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Ukraine : le sort des juifs en Galicie 1 & 2 – Par Olivier Berruyer

25 juin 20141
Ukraine : le sort des juifs en Galicie 1 & 2 – Par Olivier Berruyer 3.53/5 17 votes

Publié le : 23 & 24 juin 2014

Source : les-crises.fr 1 & 2

ATTENTION : billet contenant des images très dures

1ère partie

Les pogroms de Lviv en 1941

Le 30 juin 1941, les Soviétiques abandonnent Lviv face à l’arrivée des troupes allemandes. Le NKVD commet alors des assassinats de masse dans les 3 prisons de la ville, tuant environ 2 500 prisonniers (surtout Ukrainiens, de l’OUN, mais aussi des Polonais et des Juifs – prisonniers politiques comme droits communs).

exécution du nkvd

victimes du nkvd

Les Juifs furent publiquement accusés par les Allemands d’avoir perpétré ce massacre des prisonniers ukrainiens de Lviv. Ils enflammèrent la population avec une propagande antisémite et appuyèrent la création par l’OUN-B de la Milice Populaire Ukrainienne (UPM), dont les membres portaient des brassards blancs ou aux couleurs du drapeau ukrainien. Cette milice se lança alors dans un vaste pogrom. Cette milice était secondée par des jeunes gens ordinaires. Des milliers de juifs furent battus, fréquemment à mort. Le nombre de juifs assassinés se situe autour de 4 000 morts. Dès le 1er juillet, cette milice UPM de l’OUN fut subordonnée à la SS, et perdura jusqu’au 13 aout 1941, aidant les Allemands autant qu’elle pouvait.

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Kurt Lewin, un survivant de ce pogrom, témoigne ainsi qu’il avait particulièrement peur « d’un homme élégamment vêtu d’une belle chemise brodée [souvent porté par les membres de l’OUN], qui battait [les Juifs] avec une canne en métal. Au fur et à mesure, il ne frappait plus que les têtes. À chaque coup, il arrachait des bandes de peau. Il a fait sortir les yeux de certaines personnes, et arraché des oreilles. Lorsque sa canne a éclaté, il a immédiatement attrapé un gros morceau de bois carbonisé et fracassé le crâne de mon voisin. Le crâne a éclaté et le cerveau a éclaté, éclaboussant dans toutes les directions, y compris sur mon visage et mes vêtements. » [Kurt Lewin, J’ai survécu, Varsovie 2006, pp 58-59]

Un second pogrom a lieu durant trois jours fin 1941, tuant 2 000 Juifs et en battant 6 000 autres. À la même époque, quelques 3 000 personnes, en majorité juives furent exécutées dans le stade municipal par l’armée allemande.

Les pertes humaines

Au total, environ 20 000 juifs furent tués dans des pogroms en Ukraine occidentale en juillet 1941, et plusieurs milliers furent fusillés par les Einsatzkommandos.

Un ghetto de 120 000 Juifs est alors créé à Lviv fin 1941. Il sera entièrement liquidé en deux ans dans le camp d’extermination de Belzec. Au retour des Soviétiques en juillet 1944, il ne restait environ que 800 Juifs survivants – dont le célèbre chasseur de nazis Simon Wiesenthal.

Simon Wiesenthal

Selon un rapport du 30 juin 1943 de Fritz Katzmann, chef de la police et de la SS de Galicie, 434 329 Juifs avaient été assassinés dans son seul district. À la fin de la guerre, environ 1,5 million de Juifs ukrainiens avaient été exterminés par les Nazis et leurs supplétifs locaux. Comme il est apparu à Nuremberg, les Allemands avaient de plus tué dans la région de Lvov 700 000 Soviétiques.

Les nationalistes ukrainiens

L’implication des nationalistes ukrainiens dans ces évènements est accablante. Les membres de l’OUN-B étaient des antisémites enthousiastes. Pour eux, l’ennemi principal était les Polonais et les Russes, mais les Juifs étaient un « problème » parce qu’ils n’étaient pas Ukrainiens et parce qu’ils estimaient qu’ils aidaient les Soviétiques à envahir le territoire ukrainien.

L’Organisation des nationalistes ukrainiens avait adopté en 1929 les Dix commandements des nationalistes ukrainiens, auxquels étaient censés adhérer tous les membres de l’Organisation. Ce Décalogue indiquait : « N’hésitez pas à effectuer les actes les plus dangereux » et « Traitez les ennemis de votre nation avec haine et cruauté. ».

En mai 1941, lors d’une réunion à Cracovie la direction de l’OUN-B indiqua que « Les Juifs en URSS constituent le soutien le plus fidèle du régime bolchevique, et l’avant-garde de l’impérialisme moscovite en Ukraine. Le gouvernement moscovito-bolchévique exploite les sentiments anti-juifs des masses ukrainiennes pour détourner leur attention de la véritable cause de leur malheur et de les canaliser dans un moment de frustration dans les pogroms contre les Juifs. L’OUN combats les Juifs en tant que pilier du régime moscovito-bolchévique et, simultanément, il rend les masses conscientes du fait que l’ennemi principal est Moscou. »

Lors de cette réunion, l’OUN a adopté le programme « Lutte et l’action de l’OUN pendant la guerre » qui décrit le plan d’action lors du début de l’invasion nazie de l’URSS. Dans la section G de ce document – « Directives pour les premiers jours de l’organisation du nouvel État ukrainien », est dressée la liste des activités à mener durant l’été 1941. Dans le paragraphe « Politique envers les minorités » l’OUN-B ordonne : « Les Moscovites, les Polonais et les Juifs nous sont hostiles et doivent être exterminés dans cette lutte, en en particulier ceux qui résisteraient à notre régime : il faut les reconduire dans leurs terres, surtout : détruire leur intelligentsia qui pourrait être dans des positions de pouvoir. […] Les soi-disant paysans polonais doivent être assimilés, et il faut détruire leurs leaders. […] Les Juifs doivent être isolés, relevés de leurs fonctions gouvernementales pour empêcher le sabotage, et ceux qui sont jugés nécessaires ne pourront travailler qu’avec un surveillant. […] L’assimilation des Juifs n’est pas possible. »

Le 25 juin 1941, Stetsko – le futur « chef de l’État », donc -, dans un rapport à Bandera, écrivait déjà : « Nous créons une milice qui aidera à éliminer les Juifs et à protéger la population. ».

Stetsko avec ses anciens maîtres donne du pain et du sel aux envahisseurs allemands

Stetsko après la guerre avec son nouveau maître : George Bush responsable de la CIA

En aout 1941, le même Stetsko écrivit son autobiographie, qui contenait plusieurs passages antisémites notoires, en particulier, il y déclarait qu’il considérait le marxisme comme un produit de la pensée juive, mise en pratique par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des Juifs ; que Moscou et le judaïsme sont les porteurs des idées internationales des bolcheviks. Il y déclare aussi :

« Bien que je considère que c’est Moscou, qui en fait tient l’Ukraine en captivité, et non pas les Juifs, comme l’ennemi principal et décisif, je considère tout de même pleinement le rôle indéniablement nuisible et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir Ukraine. Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler. »

Les mémoires de Stetsko

Les rapports de l’OUN ont été conservés. On y lit par exemple ceci :

« N° 82 P

Ville de Lvov, le 28 juillet 1941.

Au service de sécurité de l’OUN de Lvov, le père Tabinsky nous informe : « Notre milice procède maintenant à de nombreuses arrestations de juifs, avec les services allemands. Avant leur liquidation, les Juifs se défendent par tous les moyens, et, en premier lieu, par l’argent ».

Suivant les informations du père Tabinsky, il y a, parmi nos miliciens, certains qui, pour de l’or ou de l’argent, libèrent des juifs : ils doivent être arrêtés. Nous n’avons pas de données concrètes, mais nous vous transmettons ceci pour informations et utilisation ultérieure.

Gloire à l’Ukraine !

Organisation des nationalistes ukrainiens OUN.»

Dans un rassemblement le 6 juillet 1941, les membres de l’OUN déclarèrent : « Les Juifs doivent être traités durement. […] Nous devons en finir avec eux. […] En ce qui concerne les Juifs, nous allons adopter des méthodes qui conduiront à leur destruction. »

Après l’emprisonnement de Bandera, les bataillons ukrainiens de la Wehrmacht Nachtigall et Roland furent alors dissous fin 1941, et les activistes volontaires de l’OUN-B furent affectés à l’Ukrainian Schutzmannschaften, une milice auxiliaire de police. Cette milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants. Le leader militaire de l’OUN-B Roman Shukhevych devint commandant du 201st Schutzmannschaft Battalion, qui sévit jusqu’en Biélorussie.

Milice auxiliaire de police , la milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants.

Certains bataillons de police prennent directement part à l’extermination de citoyens soviétiques. Par exemple, la police du district de Raïon de Ratne, sous la direction de Logvinski et Seniok, détruit entièrement, le 23 septembre 1942, le village de Kortelisse. Il est entièrement incendié et 2 892 habitants pacifiques sont fusillés (dont 1 620 enfants). Les villages voisins de Birk, Sabaloty, Borisovka sont également détruits.

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2ème partie

 Le plus grand massacre par balle de Juifs de toute la guerre eut lieu à la fin du mois de septembre 1941, près de Kiev

Le 19 septembre 1941, la Wehrmacht entra dans Kiev, qui comptait 900 000 habitants dont 120 000 à 130 000 Juifs. Le 26 septembre 1941, Kiev est prise et plus de 665 000 soldats russes sont faits prisonniers. Les forces spéciales du NKVD présentes à Kiev connaissant la tactique d’occupation des Allemands avaient préparé un gigantesque piège. L’armée allemande avait pour habitude d’utiliser les installations officielles comme poste de commandements, symbolisant leur prise officielle de pouvoir en s’établissant dans les sièges locaux du gouvernement soviétique mais aussi dans les locaux du Parti Communiste. Ce faisant, le NKVD avait dissimulé plus d’une dizaine de milliers de charges explosives et de mines dans la plupart des bâtiments publics et laissé un commando sur place chargé de les faire sauter une fois les Allemands en position dans l’espoir de décimer le commandement de la Wehrmacht de la zone et renouvelant la longue tradition russe de politique de la terre brûlée.

Les charges furent mises à feu le 24 septembre déclenchant un gigantesque incendie qui dura cinq jours et tua des milliers de soldats allemands.

Ce sont les Juifs qui furent tenus pour responsables de cette ruse de guerre. Le 28 septembre un communiqué ordonna à tous les Juifs de Kiev et des environs de se présenter le lendemain, jour de Yom Kippour :

« Tous les Juifs de Kiev et de ses environs devront se présenter le lundi 29 septembre 1941 à 8 heures du matin à l’angle des rues Melnikovskaïa et Dokhturovska (près des cimetières). Ils devront être munis de leurs papiers d’identité, d’argent, de leurs objets de valeurs, ainsi que de vêtements chauds, de linge, etc. Les Juifs qui ne se conformeront pas à cette ordonnance et seront trouvés dans un autre lieu seront fusillés. Les citoyens qui pénétreront dans les appartements abandonnés par les Juifs et s’empareront de leurs biens seront fusillés. »

En outre, pour renforcer la propagande, les Allemands répandirent la rumeur que les Juifs seraient réinstallés dans des camps de travail. Des milliers de Juifs ont ainsi suivi cet ordre, bien plus que prévu.

Selon un rapport de Paul Blobel, commandant de l’Einsatzgruppe C (Unité mobile de tuerie), qui a préparé et conduit les exécutions : « À l’origine, nous avons estimé l’arrivée de seulement 5 000 / 6 000 Juifs, mais, en fait, environ 30 000 Juifs se sont présentés d’eux-mêmes, croyant jusqu’au moment de leur liquidation qu’ils seraient réinstallés ailleurs, en raison de la grande efficacité de notre section de propagande. »

Les forces allemandes ont été largement aidées par l’utilisation de la milice auxiliaire de police, dont les forces rassemblèrent et conduisirent les Juifs par groupes de 100 à Babi Yar (« Ravin des bonnes femmes »), un ravin près de la ville, de 150 mètres de longueur, 30 mètres de largeur et 15 mètres de profondeur. Les environs entiers du ravin avaient été clôturé par des barbelés, et ont été bouclés par trois rangées de soldats: le cercle extérieur a été occupé par la police ukrainienne, le deuxième avec la police et les Allemands d’Ukraine, et le cercle intérieur avec des Allemands seulement.


Les colonnes de Juifs furent alors brutalisées dans le ravin, forcées à empiler leurs biens puis à se déshabiller, et enfin à s’allonger contre la paroi du ravin, où des soldats allemands les tuèrent par groupe de 10 à coups de mitrailleuses – c’est la tristement célèbre « Shoah par balles », qui causa tellement de dégâts psychologiques chez les soldats que les Nazis durent créer par la suite les camps d’extermination. Parmi les 1 500 bourreaux du massacre de Babi Yar, il y avait 1 200 policiers de l’OUN et seulement 300 Allemands…

« C’était comme une migration de masse. […] Les Juifs chantaient des chants religieux en chemin. Sur le quai, on leur prenait leur nourriture et leurs biens. […] Alors les Allemands commençaient à pousser les Juifs pour former de nouvelles files, plus étroites. Ils se déplaçaient très lentement. Après une longue marche, ils arrivaient à un passage formé par des soldats allemands avec des massues et des chiens policiers. Les Juifs étaient fouettés sur leur passage. Les chiens se jetaient sur ceux qui tombaient mais la poussée des colonnes qui se pressaient derrière était irrésistible et les faibles et les blessés étaient piétinés. […]

Meurtris et ensanglantés, paralysés par le caractère incompréhensible de ce qui leur arrivait, les Juifs débouchaient sur une clairière d’herbe. Ils étaient arrivés à Babi Yar, devant eux se trouvait le ravin. Le sol était jonché de vêtements. Des miliciens ukrainiens, surveillés par des Allemands, ordonnaient aux Juifs de se déshabiller. Ceux qui hésitaient, qui résistaient, étaient battus, leurs vêtements arrachés. Il y avait partout des personnes nues, ensanglantées. L’air était empli de cris et de rires convulsifs. » [Davidowicz, What is the use of Jewish History, p. 106-107]

Dans son Histoire de la Shoah, George Benssoussan retranscrit le témoignage d’un membre du commando spécial SK4a, Kurt Werner :

« Immédiatement après mon arrivée sur les lieux d’exécution, j’ai dû descendre au fond de ces gorges avec mes camarades. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que les premiers Juifs soient amenés et descendent la pente. Les Juifs devaient se coucher le visage contre la paroi du gouffre. Au fond du gouffre, les tireurs avaient été divisés en trois groupes d’environ douze hommes. Les Juifs étaient tous conduits en même temps aux pelotons d’exécution. Les suivants devaient s’allonger sur les corps de ceux qui venaient d’être exécutés. Les tireurs se mettaient derrière eux et les abattaient d’une balle dans la nuque. Je me souviens encore aujourd’hui qu’ils étaient saisis d’épouvante dès qu’ils arrivaient au bord de la fosse, et apercevaient les cadavres. Beaucoup d’entre eux, terrifiés, ont commencé à crier. » [Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux, « c’était le bon temps » la vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990, p. 61]

En raison de leur nombre, les Allemands ne purent pas tuer tous les Juifs immédiatement. L’historien Felix Levitas écrit:

« Les bourreaux n’ont pas eu assez de temps pour terminer leur travail. Par conséquent, ils ont commencé à mettre deux personnes ensemble, tête contre tête, de sorte qu’une seule balle puisse tuer deux personnes. Les personnes blessées ont été achevées avec des pelles. Les enfants ont été jetés dans le Yar et enterrés vivants. »

Sergey Ivanovich Loutsenko, ancien gardien du cimetière Lukianovska avoisinant, a déclaré:

« Ils ont tiré sur les gens du matin au soir. La nuit, les Allemands sont allés dormir. Le reste des victimes a été enfermé dans des garages vides. Cela a continué pendant cinq jours. Les Nazis ont amenés de plus en plus de personnes avec des camions, qui repartaient chargés des vêtements des victimes. »

Iryna Khoroshunova, habitante de Kiev, écrit indique dans son journal le 2 octobre 1941 :

« Chacun dit maintenant que les Juifs sont assassinés. Non ; ils ont déjà été tués. Tous. Sans exception. Vieilles personnes, femmes, enfants. […] Les gens en parlent d’une telle façon qu’aucun doute n’est permis. Pas un seul train n’a quitté la gare de Bahnhof Lukianivka. Des gens ont vu des camions avec des foulards et d’autres objets partant de la gare. « Minutie » allemande ! Ils ont déjà trié leurs rapines ! Une jeune fille russe a accompagné son amie au cimetière et s’est glissée de l’autre côté de la clôture : elle a vu comment des gens nus ont été poussés vers Babi Yar et a entendu les rafales d’une mitrailleuse. Il y a de plus en plus de rumeurs et de nouvelles. Trop monstrueuses pour y croire. Mais nous sommes obligés d’y donner foi, car le massacre des Juifs est une réalité. Une réalité qui nous rend fous. […] Mes cheveux se dressent sur ma tête. […] Il est impossible de vivre en sachant cela. »

Selon le rapport de l’Einsatzgruppe C, en date du 7 octobre, 33 771 Juifs furent assassinés les 29 et 30 septembre 1941. Il est également avéré que les services du SD et de la SIPO de Kiev reçurent des corbeilles entières de lettres de civils ukrainiens dénonçant des Juifs.

300 prisonniers de guerre soviétiques ont ensuite travaillé à stabiliser le sol au-dessus des fosses communes et à faire le tri des affaires.

En août 1943, face à l’avancée des Soviétiques, les restes des victimes furent exhumés et brulés. Efim Vilkis, un des rares survivants, témoigne :

« Mi-aout, la SS a mobilisé une centaine de prisonniers de guerre russes, qui ont été emmenés dans le ravin. Le 19 août, ces hommes ont reçu l’ordre d’exhumer tous les corps dans le ravin. Pendant ce temps, les Allemands en ont emmené une partie dans un cimetière juif à proximité, afin qu’ils portent des pierres tombales en marbre à Babi Yar pour former la base d’un énorme bûcher. Au-dessus de ces pierres étaient entassés une couche de bois, puis une couche de corps, et ainsi de suite jusqu’à ce que le bûcher soit haut comme une maison de deux étages. Eniron 1 500 corps ont ainsi été brûlés lors de chaque opération du four, chaque bûcher prennant deux nuits et un jour pour brûler complètement. La crémation a duré 40 jours, puis les prisonniers, qui à cette époque comprenaient 341 hommes, ont reçu l’ordre de construire un autre four. Comme c’était le dernier four et qu’il n’y avait plus de corps à brûler, les prisonniers ont compris qu’il était pour eux. Ils ont alors tenté de s’évader le 29 septembre, mais seulement 14 ont survécu aux balles des mitraillettes nazies. » [NewsWeek, 6/12/1943] [Attention, violent]

Hermann Graebe, directeur d’une entreprise de construction au service de l’armée allemande en Ukraine, a décrit au procès de Nuremberg une tuerie à laquelle il a assisté :

« J’entendis alors des coups de fusil se succéder rapidement, provenant de derrière un des monticules de terre. Les gens qui étaient descendus des camions – hommes, femmes et enfants de tous âges – devaient se dévêtir sur les ordres d’un SS qui avait un fouet de cheval ou de chien. Ils devaient poser leurs vêtements à des endroits déterminés. Je vis un tas de chaussures de 800 à 1 000 paires, d’immenses piles de linge de corps et de vêtements.

Sans crier, sans pleurer, ces personnes se déshabillaient, se groupaient par familles, s’embrassaient les unes les autres, se disaient adieu et attendaient le signe d’un autre SS qui se tenait près de la fosse, également un fouet à la main. Pendant le quart d’heure que je restai là, je n’entendis ni plainte ni appel à la pitié. J’observais une famille d’environ 8 personnes, un homme et une femme d’une cinquantaine d’années avec leurs enfants d’environ 1, 8 et 10 ans et deux grandes filles de 20 et 24 ans environ (…). Le père tenait par la main un petit garçon d’une dizaine d’années et lui parlait doucement (…). À ce moment, le SS qui se trouvait près de la fosse cria quelque chose à son camarade. Ce dernier compta environ 20 personnes et leur dit d’aller derrière le monticule de terre. Parmi elles était la famille que j’ai mentionnée. Je fis le tour du monticule et me trouvai en face d’une énorme fosse. Les gens étaient étroitement serrés les uns contre les autres et les uns sur les autres, de sorte que seules les têtes étaient visibles. Presque tous avaient du sang qui coulait de leur tête sur leurs épaules. Quelques-uns de ceux qui avaient été fusillés remuaient encore… »

En 1942, les services secrets allemands ont conclu que les nationalistes ukrainiens étaient indifférents au sort des Juifs, et étaient prêts soit à les tuer ou soit à les aider, en fonction de ce qui servirait le mieux leur cause (cas des médecins juifs ou des travailleurs qualifiés par exemple, mis à l’abri par l’UPA).

Moshe Maltz, un Juif vivant caché près de Lviv, a ainsi entendu un ami polonais lui raconter « qu’environ 40 Juifs se cachaient dans les bois près de chez lui, mais que les gangs de Bandera sont venus et les ont tous tués. ». Maltz a indiqué que « Quand les gangs de Bandera trouvaient un Juif, ils considèrent que c’est une prise de haute valeur. Il en était de même pour les Ukrainiens de base. Ils voulaient tous participer à l’acte héroïque de tuer un Juif. Ils ont littéralement taillé les Juifs en pièces avec leurs machettes. »

Olivier Berruyer

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Une réponse pour Ukraine : le sort des juifs en Galicie 1 & 2 – Par Olivier Berruyer

  1. willem Vanderveken le 29 août 2018 à 10 h 35 min

    HELLO MON PERE ESTAIS DANS LES PRISON PENDANT LA GEURRE EN RFA /Prisoner en belgique eben emal, 1 anne,il comme soldat de l’

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