Politique France

Quand un ancien Président de la République affiche son mépris abyssal pour les Français

26 décembre 20122
Quand un ancien Président de la République affiche son mépris abyssal pour les Français 4.78/5 18 votes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas fait grand bruit, n’a guère mobilisé et encore moins choqué les médias… Pourtant, c’était bien une première, et il était somme toute assez logique qu’elle vienne de cet homme là… Lors d’une émission ce dimanche de la chaîne d’information BFM TV qui devait évoquer l’avenir de la construction européenne (on devrait d’ailleurs écrire la déconstruction, tant il s’agit en fait d’une destruction systématique et continue des états qui la composent), l’ancien Président de la République Valéry Giscard d’Estaing a dit publiquement tout le bien qu’il pensait de ses compatriotes, en déclarant ceci :

« Les Français ne peuvent pas se gouverner. Par contre quand ils sont bien gouvernés, ils suivent. Mais si vous dites, gouvernez-vous vous-mêmes, c’est le désordre et l’affrontement ». Ajoutant encore : « C’est un peuple individualiste et extrêmement tourné vers l’intérêt personnel et qui donc ne recherche pas l’intérêt collectif ».

Difficile d’aller plus loin dans le mépris, vous en conviendrez.

Certes, les Français ont toujours été un peuple difficile, ombrageux, frondeur, voire contradictoire, capable de grands élans comme de petites mesquineries… Comme n’importe quel peuple sans doute. Et il est bien-sûr déjà arrivé qu’un ancien chef d’état français -en exercice ou non- se laisse aller à prononcer quelques mots peu amènes à l’égard de ses concitoyens, suite à quelque déception politique plus ou moins compréhensible. Ainsi du fameux « les Français sont des veaux » attribué au Général de Gaulle…Expression qu’il aurait plusieurs fois employée dans des moments de désespoir ou de déception face aux réactions de ses concitoyens, à certaines époques plus ou moins tragiques de notre histoire.

Mais si comme tout un chacun De Gaulle pouvait avoir la dent dure dans le dépit ou la colère, jamais il ne fit ouvertement de déclarations mettant en cause de façon publique ses compatriotes, qui plus est devant journalistes et caméras. A la suite du « Grand Charles », Pompidou puis Mitterrand se gardèrent bien à leur tour de jamais mettre publiquement en accusation la France ou les Français, et il fallu attendre Jacques Chirac pour voir un chef de l’état commencer à vautrer le pays -et donc ses habitants- dans la repentance et la contrition, repentance et contrition qui n’ont d’ailleurs plus cessé depuis. La sortie de Giscard qui juge et critique aujourd’hui ouvertement les Français sur un plateau de télévision est donc bien une nouvelle première dans notre histoire, et il était bien somme toute normal, comme on l’a écrit plus haut, qu’elle nous vienne de ce bonhomme là.

Car celui que mon défunt grand-père appelait déjà le « héron déplumé » à l’époque de son accession à la fonction suprême et qui a aujourd’hui tout du ptérodactyle fossilisé, n’en est pas à son coup d’essai en matière de propagande violemment anti-française. Principal initiateur de la fameuse « Loi Pompidou-Giscard » interdisant depuis 1973 à l’Etat d’emprunter à taux zéro auprès de la Banque de France, loi ayant livré la France aux appétits des marchés financiers et enclenché le terrible mécanisme de l’endettement public dans lequel nous nous noyons aujourd’hui (1 500 milliards d’euros de dettes), père et principal rédacteur de cette fameuse Constitution Européenne qui sacrifiait la souveraineté nationale, constitution rejetée par les Français en 2005, mais appliquée depuis et dans la forfaiture par l’UMPS unanime ou presque grâce au Traité de Lisbonne, Giscard n’a en fait jamais cessé, depuis sa défaite aux élections de 1981, de systématiquement rabaisser la France et les Français. On ne compte ainsi plus ses sorties sur la France, ce « petit pays » qui ne peut plus compter, peser dans le monde que via une intégration (en fait une dilution) toujours plus grande dans l’Europe de Bruxelles.

« Les Français ne peuvent pas se gouverner. Par contre quand ils sont bien gouvernés, ils suivent » Tu l’as dit, bouffi ! Celui qui se prenait avant même son accession à l’Elysée pour un nouveau Louis XVI, qui avait une tellement haute idée de lui-même qu’il avait crût nécessaire comme le premier PPDA venu de faire accoler une grotesque et factice particule « d’Estaing » à son patronyme, ferait bien en l’occurrence de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de débiter ses fadaises. Car les Français étaient si « bien gouvernés » par Giscard, ils suivaient si docilement le grand homme qu’ils lui refusèrent en 1981 et très sèchement un second mandat, qui plus est face à un Mitterrand qui avait jusqu’alors toujours joué les Poulidor de la politique française (souvent placé, jamais gagnant). Ce fut là aussi une première, une manière d’exploit, dépassée depuis et haut la main par Nicolas Sarkozy, remercié sans ménagement par ces mêmes Français après seulement cinq années de présidence.

« C’est un peuple individualiste et extrêmement tourné vers l’intérêt personnel  »… Là aussi, on peut trouver à tout le moins gonflé d’entendre de tels mots dans la bouche de celui qui, depuis son renvoi de 1981, vit très confortablement aux frais de la princesse, c’est-à-dire en l’occurrence des Français, grâce à un statut doré à l’or fin d’ancien Président de la République concocté en 1985 par un Laurent Fabius soucieux de protéger l’avenir de Tonton des conséquences d’une éventuelle défaite électorale en 1988 (défaite qui n’intervint donc pas) : retraite à vie de 6 000 euros bruts par mois, à laquelle on peut ajouter 11 500 euros (net cette fois) pour son siège permanent au Conseil Constitutionnel,  « sujétion spéciale » accordée à tous les anciens présidents, pour « compenser les contraintes subies dans l’exercice des fonctions » -si vous voyez de quelles contraintes il s’agit, faites moi signe !- dont le montant est d’ailleurs totalement inconnu (classé secret défense, sans doute), déplacements SNCF à volonté et gratuits en première classe, en classe affaires et à l’international sur Air France, hébergement gratuit dans toutes les ambassades de France du monde, logement de « fonction » (une studette, sûrement) meublé et équipé attribué à vie, deux fonctionnaires de police au minimum pour assurer sa protection 24h sur 24, mise à sa disposition de sept personnes pour ses tâches administratives : un chef de cabinet, deux assistants, un fonctionnaire des archives nationales et trois secrétaires. Au total et au bas mot, une dépense pour la collectivité (c’est-à-dire les Français) de 1,5 million d’euros par an… Pas mal pour un peuple individualiste et extrêmement tourné vers l’intérêt personnel, non ?

Pour finir cet article, quitter un peu les égouts du marigot politique où Giscard se complaît et reprendre un peu de hauteur, citons les premières lignes du premier tome des Mémoires de Guerre du Général de Gaulle, pour se rappeler de ce que pouvait écrire sur la France un autre ancien Président de la République lui aussi pourtant à l’époque durement désavoué par les Français (et l’on n’a pas aujourd’hui encore fini de le payer) :

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a en moi d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang : que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur ».

Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 1, 1954

Avouez que cela avait tout de même une autre gueule…

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to Quand un ancien Président de la République affiche son mépris abyssal pour les Français

  1. christine le 26 décembre 2012 à 18 h 34 min

    Il me semble qu’une certaine journée du 4 août a été tuée dans l’oeuf…
    Et ce n’est pas parce que « les Français ne peuvent pas se gouverner ».
    Mais bien parce qu’après la royauté, les privilèges n’ont pas été abolis comme prévu : ils ont tout simplement changé de mains…
    Toujours fermement tenus pas les mains de nos « chers gouvernants » qui se sont succédés, se réservant à eux même et à leurs affidés : les émoluments princiers, les appartements de fonction, les personnels domestique et d’intendance indispensables pour ne pas déroger, les hébergements et les voyages en première en train ou en avion aux frais de la démocratie,les retraites dorées, sans oublier les inénarrables « sujetions spéciales »…
    Ils nous coutent décidément très, très cher ces gouvernants actuels et passés !!! Combien au fait en entretenons nous de ces vieux inutiles qui cumulent, par individu, plus de retraites illégitimes que services rendus à leur patrie actuellement meurtrie ?
    Si en plus ils persistent à cracher dans notre maigre soupe, il risque d’y avoir du vilain un de ces jours… Peut-être leurs têtes au bout de piques ??
    Car ils peuvent être un peu révolutionnaires aussi les Français parfois !!!
    Des gouvernants intègres, qui ne se servent pas dans la caisse et payent leurs frais réels, cela existe ailleurs…
    Et d’ailleurs chez nous aussi c’est possible : si je me souviens bien, un certain Général payait ses factures EDF de l’Elysée.

  2. NOURATIN le 26 décembre 2012 à 16 h 18 min

    Evidemment, la comparaison avec de Gaulle, aucun de ses successeurs ne la soutient.
    Giscard, comme il n’aimait pas ses compatriotes, il a décidé, avec la complicité de Chirac, de
    changer la population. Du coup, maintenant quand on parle « des Français » je ne sais plus très bien à qui on fait allusion. Dans vingt ans cela redeviendra plus clair -enfin, façon de parler-
    Amitiés.

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