Publié le : 31 mars 2015
Source : bvoltaire.fr
Le FN a rassemblé au premier tour 25 % des suffrages au lieu de 16 % (19 % où il était présent) en 2011. En 2015, il a gagné 31 cantons alors que, de 1974 à 2012, il n’en avait emporté que 17 (de plus petite taille). Partout où le FN dirige des mairies, il emporte le canton ou, à tout le moins, la majorité dans la ville qu’il détient. À Béziers et Hénin-Beaumont, le FN réalise même le grand chelem (tous les cantons).
Par rapport au passé, le verre paraît plein. Même si, contrairement aux espoirs du premier tour, aucun département n’est tombé dans l’escarcelle du FN : caramba, encore raté ! Reconnaissons que la propagande anti-FN de Valls a été efficace pour aider la gauche… et l’UMP à sauver leurs sièges face au FN. L’énergumène de Matignon peut donc être satisfait : Gracias, Manuel !
Mais pour les régionales de décembre prochain, le FN peut espérer faire un nouveau bond en avant avec un mode de scrutin plus favorable. Les 30 % promis (à tort) pour les départementales par les sondages sont clairement atteignables et même dépassables pour les régionales.
Pour la présidentielle de 2017, la victoire est nettement moins probable. En l’absence de bouleversements majeurs, Marine Le Pen peut difficilement l’emporter sauf à trois conditions : se retrouver face à la gauche, franchir la barre des 42 % au premier tour et disposer d’un programme économique qui n’effarouche pas trop.
1/ Sur les 28 cantons gagnés au deuxième tour, trois l’ont été en triangulaire, 22 en duel avec la gauche, 3 en duel avec la droite. Encore convient-il de noter que, dans ces deux cas, le candidat FN avait atteint près de 46 % au premier tour (Béziers 2) et près de 45 % (Villers-Cotterêts), villes de surcroît détenues par des nationaux, et plus de 47 % à Saint-Dizier.
2/ Face à la gauche, il est possible de gagner à partir de 35 % des suffrages, et plus de la moitié des vainqueurs FN au second tour ont obtenu moins de 42 % au premier. Il est donc beaucoup plus aisé de gagner face à la gauche que face à la droite.
3/ Reste que les reports de voix vers le FN en provenance de l’UMP n’ont pas été bons. Le « ni-ni » semble avoir été écouté. Il est vrai que le FN, qui joue sur du velours sur l’identité et la sécurité, a tendance à délaisser ces thèmes porteurs au profit d’un discours économique dont certains aspects sont de véritables repoussoirs pour l’électorat de droite.
Le succès du FN aux départementales ne doit pas être minimisé. Même s’il doit conduire à s’interroger sur la ligne stratégique : comment parler aux électeurs de droite ? Pour les séduire avant 2017, condition pour gagner, ou, à défaut, s’apprêter à les récupérer en cas d’alternance UMP en 2017. À cet égard, les études d’opinion sont claires : il y a une grande proximité entre les électeurs de l’UMP et ceux du FN, sur les valeurs, sur l’immigration, sur la sécurité et sur la fiscalité. Quant au reste, personne ne croit que, demain, on rasera gratis…
Jean-Yves Le Gallou