Publié le : 13 mai 2015
Source : lepoint.fr
Parce qu’ils critiquent la réforme des programmes scolaires, les intellectuels sont vilipendés par Najat Vallaud-Belkacem. Consigny prend leur défense.
Alain Finkielkraut, un pseudo-intellectuel normalien, agrégé de lettres modernes, ancien titulaire de la chaire de philosophie de l’École polytechnique, auteur de plusieurs essais ayant marqué la pensée de son temps et, par ailleurs, chevalier moderne courageux et poète tire la sonnette d’alarme dans les colonnes du Figaro d’aujourd’hui, par une interview qu’il conclut ainsi : « L’heure est grave et réclame qu’on monte sur ses grands chevaux ». Il s’agit évidemment de la réforme du collège portée avec une obstination ridiculement dogmatique par la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem. Ce matin, celle-ci, sur la radio officielle du gouvernement, France Inter, a en effet insisté sur le fait que cette réforme aurait lieu quoi qu’il advienne. Étrange comportement pour quelqu’un qui s’apprête à changer le cours de l’existence de plusieurs générations de Français. Le doute est le début de la sagesse, pourtant, disait Aristote, mais Aristote aujourd’hui aurait sans doute été perçu comme un pseudo-intellectuel par notre délirante ministre qui, bien qu’elle efface l’enseignement des Lumières au profit de l’islam, devrait essayer de se rappeler que seuls les régimes fascistes font taire les intellectuels.
Ceux-ci sont nombreux à s’élever contre la tentation socialiste, qui est en train de devenir une réalité, de raser le peu qui restait de bon dans l’école républicaine : Régis Debray et Patrice Gueniffey bien sûr (ce sont les premiers à avoir subi les dénigrements de la ministre), mais aussi Pierre Nora, Marc Fumaroli, Jean-Pierre Le Goff, Pascal Bruckner, et Michel Onfray qui avait croisé le fer avec Manuel Valls il y a quelques mois – décidément, ce gouvernement a un problème avec les intellectuels, surtout les intellectuels de gauche !
Démocratiser synonyme d’anéantir
Alain Finkielkraut observe quant à lui qu’il ne s’agit pas simplement d’« imposer l’étude de l’islam, mais de lutter contre « l’islamophobie », à travers une présentation embellissante de la religion et de la civilisation musulmanes ». Il souligne que « convaincus, avec Emmanuel Todd, que Mahomet est « le personnage central d’un groupe faible et discriminé » et que le vivre-ensemble passe par le redressement de l’image de ce groupe dans l’esprit des autres Français, nos gouvernants proposent, en guise de formation, un endoctrinement aussi précoce que possible des élèves ». C’est la même logique qui pousse les pédagogistes à faire disparaître de l’école une certaine culture au prétexte que certains élèves y ont accès par leur naissance. Plutôt que d’essayer de faire en sorte que le plus d’élèves possible accèdent à une culture générale qu’une partie d’entre eux a depuis l’enfance dans les bibliothèques familiales, on supprime purement et simplement cette culture, car elle est inégalitaire. Donc, « l’essor des villes, l’éducation au Moyen Âge ou la pensée humaniste » sont devenus facultatifs. Alain Finkielkraut cingle : « démocratiser est en train de devenir un synonyme d’anéantir ».
Il faut se lever contre la fièvre idéologique de cette gauche hors sol qui est en train de faire n’importe quoi avec les leviers d’un pouvoir que nous lui avons imprudemment confié. Nous ne pouvons pas laisser l’avenir des enfants de France à des apparatchiks aveuglés par leurs certitudes. Il faut monter sur nos grands chevaux, mais il faut surtout, maintenant, battre le pavé, se lever en masse pour calmer les ardeurs de ces fossoyeurs souriants.
Charles Consigny