Publié le : 08 décembre 2015
Source : bvoltaire.fr
Ce lundi, toutes les rédactions en bruissaient : le candidat PS de la région Grand Est ne veut pas se retirer ! Jean-Pierre Masseret a décidé de rester ! Et tout le monde de s’ébaubir, de s’étonner, de pousser des oh et des ah, de publier des biographies ressemblant à des nécrologies, tant on juge le monsieur kamikaze. Un candidat PS qui ne veut pas appeler à voter LR, ça c’est un peu fort ! Comme si, en l’espace de quelques heures, il était, à gauche, devenu naturel, normal, logique de s’effacer pour faire la courte-échelle à la droite. Vous avez le pied bien calé, là ? Vous m’écrasez suffisamment la tête, ou faut-il encore que je rentre les épaules ? Et avec le sourire en plus. Regardez comme en PACA Christophe Castaner fait ça avec bonne grâce. Et comme dans le Nord, Saintignon s’exécute avec docilité.
Cambadélis, pour faire céder la forte tête, tempête, menace, appelle à la rescousse le maire de Strasbourg pour qu’il fasse la morale, le maire de Metz pour qu’il le ramène à la raison, Filipetti, entre deux biberons, pour qu’elle y aille de son couplet indigné, et même le Premier ministre. Il glisse enfin que si Masseret se maintient, il ne pourra pas avoir l’étiquette socialiste.
Sauf que Masseret a 71 ans.
À son âge, Masseret sait que ce mandat est pour lui celui de la dernière chance et qu’il n’a donc rien à perdre.
À son âge, il n’aime pas qu’on le traite par dessus la jambe – « Quand on me demande de me retirer, on me manque de respect, on manque de respect au mouvement socialiste en disant allez, retire-toi, tu gênes » -, ni qu’on se paie sa tête : « la responsabilité, elle n’est pas sur ma pomme ». Est-il le premier coupable, lui, de l’impéritie de ce gouvernement qui a conduit à la débâcle ? Est-ce lui qui a voulu mener au pas de course la réforme des régions, mariant de force la carpe et le lapin, le lièvre et la tortue, l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne ? N’avait-il pas mis en garde Valls sur les dangers d’un calendrier trop court, si près des élections ? Et cette bande d’incapables voudrait maintenant lui tenir la main pour le faire monter en sari blanc sur le bûcher ? Non, ce n’est pas à son âge qu’on se découvre une vocation de veuve hindoue. Si le PS veut se suicider, il le fera tout seul.
À son âge, on a aussi un peu d’expérience. Et la conviction acquise que les électeurs socialistes en particulier sont comme les Français en général : quand on les prend pour des c…, il faut faire ça finement. Et là, c’est un peu voyant. Mais que croit-il donc, Cambadélis ? Qu’il va suffire de les asseoir sur un banc devant un grand tableau Velleda, et d’inverser les flèches : les LR étaient méchants, ils sont devenus gentils. Allez hop, un grand verre d’eau cul sec et vous répétez après moi : Viva Don Richert ! Viva notre bienfaiteur !
Sans doute a-t-il confusément compris qu’au cœur de ce grand charivari des urnes, il y avait l’identité bafouée. Identité nationale. Identifié régionale. Identité politique. Quel est donc ce curieux être hybride qui pense à gauche et vote à droite ? De cette vaste confusion, ne sortira qu’un seul vainqueur, le Front national, qui tracera implacablement sa route vers les sommets tant qu’il sera le seul à assumer clairement ce qu’il est.
Gabrielle Cluzel
Je suis de gauche et je regrette de ne plus être dans les Ardennes pour pouvoir voter. J’habite hélas en région parisienne et de choix, il n’y a pas, que des listes de droite au deuxième tour.
Même le front de gauche se rallie à la sociale démocratie. Je suis dégoutté et ne suis même pas
certain d’avoir envie de me déplacer pour voter blanc ou nul.Après mettre fait arnaquer pendant quarante ans, je pense sérieusement rejoindre le premier parti de France, celui de l’abstention.
J’aurais aimé apporter mon soutien moral à monsieur Masseret,mais je ne sais pas comment le joindre.
Même si nous ne partageons pas les mêmes engagements politiques, je comprends votre sentiment et votre dégoût, comme votre respect pour le courage de Jean-Pierre Masseret, qui je l’espère pour lui, portera ses fruits dans le Grand Est, et foutra à Valls et à tout son orchestre la gigantesque baffe qu’ils méritent !
Sincèrement vôtre