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Source : bvoltaire.fr
La population ne perçoit pas toujours que le sort des agriculteurs français et celui des professions libérales et réglementées sont liés. Tous sont à sacrifier sur l’autel du grand marché transatlantique. Comme je le disais précédemment, patrons et employés ont défilé main dans la main ; car 1,1 million d’emplois non délocalisables sont en jeu. Il est très important de rappeler que les salariés travaillant pour des professions libérales ne peuvent être délocalisés à bas coût en Roumanie. L’enjeu, au-delà de la survie de notre identité éco-juridique, est donc celui du patriotisme économique et du protectionnisme intelligent.
On me répondra – à juste titre, parfois – que les professions visées par ces réformes (voulues depuis le rapport de la commission Attali de 2007) sont composées principalement de nantis à forts revenus. Cela n’est pas inexact, notaires et pharmaciens comptent parmi les métiers les mieux rémunérés. En outre, l’accès est complexe et nécessite de lourds emprunts pour racheter les charges. Il n’est donc pas incongru de s’interroger sur une amélioration des conditions d’exercice de ces professions. Pour autant, les réformes envisagées, qui ont conduit à cette grève générale, mardi 30 septembre, ont pour objectif de briser des métiers traditionnels, vieux de plusieurs centaines d’années, et qui ont fait la preuve de leur utilité et de leur efficience. Surtout, le gouvernement a, comme à l’accoutumée, cherché à passer en force, sans concertation préalable avec des professionnels qui étaient ouverts au débat et qui se sont largement autoréformés depuis déjà une dizaine d’années.
Emmanuel Macron, plus intelligent qu’Arnaud Montebourg, avait justement reculé sur une notion communément avancée, qui voudrait que la suppression pure et simple du notariat entraînat le gain de 6 milliards d’euros pour l’État. C’était, bien évidemment, une fausseté et un chiffre fantaisiste, qui n’avait pour seul objectif que de justifier la déréglementation de professions, à l’unique profit de la satisfaction des grands groupes anglo-saxons et européens (cabinet multinationaux d’avocats, chaînes de supermarchés) et des zélotes idéologues atlantistes de Bruxelles.
Le serpent de mer de l’augmentation du pouvoir d’achat est aussi revenu dans les discussions : cet argument est infondé car, partout ailleurs, les déréglementations ont augmenté les tarifs ! Le gouvernement affiche une posture pleinement démagogique en jouant sur l’idée de la « rente ». Parle-t-il ainsi des bonus disproportionnés des traders accordés par cette finance qu’il entendait combattre ?
Ne nous leurrons pas non plus sur Nicolas Sarkozy, lequel achèverait encore un peu plus ces professions et se ferait le premier défenseur du TAFTA (traité transatlantique) et de ses suites, car ces mesures sont conformes à ses convictions. Le Rassemblement Bleu Marine fut le seul, parmi les trois grands partis, à prendre sérieusement la peine d’écouter les revendications de ces corps de métier. Ils ne l’oublieront pas.
Gabriel Robin