Publié le : 26 mai 2015
Source : bvoltaire.fr
On dirait un concours. Une compétition pour l’élection du cuistre de l’année. Elle est coiffée par le ministère de l’Education nationale, département de la Direction des programmes.
On croyait avoir atteint le sommet de l’enflure avec les programmes du secondaire rendus publics le mois dernier, monument de propos fumeux et de verbiage abscons dont toute la France – du moins celle qui a conservé une once de bon sens – s’est régalée dans les dîners. Restera ainsi célèbre l’élève qui « traverse l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête » (natation), ou l’apprentissage des langues défini comme « Aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs ». Exemples puisés entre autres âneries pour Trissotins en mal de reconnaissance. Mais les Précieuses ridicules ont aujourd’hui le cul vissé sur leurs fauteuils ministériels et leur pouvoir de nuisance est sans limite.
Le Figaro nous révélait ainsi dimanche les merveilles des programmes à venir pour les cycles 2 et 3, soit du CP à la sixième. On ne parle pour l’instant que de consultation des enseignants, mais elle se fait par voie de questionnaire à partir des propositions ministérielles. Croquignolettes, les propositions, jargonnantes à souhait. Pour des gamins dont on rêve qu’ils puissent au moins apprendre à lire et un peu à écrire, on parle pompeusement de « degré de guidance » et d’« hypérénomie », de « quotitions, affixes, morphologie dérivative, prédicat » etc…
Vous y comprenez quelque chose ? Moi non plus.
Idem en mathématiques (le calcul est bien loin…) où l’on parle cette fois de « quotition », de quantités « discrètes ou continues », et de « perspective cavalière » en géométrie. Autrefois on disait simplement « géométrie dans l’espace », aujourd’hui on dit 3D et tout le monde s’y retrouve. Sauf les cuistres pompeux et autres pédagogistes patentés qui se tripotent en rond pour mieux sodomiser les mouches.
Car ce sont encore et toujours eux qui sont à la manœuvre, vidant systématiquement l’enseignement de son contenu, l’éloignant de sa mission au nom d’une idéologie perverse qui se prétend garante de « l’égalitarisme ». Comme l’écrivait la sociologue Julia Sereni dans le même Figaro voilà quelques jours, « puisque la transmission du savoir reste vécue comme une violence reproductrice d’inégalités, c’est à la transmission elle-même que l’on s’attaque pour diminuer les inégalités ». Dans les faits : puisque tous ne parviennent pas à s’élever, poursuivons le nivellement par le bas de sorte que personne ne s’élève.
De là, notamment, l’abandon de la grammaire car les règles y sont « imposées » et surtout à « apprendre » (deux mots bannis). Les futurs programmes, nous dit Mme Sereni, affirment que « l’inflation terminologique doit être évitée » (page 10), « ce qui signifie qu’il n’est pas opportun de s’attarder sur des termes trop techniques comme le complément d’objet et autres COD. C’est le ménage par le vide ».
C’est terrifiant de bêtise. Dans le fond comme dans la forme, car enfin, comme l’écrit encore cette dame, « comment ne pas s’inquiéter du fait que personne, au sein du Conseil supérieur des programmes, n’ait perçu le caractère risible des intitulés et la vacuité du vocabulaire employé ».
Sur quelle planète vivent donc ces gens-là ? Dans quel monde un François Hollande qui, pour justifier le passage en force de la réforme scolaire, anone que « chacun a droit (sic) à l’excellence » ? Et que fera-t-il demain : en guise d’enseignement, une distribution de pilules roses à tous les enfants de France pour s’assurer qu’ils reçoivent la même dose de savoir ?
Marie Delarue