Publié le : 25 février 2012
Source : onefoutus.over-blog (Le Blog de Nouratine)
C’est pas pour m’envoyer des fleurs mais, sans me vanter, j’ai quand même un sacré pif, moi. Pas plus tard que le 22 Mai dernier (1) je prédisais une grande carrière internationale au film « The Artist » qui valut à l’époque un prix d’interprétation cannois à l’acteur Dujardin.
L’idée étant qu’un film muet au titre anglo-saxon ça peut très bien passer pour une oeuvre amerloque et, en conséquence, faire du pognon. J’ajouterai aujourd’hui qu’avec un nommé Hazanavicius à la réalisation assorti d’un Thomas Langmann comme producteur, bien malin qui pourrait, a priori, raccrocher le truc au pays des fromages qui puent. Seul le susnommé Dujardin fait un peu tache dans cette affaire avec son blaze de frog pur et dur. Cependant, isolé comme il se trouve, son côté exotico-sympa rajoute encore du piquant à l’oeuvrette, son habileté aux claquettes faisant le reste.
Ben voilà! Une tripotée de nominations aux Oscars, après une pétée de Golden- Globes. Langmann et toute la famille Rassam vont pouvoir bientôt faire péter le champagne avec les soufganioths et le pain azyme, l’heure des dividendes a sonné. Le film Hazanavicieux tiendra ses promesses au delà de toute espérance. Comme quoi, plutôt que de parler français, de nos jours, mieux vaut encore fermer sa gueule.
Pareil pour les noms. Prenez Thomas Langmann, au hasard. Son papa, feu Claude Berel Langmann, se faisait appeler Claude Bérri, vous vous souvenez? C’était au temps où il fallait avoir l’air franchouille, ça faisait mieux commercialement. Autre époque.
De nos jours, on préfère le contraire, autant pour les titres de films que pour les patronymes qu’on met sur les affiches. Dujardin aurait dû y penser, ça lui fera du tort, à la longue, ce nom étrange venu d’ailleurs. Déja aux Césars, hier-soir, il a senti le vent du boulet, le mec. Alors que le monde entier lui tresse des lauriers en platine massif, le cinéma de chez nous l’envoie aux pelotes. La petite compression césarienne du meilleur acteur il peut se la carrer en guise de suppositoire, le Dujardin. Pas sur ce coup là! Tac, dans l’os, comme avec Pangloss!
Faut dire qu’en face de lui se dressait l’immense Omar Sy, vous savez celui qui fait le black au téléphone rouge sur Canal, le gentil-jeune-des-quartiers partenaire de l’impotent dans les « Intouchables », la personnalité préférée des Français après Yannick Noah et le footballeur Zizidâne. Bref, le monstre sacré, l’idole incontournable, le Peul-Muz bien aimé. Dieu Mer-Sy, je veux dire merci, ils n’ont pas l’équivalent à Hollywood.
Ces gens possèdent bien Prad Bitt et Georges Clou-né mais pas Omar Sy. Coup de pot! Sans quoi, Dujardin, son Oscar potentiel il pouvait s’asseoir dessus comme il vient de l’éprouver avec le César qui lui fut quasiment promis et qui lui passa si joliment sous le nez. Tant qu’il y était, il aurait mieux fait de partir direct à L.A. en contournant la case Châtelet, ça lui évitait de passer pour un con.
Cela dit, toutes ces petites choses me semblent convergentes et significatives. Non seulement le monde entier nous ignore un peu, nous les hexagonaux à coq gaulois, symbole de connerie crasse et crasseuse, soit dit en passant, mais encore notre bien-pensance-politiquement-correcte obligatoire nous conduit à nous renier nous mêmes. A qualité égale – je dis cela par politesse – nous préfèrerons toujours un Sy à un Dujardin. Partant de ce principe général et discriminatoire, nous en arrivons peu à peu à éliminer du jeu les descendants de nos ancètres. Le Cinéma Français apparaît à cet égard particulièrement exemplaire, tout ce qui compte y étant de francité récente et ressortissant à des communautés très spécifiques. Bien sûr, tout se vaut et les valeurs de la République demeurent parfaitement préservées. Cependant, les réalités indicibles sautent un peu aux yeux.
Prenez la liste des réalisateurs par ordre alphabétique et arrêtez vous simplement à la lettre « A ». Naguère vous y trouviez Allégret, Anouilh et Autant-Lara. Ils sont aujourd’hui remplacés par Arkady, Assayas et Attal. Rien de grave, sauf, bien sûr, que le mec qui s’appelle Arnaud, Adelin ou Amadieu, il a intérêt à avoir beaucoup, beaucoup de talent…et encore.
Bien sûr, il n’y a pas que le cinéma. Oh que non, hélas… C’est con pour nos enfants. D’autant plus con que ces évolutions portent de lourdes conséquences qui affectent notre culture et notre civilisation. Merde alors, j’ai dit « civilisation »! Un gros mot nauséabond, ça. Veuillez m’excuser. Déja que « Le Monde » me colle à l’extrème- droite (2), il ne manquerait plus que je la joue à la Guéant. Passe encore de sentir mauvais mais de là à se vautrer dans le bourbier fienteux de l’incorrection politique!
Je retire civilisation et même culture, tiens, pas aggraver mon cas. Je dirai seulement que nous vivons des temps de grasse vulgarité et d’ignorance prétentieuse, probablement liée aux grands bouleversements qui affectent nos sociétés occidentales et singulièrement européennes. Les ex-puissances coloniales comme la France et le Royaume-Uni se plaçant naturellement au premier rang ence domaine. L’exquise et délicate finesse qui nous caractérisait encore voilà quelques décennies a disparu au profit d’autre chose qui évolue avec grâce entre le slam et les émissions d’Arthur. L’ancien monde, celui de Sacha Guitry et de Marcel Pagnol, nous est désormais plus étranger que l’Empire du Monomotapa .
Cela m’a inspiré un petit poème à la con prétentieusement intitulé
LAUDATOR TEMPORIS ACTI ( 3)
Le monde de Bieber et de Lady Gaga,
Celui qui nous encrasse et qui nous endoctrine,
Fourmille de corniauds pleins de vent et de gras,
De portables à écrans et de fausses poitrines.
C’est un monde curieux où l’on paye pour tout,
Pour boire, pour respirer, pour baiser et pour rire,
Et nous payons surtout, ce qui est encore pire,
Pour nous faire enfiler, toujours, par tous les trous.
C’est un monde très juste et très démocratique
Rempli d’égalité et de fraternité
Peut être d’un peu moins, c’est vrai, de liberté,
Si je puis me permettre une infime critique.
Un monde de tordus, d’andouilles et d’abrutis
D’ignorants prétentieux et d’ignobles tapettes
Sinistres mercantis, cupides, analphabètes,
Législateurs du paf et marchands de tapis.
On nous explique bien comment il faut penser,
Fuir comme Lucifer l’idée nauséabonde
Embrasser l’Univers et aimer tout le monde
Sauf le salaud-facho, bien sûr, qui doit crever.
Au pays de Djamel et de Grand Corps Malade,
J’assure le confort de celui qui me hait,
Je me sens charitable et con comme un balai,
Et les politicards me servent leur salade.
Il faudra bien un jour que tout ça se termine
Un jour les « jeunes-gens » viendront nous égorger
Alors le bien-pensant se verra renoncer
Aux délices rosés de sa jolie combine.
En attendant, soyez heureux dans toute la mesure du possible.
Et merde pour qui ne me lira pas.
(2) Ce siècle avait douze ans.
(3) Le laudateur des temps révolus.