Publié le : 1er mars 2012
Source : lesechos.fr
François Hollande est reparti satisfait hier soir de Londres. Il a obtenu le soutien du leader du Parti travailliste, Ed Miliband, sur la question de la régulation financière qui lui tient à coeur. Et a dissipé l’impression qu’il tenait un double langage à l’égard de la City depuis ses propos à la presse étrangère, il y a deux semaines, rapportés par le « Guardian ». Même si, à son arrivée de l’Eurostar, le candidat socialiste à l’Elysée a lancé un « je ne suis pas dangereux » en direction du quartier financier de la capitale britannique.
François Hollande, qui veut renégocier le pacte fiscal européen et se dit favorable à une taxe sur les transactions financières, a insisté sur le fait que la finance doit « créer de la richesse », mais pas au détriment de « l’économie réelle », à la sortie de sa rencontre avec Ed Miliband dans les locaux du Labour à Westminster. Celui-ci a abondé dans son sens : « La finance non régulée est un très sérieux problème et a conduit à la crise financière de 2007. Nous devons réformer la façon dont fonctionnent la finance et le capitalisme », a-t-il assuré, ajoutant que le candidat socialiste « avait absolument raison ».
François Hollande, dont c’était le cinquième déplacement en Europe après Madrid, Bruxelles, Berlin et Rome, a estimé, dans un discours au King’s College, que la France et le Royaume-Uni affrontaient les mêmes « obligations » : « redresser les comptes publics, stimuler la croissance, redresser leur compétitivité et améliorer la formation ». Faisant partie de la délégation du candidat socialiste, Elisabeth Guigou a insisté sur la communauté de vues quant à la nécessité d’avoir des politiques de croissance plus convaincantes entre les travaillistes et les socialistes français qui s’est dégagée à l’issue d’un déjeuner entre les deux leaders.
Cela ne signifie pas forcément que les travaillistes sont toujours sur la même longueur d’onde que les socialistes français. Ed Miliband a estimé qu’il « n’irait pas plus loin que les 50 % » pour le taux marginal de l’impôt sur le revenu, alors que François Hollande vient de créer la surprise en annonçant une tranche à 75 % pour les rémunérations dépassant le million d’euros.
La délégation socialiste a par ailleurs expliqué que les deux domaines de coopération les plus poussés entre les deux pays - l’énergie, en particulier nucléaire, et la défense, avec le traité de Lancaster signé en novembre 2010 -le resteraient si François Hollande était élu. « Plus que jamais », a assuré Elisabeth Guigou.
NICOLAS MADELAINE, Les Echos
CORRESPONDANT À LONDRES