : “Wiesel se souvient aussi, de la façon la plus détaillée, d’un “mystérieux érudit talmudiste” qui “apprit le hongrois en quinze jours, juste pour m’étonner”. Il a raconté à un hebdomadaire juif qu’il avait souvent “la voix enrouée ou même aphone” à force de se lire ses propres livres “à haute voix en lui-même”.

 Il a raconté à un reporter du New York Times qu’il avait été heurté par un Taxi à Times Square : “J’ai parcouru la distance d’un bloc en vol plané. J’ai été heurté au coin de Broadway et de la 45e rue, et l’ambulance m’a ramassé à la 44e.” Je présente la vérité sans fard, dit Wiesel. Je ne peux pas faire autrement.”

Sources : Elie Wiesel, All Rivers, pp. 121 à 130, 139, 163-164, 201-202 et 236. Jewish Week, 17 septembre 1999. New York Times, 5 mars 1997, in Norman Finkelstein, L’Industrie de l’holocauste, La vieille Taupe, 2000, p. 84.

 Elie Wiesel indigné

Dans ses Mémoires, Elie Wiesel s’indigne de l’incrédulité de certains membres de la communauté juive concernant les témoignages des “survivants”. Il en est ainsi par exemple de cet Alfred Kazin, critique “inconnu en France, mais écouté en Amérique”, qui se permet d’émettre des doutes concernant la sincérité de la douleur des rescapés :

Au début, poursuit Wiesel, nous nous voyons ou nous téléphonons régulièrement. Il fait partie d’un jury littéraire fondé par les survivants de Bergen-Belsen dont un certain Yossel est le président : Kazin nous accompagne à Belsen, puis à Jérusalem, et Yossel le comble : chambre d’hôtel plus que confortable, argent de poche, cadeaux pour lui et sa femme. Il l’invitera même chez lui. Et tout ce que cet intellectuel new yorkais a trouvé à dire de cette visite, dans un article pompeux et suffisant, c’est que l’épouse de Yossel était propriétaire non seulement d’un appartement luxueux mais aussi d’un numéro démesurément grand tatoué sur le bras : comme si elle se l’était fait faire exprès chez Cardin…

 Pire que tout le reste : dans un texte où il essaie de rappeler “ce qu’il doit” à Primo Levi et à moi-même, il écrit qu’il ne serait pas surpris d’apprendre que j’ai inventé l’épisode de la pendaison dans La Nuit.” (Mémoires, tome I, Seuil, 1994, p. 436).

Une centaine de pages plus haut, à la page 342 du tome premier de ses Mémoires, Elie s’était déjà vu obligé de rectifier une note de Mauriac dans un de ses Blocs-notes, en 1963, dans laquelle celui-ci citait les “quatre romans” d’Elie Wiesel : La Nuit, L’Aube, Le Jour, La Ville de la chance : “La Nuit n’est pas un roman”, tient à préciser Elie Wiesel, pour ceux qui en douteraient encore.

Hervé Ryssen

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