Publié le : 08 décembre 2015
Source : vudescollines.blogspot.fr
Depuis dimanche soir, on voit se développer de manière fulgurante une profession pas tout à fait nouvelle mais qui n’a pas encore de nom. A mi-chemin entre l’éthologie et l’ethnologie, elle se propose d’étudier une créature difficilement situable entre l’animal et l’Électeur Républicain : l’électeur du FN.
La tâche n’est pas aisée car par bien des côtés cette espèce se rapproche de l’homme. Son physique, quoi qu’en disent certains, ne permet pas de le distinguer clairement. Par exemple, MM. Plenel ou Mamère ont un physique de gros beauf bien qu’ils soient des citoyens normaux voire exemplaires. Quand il se rend au bureau de vote, il est muni d’une carte d’électeur en règle. C’est dommage mais c’est comme ça. Ce n’est que dans l’isoloir que se révèle sa vraie nature : au lieu de glisser un bulletin acceptable (LR, UDI, PS, LO, PC ou FdG toutes formations éminemment démocratiques, surtout les trois dernières), il les néglige tous et, parfois sans même que sa main ne tremble ou qu’aucune bave n’apparaisse aux commissures de ses lèvres, il glisse un bulletin FN dans une enveloppe qu’il va déposer dans l’urne sans le moindre rire sardonique. Il est donc difficilement repérable, ce qui ne facilite pas le travail des spécialistes de son étude.
Toutefois, grâce à un travail que l’on suppose ardu, les Electorofrontnationalistes (j’aventure ce néologisme) sont cependant parvenus à définir ses caractéristiques principales que l’on pourrait résumer en deux mots : triste con. C’est du moins ce que je retire de l’intervention d’un certain Hervé Le Bras, démonologue et démographe de renom et dont l’objectivité ne saurait être mise en doute comme le démontrent ses prises de position passées. Les traits constitutifs de cette triste connerie sont une insondable inculture, une totale incapacité à raisonner comme à argumenter, une sensibilité hors norme aux rumeurs infondées (insécurité, immigration de masse, communautarisme, etc.) ainsi qu’un aveuglement face aux conséquences de son vote. A ce propos, la parole ayant été donnée à un spécimen se disant prêt à essayer le FN, quitte à le virer s’il s’avérait incapable, le brave Hervé rappela qu’une fois au pouvoir certains ne le lâchaient pas comme ça (parlait-il des communistes?).
Sans atteindre le niveau hautement scientifique de M. Le Bras, des amateurs se lancent dans l’enquête et vont sur le terrain interroger quelques spécimens, laissant au spectateur, comme le disait un mien ami Facebook, d’assister à un safari cheap. J’en veux pour preuve ce journaliste de la 2 qui, au mépris de la plus élémentaire prudence, osa s’aventurer en région d’électorat FN et, les animaux semblant posséder (à un niveau élémentaire) la faculté d’utiliser un langage articulé, insista pour qu’ils avouassent qu’ils n’avaient pas été directement victimes de la soi-disant violence qu’ils déclaraient refuser. Si ce n’est pas de l’argument, ça ! En suivant ce raisonnement, seuls les égorgés auraient droit de se plaindre des égorgeurs et les soi-disant « Charlie » de l’hiver dernier mériteraient d’être poursuivis pour usurpation d’identité.
Un bien beau métier donc mais peut-être un peu trop saisonnier pour qu’on en vive décemment vu qu’il s’exerce pratiquement uniquement les jours suivant une élection dont les résultats annoncés par les sondages provoquent chez ceux qui ne sont pas de tristes cons une compréhensible et médusée surprise appelant de doctes explications.
Jacques Etienne