Publié le : 28 octobre 2014
Source : blog.despot.ch
Mme Pellerin essuie un feu nourri de tous calibres depuis qu’elle est tombée à l’examen Modiano.
Reconnaissons-lui tout de même deux vertus:
1) La franchise. Une autre se serait débrouillée pour lâcher un titre de roman, évidemment non lu, préparé par son staff. Or la non-lecture des livres est plus fréquente que la lecture selon une enquête dont j’ai jadis retenu les chiffres: 20% seulement des livres achetés sont effectivement lus de la première à la dernière page. Mme Pellerin, qui avoue ne rien lire depuis deux ans (et avant, que faisait-elle?), se situe donc donc dans le pool le plus représentatif des consommateurs de livres français. Et puis, elle ne fait que revendiquer tout haut ce que l’élite politique actuelle pratique tout bas: RIEN. Car la lecture de dépêches AFP et de rapports abscons, dans sa position, équivaut à jouer à Angry Birds sur son smartphone pour tuer le temps.
2) L’esprit d’avant-garde. Pourquoi une ministre de la culture devrait-elle absolument lire alors qu’un(e) ministre de la Défense peut se passer de toute connaissance du maniement des armes, de la pensée de Clausewitz ou du goût de la tambouille? Extrapolons: que demain le ministre des finances avoue qu’il ignore ce qu’est un taux d’intérêt, que le ministre de l’intérieur ne puisse évaluer le nombre des immigrés clandestins, que la ministre de l’environnement exhibe son Hummer V8, que le ministre de l’éducation nationale doive sortir sa calculatrice pour calculer 8×8… On sourit, on rit… et puis l’on se dit que l’impensable est de moins en moins improbable. La précédente occupante du poste de Mme Pellerin (ministère de la Culture, donc, rappelons-le!), Aurélie Filipetti, nous avait déjà ébahis par ses audaces vis-à-vis de l’orthographe française. Et puis, l’Etat français n’a-t-il pas à sa tête un président qui étale quotidiennement son incapacité à présider quoi que ce soit, à commencer par sa vie privée? Si le chef de l’Etat ne cheffe pas, pourquoi sa ministre de la culture se cultiverait-elle?
Le cas Pellerin révolte manifestement davantage que les cas de corruption rutilante qu’on découvre au jour le jour. C’est qu’il est, on le sent confusément, prototypique et peut-être fatidique. Comme le font souvent les systèmes vermoulus, celui dont Mme Pellerin est l’emblème pourrait s’écrouler à partir d’un détail ornemental, comme quand la chute d’une gargouille annonce l’effondrement de la basilique.
Slobodan Despot