Politique France

Lettre ouverte de La Plume à Serge Ayoub

20 août 20142
Lettre ouverte de La Plume à Serge Ayoub 4.99/5 76 votes

 

« Et ne m’en veux pas si je te tutoie, je dis « tu » à tous ceux que j’aime » – Jacques Prévert

Mon cher Serge,

Je te suis depuis un bon petit moment déjà…

Avec méfiance, si ce n’est défiance, dans un premier temps : la propagande du politiquement correct, même quand on tente de s’en libérer, mais qu’on l’a comme tant d’autres subie depuis des décennies, laisse toujours quelques traces. Avec curiosité dans un second temps, quand j’ai commencé à lire et à écouter ce que tu disais réellement, au lieu de ne faire qu’intégrer ce que d’autres écrivaient ou disaient de toi. Avec intérêt ensuite, lorsque j’ai constaté nos convergences sur bien des points, malgré nos origines politiques et philosophiques si radicalement différentes. Avec gourmandise enfin lorsque j’ai commencé à relayer régulièrement tes prises de position sur La Plume à Gratter.

J’ai dû pour cela me défaire d’un certain nombre d’à priori, d’idées reçues, ce qui est toujours un point positif et gratifiant pour celui qui essaie humblement d’être – tout simplement – un honnête homme. Car comme l’avait si joliment dit l’architecte Le Corbusier (et c’est à peu près tout ce qu’il y a à sauver de son œuvre) : « Je me réveille tous les matins dans la peau d’un imbécile, et j’ai toute la journée pour essayer d’en sortir ». Avoir changé d’avis sur quelqu’un parce que l’on avait tort, que l’on pensait sans savoir, en un mot se coucher un peu moins con qu’on ne s’était levé est toujours, et même si elle est au final bien petite, une fort louable victoire personnelle.

Oui, j’ai dû tout simplement apprendre à t’écouter, à te lire, sans préjugés, et pour ce faire décider de passer outre certaines images d’Epinal qui ont sacrément la vie dure : oublier le look skinhead, les vêtements noirs, les chaussures Dr. Martens (je dis peut-être des bêtises, ne m’en veux pas, je n’y connais rien sur le sujet)… en un mot comme en cent, mettre de côté ce fameux et fumeux délit de « sale gueule »… On a beau savoir que « l’habit ne fait pas le moine »… on s’y fait bien souvent prendre quand même, et c’est singulièrement idiot, pour rester très poli.

Oui, nous n’avons certes pas suivi le même parcours, tous les deux, et très loin s’en faut. Et pourtant… nous nous retrouvons – me semble-t-il – à présent presque exactement au même endroit : celui que notre amour profond et sincère de notre pays, que notre conception de son intérêt, de sa spécificité, de sa culture, de ses valeurs, nous ont aujourd’hui fait rejoindre au bout de notre chemin, parfois après mille et un détours, mais qui ne nous ont pourtant sans doute jamais fait perdre de vue l’essentiel : la France.

Nous nous y retrouvons, je le vois en te lisant, je l’entends en t’écoutant, après tant d’espérances puis de désillusions, tant de coups de cœur puis de coups de gueule pour moi. Après tant d’engagements, de déceptions et trahisons, tant de coups de poing sans doute aussi pour toi.

Nous nous y retrouvons, et définitivement aujourd’hui, après ton communiqué les errements de la doctrine Chauprade et ton entrevue sur le même sujet avec l’Agence Info Libre, un texte et une vidéo que j’ai relayés d’enthousiasme sur La Plume à Gratter, deux prises de position qui me font à présent prendre la plume pour t’écrire les quelques mots de cette lettre ouverte. Parce que ton article était déjà remarquable. Parce que ton entrevue est carrément épatante. Parce qu’il n’y a rien à mon sens à y redire, rien à y retrancher. Et rien à y rajouter.

Parce que très agacé pour ne pas dire consterné, moi aussi, par cette « doctrine Chauprade », assez sidérante, désespérante même pour qui (comme c’était mon cas) le suivait depuis longtemps, et parce que j’avais déjà été tout comme toi je le sais à présent très contrarié, très perturbé même par la récente prise de position incompréhensible de Marine Le Pen concernant la LDJ. Une prise de position, une sortie de route plutôt que j’avais déjà évoquée sur La Plume. Au point de contacter pour la première fois de ma vie le Front National via son site internet, pour lui demander quelques explications. Explications qui m’ont d’ailleurs très largement laissé sur ma faim… J’y reviendrai sur La Plume.

Oui, comme toi, je trouve qu’il est stupéfiant de voir le géopolitologue qui hier encore parlait de la manipulation du 11 septembre 2001 (et qui l’a payé le prix fort), qui dénonçait « l’emprise sionisto-américaine » ou la fabrication pure et simple de l’islamisme radical et terroriste par les officines et services spéciaux américains, se ranger aussi spectaculairement, aussi radicalement derrière la bannière de l’impérialisme US et de son catastrophique, demain peut-être cataclysmique, choc des civilisations. Stupéfiant de voir un homme instruit amalgamer ainsi, avec une telle sottise, un tel aveuglement, le très juste combat pour les valeurs et l’identité de la France, pour l’arrêt radical de l’immigration de masse et l’islamisation de la société qui l’accompagne, et l’appel à la ratonnade nationale et mondiale. Comme j’avais déjà et aussi trouvé particulièrement lamentable la sortie audiovisuelle d’un Gilbert Collard affirmant entre autres inepties que « la pérennité de l’état d’Israël est l’un des fondements de la défense de notre civilisation ».

Avouons que cela commence à faire vraiment beaucoup, et en très peu de temps… De quoi se poser de sérieuses questions. Je souhaite tout comme toi que Marine Le Pen en particulier et le FN en général reprennent rapidement leurs esprits. Car un dirigeant politique ne se grandit jamais à flatter ainsi des communautarismes puissants pour s’attirer de bien hypothétiques bonnes grâces, ou à faciliter, à promouvoir des amalgames grossiers autant qu’ils sont indignes,  pour le coup véritablement racistes et islamophobes. La dédiabolisation oui, la capitulation devant l’oligarchie voire la prostitution médiatique, non ! Et j’espère que tes remarquables analyses sur ce qui vient de se passer, plus encore que mes modestes remarques, aideront à ce ressaisissement qui s’impose. Car comme l’écrivait Jonathan Swift : « l’ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses ; c’est ainsi que l’on grimpe dans la même posture que l’on rampe ».

Merci pour ton travail. Merci pour ta lucidité. Merci pour ton courage, en première ligne de ce combat si nécessaire et même aujourd’hui plus que jamais vital, le combat pour sauver, pour redresser cette France que nous aimons passionnément tous les deux.

Amitiés

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to Lettre ouverte de La Plume à Serge Ayoub

  1. NOURATIN le 20 août 2014 à 16 h 36 min

    Oui mais ce genre de combat ne peut pas se conduire dans le cadre de nos démocraties-médiatiques. Voilà pourquoi, hélas, nous l’avons déjà perdu. Les errements du FN de Marine Le Pen ne s’expliquent que par la nécessité de jouer le jeu électoraliste de la démagogie et de la respectabilité au regard de la Bien-Pensance.
    Depuis 1968, j’ai compris que ce Pays ne verrait jamais plus loin que son nez breton et qu’il se laisserait bouffer par veulerie et par cupidité. Désolé mais l’espoir n’est plus de mise…
    Amitiés.

    • Pascale le 22 août 2014 à 2 h 53 min

      Celui qui a renoncé a y aller, ca. oui? il l’a déjà perdu, le combat…. Mon cher Nouratin? je vous aime bien, mais votre défaitisme est exactement à la racine du délitement français. Il y en a pourtant qui se débattent encore pour tenter d’être une force positive en France (regardez du cote du petit Rougeyron par exemple), de contribuer à une sorte de redressement, ne serait-ce que moral. Et puis il y en a qui restent dans leur coin à se lamenter ou a faire du style avec leur amertume. Qui est attach2 a son petit confort avant tout ? Alors ils sont où, exactement, les « veules », et les « cupides »?
      Si les meilleurs des Français (dont vous êtes,je le pense sincèrement depuis que je vous lis) ont vraiment abandonné la France dans leur cœur, et depuis presque 50 ans, alors oui, « on est foutus ». Personnellement, je n’en crois rien. Et l’espoir est, plus que jamais, un devoir.
      Respectueusement.

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