Economie

Grèce : travailler 6 jours sur 7 pour gagner de moins en moins…

7 septembre 20120
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Publié le : 07 septembre 2012

Source : marianne2.fr

En Grèce, la troïka est de retour. Les mesures d’austérité annoncées, notamment un projet qui prévoit de travailler 6 jours sur 7, sont fortement impopulaires dans un pays laminé par plus de deux ans de crise financière et d’austérité combinées, qui ont accentué la récession, avec une baisse du PIB de 7% attendue pour 2012.

« Le travail c’est la santé…financière », c’est le refrain que pourraient entamer en chœur la troïka des créanciers qui doivent débarquer à Athènes ce vendredi avec une nouvelle fournée de mesures d’austérité. C’est que les trois fantastiques -UE, BCE, FMI- ne manquent jamais une occasion de faire la démonstration de leurs super-pouvoirs d’austérité.

En jeu cette fois-ci, le versement d’une tranche de 31,5 milliards d’euros de la ligne de crédit accordée par la zone euro et le FMI en mars. Mais pas question d’obtenir le début d’un euro  sans quelques concessions économiques et sociales. Ce que le peuple grec ne peut plus payer en monnaies sonnantes et trébuchantes, il le payera à la sueur de son front : nouvelles réductions sur les retraites, nouvelles coupes dans les salaires de certaines catégories de fonctionnaires (universitaires, médecins, militaires, police, juges, diplomates), la presse égrène quotidiennement ses supputations, démenties régulièrement par le ministère des Finances.

Pourtant le pire est à venir selon un document adressé au Ministre des finances grecs et dévoilé par la presse grecque et britannique. La troïka y avance tout bonnement  l’idée d’imposer une semaine de travail de six jours. Evidemment, le projet y est présenté de manière beaucoup plus diplomatique et vise à accroître la flexibilité des horaires hebdomadaires de travail en relevant le seuil maximal légal de jours ouvrés par semaine.
Une augmentation du temps de travail à salaire constant ? Rien n’est moins sûr. Selon l’OCDE, les salaires grecs ont chuté de 25% dans le secteur privé en 2011. Et rien n’indique que les Grecs ont touché le fond…

Une mise sous tutelle de l’inspection du travail
Car c’est un véritable catalogue de mesures de régression sociale qui attend les Grecs : accroître la flexibilité des horaires; accroître le nombre de jours de travail maximum à six jours par semaine pour tous les secteurs; instaurer onze heures minimum de repos par jour; déconnecter le nombre d’heures de travail du nombre d’heures d’ouverture des établissements ; supprimer les restrictions de temps entre les permanences du matin et celles de l’après-midi, autoriser les congés de quinze jours à être pris n’importe quand dans l’année pour les emplois saisonniers. Autant de mesures, dont le but est de faire baisser brutalement les coûts du travail, et qui détermineront si la Grèce peut oui ou non rester dans la monnaie unique. La troïka devrait rendre son verdict dans un mois. Une stratégie déconcertante dans un pays en pleine crise industrielle où la priorité devrait consister à « réparer »  l’outil de travail.

La troïka demande aussi à ce que l’inspection du travail grecque soit réformée et placée sous supervision européenne. Une véritable mise sous tutelle. Selon le Guardian, cette lettre « révèle en détails l’intrusion de la zone euro dans un système et une culture du travail qui sont vus en dehors de la Grèce comme «dysfonctionnelle».
Le paquet de mesures sera « probablement » présenté dimanche après-midi aux inspecteurs de la troïka lors d’une rencontre avec le ministre des Finances, Yannis Stournaras, a indiqué à l’AFP une source au ministère.

« C’est une entame au droit des travailleurs grecs. On veut transformer la Grèce en pays africain. On accepte de maintenir le pays dans la zone euro, mais on ne lui donne pas les mêmes droits que les autres, on veut nous faire régresser, nous appauvrir » commente Rena Dourou, députée au Parlement grec, responsable des questions européennes pour Syrisa, la coalition de gauche radicale.

Les syndicats ont immédiatement réagi en menaçant de descendre dans la rue si le gouvernement approuvait ces mesures. Samedi à Salonique (nord), le défilé de rentrée des deux grands syndicats du privé et du public (GSEE et Adedy) et des partis de gauche est prévu sous les slogans « Tous ensemble pour casser les chaînes du mémorandum » (l’accord qui lie la Grèce à ses créanciers) et « faire payer des impôts aux riches et aux voleurs ». En Grèce, l’automne s’annonce chaud.

Régis Soubrouillard
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