Publié le :07 mai 2012
Source : Marianne2.fr
Les Grecs étaient appelés à renouveler dimanche pour quatre ans les 300 sièges du Parlement lors d’élections anticipées. Cette année, 32 partis se présentaient alors qu’en 2007, ils n’étaient que 21 à concourir pour entrer à la Vouli, le Parlement Grec. Un foisonnement de députés dissidents qui ont soit quittés leur parti pour rejoindre des formations existantes, soit formés leurs propres partis. Avec pour trait commun le refus de l’austérité qui représente 60% des suffrages.
Avec seulement 37% des voix, les deux partis pro rigueur s’effondrent par rapport à 2009 où le Pasok et Nouvelle Démocratie affichaient 77% des suffrages.
Le PS grec passe de 44% à 15% entre 2009 et 2012. La droite molle (Nouvelle démocratie) passe de 32% à 19%, suivi de près par l’extrême gauche Syriza. Entre ces deux élections, la coalition n’a eu de cesse de poursuivre la politique de rigueur dictée par l’UE et le FMI.
« C’est un séisme politique qui frappe les partis gouvernementaux », a estimé Panagiotopoulos, un ténor de la Nouvelle Démocratie, le parti conservateur qui revendique la première place.
Une ligne de fracture s’est dessinée dans la classe politique grecque. Les deux grands partis ont signé le mémorandum de la troïka, qui prévoit les réformes économiques de la Grèce pour les années à venir, quand les petits partis politiques se sont opposés au diktat de l’UE et du FMI.
Au total sept partis devraient faire leur entrée au parlement. Les deux grands partis obtiennent un score beaucoup trop serré pour pouvoir espérer former une majorité stable et poursuivre les programmes d’austérité, condition du versement de l’aide financière internationale de 130 milliards d’euros.
Surtout avec le score affiché par Syriza, le parti d’extrême gauche, qui a promis d’en appeler à la rue pour s’opposer aux mesures d’austérité. « Après deux années de barbarie, la démocratie revient au pouvoir », a déclaré Alexis Tsipras, le chef de Syriza qui affiche près de 18% des suffrages et arrive en tête à Athènes.
Ce parti néonazi, longtemps semi-clandestin et réputé pour ses agressions contre les migrants, dénonce le mémorandum d’accord signé par la Grèce avec ses créanciers, et refuse le remboursement de la dette publique.
Les résultats de dimanche, associés à ceux de la France, pourraient bien résonner au-delà du continent, déclenchant de profonds bouleversements dans la zone euro. Dans un éditorial au new-Yok Times, le prix nobel d’économie Paul Krugman voit en effet dans les votes grecs et français le signe clair que « la stratégie qui consiste à opter pour l’austérité prend fin, et ceci est une bonne chose ».
De son côté, le Ministre des finances allemands, Wolfgang Schaüble a prévenu: si la Grèce élit une majorité qui ne respecte pas ses engagements internationaux, elle devra « en supporter les conséquences ». Une ingérence dans la vie politique intérieure grecque qui n’a guère eu d’impact sur le choix des électeurs.
Un vote anti-rigueur ? Assurément selon l’anthropologue grec Panagiotis Grigoriou, blogueur sur Marianne 2 « C’est une nouvelle ère, même si nous ne savons rien sur la gouvernance à venir. C’est déjà un « non » au Mémorandum même si c’est un non hétéroclite ». Dès la semaine prochaine, une quarantaine d’émissaires de la commission européenne viendront en Grèce pour s’assurer de la bonne application des réformes. L’atmosphère s’annonce tendue.