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Intervention française au Mali : les vraies raisons du « quand » et du « pourquoi »

18 janvier 20132
Intervention française au Mali : les vraies raisons du « quand » et du « pourquoi » 4.97/5 34 votes

Depuis l’intervention unilatérale française au Mali, la quasi-totalité de la classe politique -et jusqu’au Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan et au Front National de Marine Le Pen, malgré leurs bémols relevant que la situation dramatique dans laquelle se débat ce pays était une conséquence directe de l’intervention française en Libye- a donc apporté son soutien au gouvernement, à l’exception notable du PCF, du Front de Gauche et de certains dirigeants d’EELV. Ceux-ci d’ailleurs ne se sont pas émus des contradictions flagrantes et indignes de la politique « anti-islamiste » de François Hollande, mais bien plutôt d’un « néo-colonialisme » qui ne pouvait en effet que fortement déplaire au parti des ex « porteurs de valises » de la guerre d’Algérie et plus largement à tous leurs rejetons plus ou moins écolo-gauchistes.

Que l’on soit pour ou contre cette intervention -il y a des arguments tout à fait sérieux et respectables dans les deux camps- on ne peut pourtant que se sentir profondément mal à l’aise concernant la date choisie par François Hollande pour déclencher cette opération militaire. On l’a déjà dit, le scandaleux deux poids deux mesures dans le combat contre l’islamisme radical en Syrie (ou non contente de ne pas les combattre, la France arme et finance les djihadistes) et au Mali suffit déjà à provoquer honte et dégoût. Mais ce n’est pas le seul élément très déplaisant dans cette affaire.

Mali : janvier 2012- janvier 2013, la France se presse lentement

La situation au Mali était très préoccupante depuis de longs mois déjà, les islamistes qui y sèment la terreur n’ayant pas attendu 2013 pour y commettre destructions, viols, assassinats et autres décapitations barbares. En fait, leurs premières exactions ont eu lieu il y a tout juste un an, juste après l’intervention occidentale ayant provoqué la chute du colonel Kadhafi en Libye, et le rapport de cause à effet concernant ces deux évènements est on ne peut plus évident pour ceux qui ne détournent pas la tête comme de bons petits clones « béhachéliens » pour regarder ailleurs.

Dès lors, et si l’on était bien légitimement horrifié par la sauvagerie des fous de Dieu qui terrorisaient le nord du pays, si notre décision d’agir a réellement et uniquement été dictée par la nécessité de mener un juste combat contre un obscurantisme abject, pourquoi être intervenu si tard, alors qu’une action beaucoup plus précoce eût sans doute grandement facilité le succès de l’opération militaire, très fortement réduit le nombre des terroristes que nous avons à combattre aujourd’hui  et -c’est très loin d’être accessoire pour une opération « humanitaire »- celui de leurs malheureuses victimes ?

Un calendrier cousu de fil blanc

Dès lors que l’on pose cette question qui, si elle est simple voire simplissime n’en est pas moins capitale, on est bien obligé d’apporter une réponse en réalité fort peu honorable…

Malmené, en chute libre comme aucun de ses prédécesseurs dans tous les sondages d’opinion quelques mois à peine après son élection, bien en peine d’apporter la moindre réponse à la crise économique cataclysmique qui arrive vraiment à présent en France en faisant exploser comme jamais la courbe du chômage, incapable de combattre le mondialisme financier sauvage qui détruit le tissu industriel ou agricole français et détricote un à un tous nos acquis sociaux, inapte en vérité à tout simplement habiter une fonction que de plus en plus de Français découvrent comme étant beaucoup trop grande pour lui, le « Président normal » et le Parti Socialiste viennent de plus d’être très fortement ébranlés par la plus grande manifestation populaire des trente ou des quarante dernières années. Une manifestation gigantesque qui, une fois de plus d’ailleurs, comme celles de 1968 pour soutenir De Gaulle ou celle de 1984 pour défendre l’école libre, n’était pas « de gauche ».

Malgré les chiffrages grotesques d’une préfecture de Paris aux ordres, malgré une presse et des médias totalement partisans qui ont tout fait, avant et après, pour la diaboliser, la minimiser et la frapper d’homophobie, guettant avec espoir mais sans succès le moindre dérapage en la matière, malgré les mesquineries pathétiques d’un Bertrand Delanoë qui se découvre sur le tard une passion pour le gazon même quand il n’est pas maudit, c’est bien largement plus d’un million de manifestants venus des quatre coins de la France qui ont battu le pavé parisien le dimanche 13 janvier pour exprimer leur rejet du fameux et fumeux Mariage pour Tous que veulent imposer sans consultation populaire le Président de la République et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Et c’est au lendemain même de ce coup de tonnerre citoyen que, soudain, la France « hollandienne » a décidé d’envoyer ses soldats au Mali ! Permettant du coup à nos chers médiacrates qui n’en demandaient pas tant d’aussitôt tourner la page si dérangeante pour eux de cette extraordinaire manifestation populaire. L’intervention au Mali, sortie d’un chapeau élyséen au moment où personne ne l’attendait, comme une gomme miraculeuse effaçant le tableau médiatique français d’un refus citoyen que nos élites ne sauraient voir, ni surtout laisser trop montrer. Circulez, il n’y a plus rien à voir !

Une intervention qui contredit toutes les déclarations passées

Que ceux qui prêteraient à l’auteur de ces lignes un esprit par trop mal placé, qui lui reprocheraient un procès d’intention facile et partisan, visionnent donc la vidéo qui suit… Beaucoup plus efficace qu’un long discours, elle expose de façon éclatante et incontournable le virage à 180 degrés effectué du jour au lendemain par notre Président et son Ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius concernant les conditions et le cadre envisageable d’une intervention de la France au Mali. Quelle raison objective, nouvelle et réellement rationnelle -bien que fort peu évidente et même carrément invisible- a donc pu justifier un revirement aussi rapide, aussi total, aussi spectaculaire et dans un timing aussi parfaitement adapté, permettant de faire oublier médiatiquement la situation très embarrassante où la Manif pour Tous avait plongé le gouvernement ?

Image de prévisualisation YouTube

 Quand Hollande et Fabius rejetaient une intervention directe au Mali

Un Président mou en quête de fermeté à bon marché qui touche le loto médiatique

Avec l’intervention malienne, François Hollande a donc fait d’une pierre trois coups :

1)    Il a permis aux médias -qui bien évidemment ne se sont pas faits prier pour enclencher au quart de tour- de passer très rapidement (en à peine 24 heures !) sur ce qui avait pourtant été l’évènement démocratique et populaire le plus important des dernières décennies, à savoir la Manif pour Tous du 13 janvier contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. Largement plus d’un million de poussières citoyennes glissées sous le tapis d’un seul coup, c’est une manière d’exploit.

2)    Il a forcé son opposition, de l’UDI à l’UMP en passant par DLR ou le FN, à jouer la carte de cette « union nationale » presque toujours de rigueur en cas de conflit militaire engageant l’armée française (sauf pour les gauchistes et les internationalistes qui par essence se moquent comme d’une guigne de l’idée de Nation), et du même coup à mettre en sourdine pour des semaines sans doute toute autre forme de critique politique ou sociale.

3)    Accusé de mollesse et d’inconsistance jusque dans les rangs de ses plus fidèles partisans, il s’est taillé à peu de frais -pour lui en tout cas- une image de Président qui sait prendre une décision grave lorsqu’elle s’impose, même si la décision en question est en réalité et on l’a vu totalement contraire à ce qu’il déclarait solennellement quelques jours plus tôt. La ficelle est grosse comme une corde à nœuds, mais cela ne l’empêche pas pour autant d’être redoutablement efficace dans nos chers médias : Nicolas Sarkozy en avait lui aussi usé lors de l’opération libyenne pour faire un instant oublier son impopularité et ses cafouillages diplomatiques lors des fameuses « révolutions arabes ». A cette époque aussi, télés, radios et journaux avaient foncé tête baissée et relayé avec enthousiasme la combine élyséenne.

Le tour de bonneteau a réussi… Mais jusqu’à quand ?

L’opération de diversion a donc médiatiquement -ce qui est tout sauf une surprise- mais aussi  hélas en grande partie politiquement parfaitement réussi… Jusqu’à présent. L’impréparation militaire évidente, le manque dramatique de moyens de notre armée (contrainte de demander de l’aide ou de louer du matériel pour tenter de venir à bout de sa mission face à ce qui n’est pourtant qu’une bande de sinistres pieds nickelés), les premiers morts, les premiers ratages et la dramatique prise d’otages en Algérie qui s’est terminée dans un terrifiant bain de sang ne suffisent pas selon notre personnel journalistique à questionner ni le bien-fondé de cette intervention, ni les conditions dans lesquelles elle a été enclenchée et est désormais menée.

Seuls les jours et les semaines qui vont suivre permettront de savoir si cette cynique opération d’enfumage fera longtemps encore illusion, et si elle n’échappera pas dramatiquement à ceux qui l’ont enclenchée… Pour l’heure, elle fonctionne merveilleusement et occupe la quasi-totalité de l’espace médiatique : la Manif pour Tous est déjà reléguée dans les oubliettes de l’histoire, le chômage implose et les licenciements se multiplient dans un silence de cathédrale, Vincent Peillon continue méthodiquement -et dans une presque totale confidentialité qui doit faire bien plaisir à ses amis du Grand Orient- à transformer l’Education Nationale en une usine à fabriquer de l’ homme nouveau « maçonnico-compatible », Christiane Taubira et Manuel Valls nous font leur numéro de clowns (l’un qui coupe les oignons, l’autre qui pleure), en refusant de remplir les prisons pour l’une et en multipliant les haussements d’épaules sarkoziens totalement illusoires pour l’autre, et la mondialisation financière prédatrice, la gabegie fédéraliste européiste peuvent continuer leur travail de sape et finir tranquillement de détruire les Nations de notre vieux continent… Flambi 1er le mou s’est métamorphosé en François l’inflexible, et la France bobo peut enfin un peu respirer. Jusqu’à quand ?

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to Intervention française au Mali : les vraies raisons du « quand » et du « pourquoi »

  1. kakadoundiaye le 23 janvier 2013 à 17 h 55 min

    Cet article, suis à la recherche d’informaions et de polémiques sur l’intervention française au Mali- est de telle mauvaise foi que j’en ai les bras qui tombent. J’écris sur l’affaire depuis Mars dernier. Une trentaine de papiers en tout . Soit des centaines d’heures à lire Slate, Malijet, El Watan , RFI sans parler des livres généraux et d’histoire afin d’essayer de comprendre ce qui se passe et au Mali et en Afrique…et j’affirme qu’il est de vaine polémique de parler de néo-colonialisme, et surtout de non concertations. Jamasi il n’y eut autant de réunons entre les membres de la CEDEAO, l’Union Africaine,l’Onu, le Conseil de Sécurité . L’union Eurpéenne Jamais il n’y a eu autant de dialogues, une réunionite à Ouga avec Campaoréà Alger, à Abudjan et au Bénin, jamais iln’y eut tant de médiateurs Prodi, Djinnit, etc..Jamais enfin il n’y eut un tel accueil sur place à « une armée d ‘occupation »

    Répétons le, la Fran ce n’est ps là pour lutter contre le Terrorisme car terrostisme il ny a pas. ON peut dire ce que l’on veut des rebelles de l’ansar dine de ami et du muajoa sau qu’ils sont terroristes. Ce sont des rebelles armés et cruels et il importe là comme ailleurs que l’Etat de droit soit respecté, qu’une bande de pillards là ou au Congo n’aient pas le droit de faire comme bon leur semble..

    • marc le 23 janvier 2013 à 19 h 42 min

      Mon cher kakadoundiaye,

      je pense que vous avez lu mon article d’un oeil distrait, ou carrément en diagonale : vous me reprochez de parler de néocolonialisme… Mais lisez un peu plus attentivement avant de parler de mauvaise foi : ce n’est pas moi qui parle de néocolonialisme! j’évoque ce terme à propos de l’extrême gauche (Front de Gauche, PC) qui qualifie ainsi l’intervention française au Mali ! Pour ma part, ce n’est absolument pas un reproche que je fais à cette intervention !

      Concernant les concertations, la nécessité d’intervenir face à des bandes armées très violentes qui terrorisent les populations… Je ne dis là encore pas le contraire ! Je reproche juste à François Hollande d’avoir attendu beaucoup trop longtemps avant de le faire, ce qui a permis à ces crapules d’être beaucoup plus nombreux et mieux implantés, ce qui rend leur éradication aujourd’hui plus compliquée.

      Concernant le terme « terroriste » que vous semblez réfuter, c’est votre point de vue, et là je ne suis pas d’accord avec vous : des gens qui sèment la terreur, pour moi, sont des… Terroristes. Je trouve cette contestation là assez dérisoire.

      Enfin, au cas où vous ne l’auriez pas compris, cet article ne condamne pas l’intervention française au Mali, mais met en avant le moment choisi pour intervenir : je considère que cette intervention arrive beaucoup trop tard (peut-être trop tard tout court d’ailleurs, même si ces djihadistes quittent le Mali, ils iront semer la mort ailleurs), et surtout, c’est le sujet de l’article, elle intervient maintenant non par souci désintéressé d’aider les malheureux habitants du nord du Mali, mais bien parce qu’elle sert des intérêts de politique intérieure française assez minables (faire oublier la Manif pour Tous, permettre à Hollande de faire enfin preuve d’autorité, etc…)

      C’est tout. J’espère qu’avant de me taxer de mauvaise foi, vous prendrez bien garde la prochaine fois de mieux lire ce que j’écris.

      Salutations

      Marc LEROY – La Plume à Gratter

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