Publié le : 16 novembre 2016
Source : 20minutes.fr
Si les Américains votaient comme les Français, au suffrage universel direct, Donald Trump aurait perdu l’élection. C’est le raisonnement avancé par de nombreux démocrates après la défaite d’Hillary Clinton, avec un argument qui semble plutôt logique : elle a obtenu un million de voix de plus que son adversaire au niveau national, et l’écart final pourrait même doubler une fois tous les bulletins comptés. Sauf que comme le relève le Washington Post, les mauvais perdants comparent des pommes et des oranges.
Avec le système indirect du collège électoral, qui attribue tous les grands électeurs d’un Etat à celui qui s’impose, quel que soit le score, les candidats font l’impasse sur les Etats où ils n’ont aucune chance, y abandonnant un grand nombre de voix. Donald Trump n’a pas fait campagne en Californie ou à New York. Idem pour Clinton au Texas ou au Nebraska. Ils ont concentré leurs efforts sur une dizaine de Swing States, des Etats serrés qui peuvent tout faire basculer.
Une petite différence en Californie provoque de gros écarts de voix
En clair, ce n’est pas parce que Clinton a obtenu plus de voix le 8 novembre qu’elle aurait forcément fait de même au suffrage universel direct. Dans ce cas de figure, la stratégie des candidats aurait été complètement différente, leur programme, le taux de participation et le résultat aussi. Alors que plus d’un tiers de la population américaine est concentré sur quatre Etats (Californie, Texas, Floride et New York), Clinton et Trump auraient privilégié les zones les plus peuplées. C’est pour cette raison que le collège électoral existe: n’importe quel Etat, même le plus petit, peut faire la différence dans la course aux 270 grands électeurs.
Au suffrage universel direct, impossible de savoir qui aurait gagné. Donald Trump le jure, « si l’élection était basée sur le vote populaire, j’aurais fait campagne à New York, en Floride et en Californie et j’aurais gagné facilement ». Il exagère mais il n’a pas forcément tort. Clinton s’est imposée avec près de 30 % d’écart en Californie et 20 % à New York, qui totalisent à eux deux plus de 20 millions de bulletins exprimés. Si Trump avait fait 5 % de mieux, l’écart aurait basculé de deux millions de voix en sa faveur.
Le message de Trump a résonné dans les terres sinistrées
La réalité, c’est qu’en axant son message sur la peur des délocalisations et de l’immigration, Donald Trump a fait bien mieux que prévu dans des terres ouvrières de la « Rust Belt », traditionnellement démocrates. La réalité, c’est que Clinton a perdu car la participation de la coalition démocrate a chuté dans les zones urbaines, surtout chez les jeunes et au sein de la communauté noire.
Aurait-elle fait mieux avec un autre système ? Pas sûr. Bernie Sanders, avec son message centré sur les inégalités économiques, aurait-il gagné ? Peut-être. Mais le peuple américain a parlé, Donald Trump est président pour les quatre prochaines années. Et il va bien falloir s’y faire.
Philippe Berry