Politique France

Résolution sur la Palestine : l’indigne diatribe de Gilbert Collard

29 novembre 20142
Résolution sur la Palestine : l’indigne diatribe de Gilbert Collard 4.98/5 55 votes

Ah, je me serais bien passé d’avoir à écrire ce papier, tiens, et cela juste après avoir relayé aujourd’hui dans La Plume parcourt le Net le dernier article – remarquable – de Dominique Jamet publié sur Boulevard Voltaire, et évoquant le drame sans cesse renouvelé du peuple palestinien !

Alors qu’il est déjà bien difficile de ne pas avoir irrésistiblement envie de se pendre quand on cherche à écrire sur l’actualité du moment, et qu’on est donc contraint d’égrainer les derniers épisodes de cette lamentable, cette pathétique litanie qu’est pour grande partie devenue la politique française, toute faite de futilité, de nullité et en vérité, et de plus en plus fréquemment, d’indécence : feuilleton médiatique lamentable des élections à l’UMP, avec les grotesques bisbilles « sarko-jupéo-lemairiennes » qui les accompagnent… médiocrité présidentielle et manquement à la parole donnée dans l’affaire de la non-livraison des Mistral à la Russie… courbettes des guignols qui nous « gouvernent », constantes et avilissantes pour l’honneur du pays et sa souveraineté (et désormais totalement inexistants) devant les injonctions à présent clairement accompagnées de menaces financières de la Commission Européenne concernant notre budget… j’en passe, et des pires.

Oui, j’avais bien besoin de tomber, durant mes recherches quotidiennes pour agrémenter la rubrique audiovisuelle de La Plume, sur la vidéo qui suit, tirée du débat ayant eu lieu hier à l’Assemblée Nationale, concernant une proposition de résolution pour « reconnaître l’État palestinien », et qui met « en vedette » une déclaration de Gilbert Collard, député RBM du Gard. Cette déclaration, la voici donc :

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Collard et Habib même combat, ou quand le RBM se noie dans le marigot sioniste

… Que vous dire après « ça »… qu’écrire ici, sans faillir, sans défaillir même, à propos de cette diatribe grandiloquente et en vérité totalement hallucinante, pour ne pas dire hystérique, d’ailleurs et bien évidemment très chaudement applaudie – et comme un symbole éclatant de l’infamie qu’elle recouvre – par celui qu’elle venait notamment défendre, et qui représente ce que je peux imaginer de pire, de plus déplacé sur les bancs de la dite Assemblée : le conseiller politique personnel de Benyamin Netanyahu, le vice-président du CRIF, l’ultra-communautaire viscéral, le sioniste obsessionnel, l’immonde Meyer Habib, joaillier franco-israélien de son état, ancien militant du mouvement extrémiste et sioniste Betar, personnellement impliqué dans l’attaque par l’« Organisation juive de combat »  (nom français du même Betar) lors de la fête de Jeanne d’Arc le 8 mai 1988, attaque ayant blessé 8 personnes, dont deux fonctionnaires de police. Meyer Habib, invraisemblable député UDI (honte à ce parti d’avoir choisi un tel représentant) pour la 8ème circonscription des Français de l’étranger, comprenant notamment la région du Moyen-Orient (et donc pour une très large mesure les binationaux franco-israéliens).

Je savais déjà, hélas, le sionisme très marqué, pour ne pas dire à présent totalement irrationnel de Gilbert Collard, et je le trouvais personnellement lamentable, tout juste « digne » (et c’est bien évidemment une façon de parler) d’un Claude Goasguen à « droite » (qui a lui aussi largement apprécié comme on le voit sur la vidéo l’intervention du député RBM) ou d’un Manuel Valls « à gauche ». Ou même, au « plus haut » sommet de l’Etat (et là aussi, les mots employés ne peuvent que se teinter d’une bien triste ironie), d’un Nicolas Sarkozy ou d’un François Hollande, nos deux derniers présidents de la République, tous deux étant allés se prosterner presque chaque année de leurs quinquennats respectifs devant le CRIF, lors de son fameux dîner annuel. Et j’étais assez consterné de voir ce militantisme ouvertement sioniste s’épanouir sous étiquette FN/RBM, dans un milieu souverainiste français, qui prétend justement combattre vigoureusement tous les communautarismes. Je m’en étais d’ailleurs déjà ouvert et ému auprès de vous (comme auprès d’instances dirigeantes du Front National), en relayant notamment en août dernier une autre vidéo du même Gilbert Collard, où, après avoir fort justement habillé Nicolas Sarkozy pour l’hiver, le responsable du Rassemblement Bleu Marine avait lamentablement dérapé à propos des dramatiques évènements de Gaza. Apparemment et malheureusement sans la moindre conséquence pour lui à l’époque. Collard a donc remis hier le couvert… Mais détaillons un peu les « arguments » (totalement similaires, et revendiqués comme tels, à ceux de Meyer Habib) dont Collard a joué ouvertement à la tribune. Morceaux choisis :

« Cette résolution va créer de graves tensions dans le pays »… les bras m’en tombent ! Et entre qui et qui, monsieur Collard ? Une explication de cette affirmation délirante serait certes la bienvenue ! Car il est au contraire évident que c’est bien le rejet de cette résolution (s’il intervenait au final) qui pourrait désormais créer des tensions dans certains quartiers à forte densité de population immigrée, et donc musulmane, au nom d’un sentiment d’injustice flagrante, d’un élan de solidarité que l’on peut certes déplorer, mais qui existe et qui n’est certainement pas plus scandaleux – et loin s’en faut d’ailleurs –  que celui, bien plus évident, bien plus viscéral qui lie par exemple la population du Sentier parisien ou les membres omniprésents et presque omnipotents en France et dans les médias du CRIF, cet organisme ultra-communautaire et surtout viscéralement pro-israélien, avec l’état hébreux. L’anti-islamisme même radical, même monomaniaque sur le territoire français, en raison des valeurs traditionnelles de la France, ou au prétexte du respect de la laïcité, n’oblige pas à tordre ainsi la réalité historique et humaine au Moyen-Orient, à lécher avec un tel zèle, un tel enthousiasme les bottes pleines de sang d’un supposé « ami », au seul et misérable prétexte qu’il combattrait un hypothétique – et pour bonne partie fantasmé – ennemi commun, validant après la malencontreuse « doctrine Chauprade » le sinistre choc des civilisations mis en avant par les néoconservateurs américains (et avec les résultats désastreux que l’on sait) ! Les amalgames ne grandissent jamais ceux qui s’en rendent coupables.

« Israël n’est pas un état raciste… » Ben voyons… Et de trouver scandaleux qu’on puisse comparer Israël à l’Afrique du Sud (dont l’état sioniste a pourtant été, et jusqu’à la fin de l’apartheid, l’un des plus fervents et des plus constants soutiens). Pas raciste, Israël ? De toute évidence, Collard ne connaît rien aux réalités foncièrement ségrégationnistes de la société israélienne, rien ou presque d’un état qui se définit ouvertement comme « juif » alors que plus de vingt-pour-cent de sa population, et parmi ses plus anciens habitants, ne l’est justement pas. Un pays où existent bien des citoyens de première et de seconde zone, des députés « juifs » pour les juifs et des députés « arabes » pour les arabes, élus comme tels, et selon des modalités différentes. Où il y a des lignes de bus spécifiques pour les palestiniens, comme il y en avait en d’autres temps aux USA et… en Afrique du Sud pour les noirs, et des routes réservées aux seuls colons « juifs », routes fractionnant, éparpillant façon puzzle et irrémédiablement la continuité territoriale des territoires palestiniens. Un pays où l’érection d’un mur de séparation, un nouveau « mur de la honte » construit à partir de 2002 entre Israël et la Cisjordanie, spoliant et expropriant de leurs terres des milliers de Palestiniens, réduit dramatiquement la liberté de circulation et constitue une barrière physique infranchissable qui sépare, déchire de très nombreuses familles palestiniennes. Un pays où les mariages « mixtes » sont impossibles, pour la simple raison que le mariage n’y existe « légalement » que sur une base religieuse : lorsqu’une femme juive veut ainsi et par exemple épouser un homme musulman, comme cela est arrivé récemment, elle est donc obligée… de se convertir à l’islam ! Ce qui entraine d’ailleurs de la part d’une frange importante de la population israélienne des manifestations de haine invraisemblables, à même de démontrer les tensions et le rejet raciste auxquels ont quotidiennement à faire face les arabes israéliens. Un pays où les autres exemples de ségrégation se multiplient d’ailleurs dramatiquement depuis ces dernières années, sans que la « communauté internationale » et toutes les belles âmes donneuses de leçons de morale et de droits de l’homme en France ne trouvent presque rien à y redire. Pas raciste, Israël ? Mais quel état l’est plus aujourd’hui, dans le monde dit « civilisé » et « démocratique » ?

« C’est un pays qui représente… les valeurs de la démocratie que nous défendons » Sans blague ! Les « valeurs… que nous défendons » ? Et qui est ce « nous » ? La France, l’UMPS, le Grand Orient, la franc-maçonnerie à laquelle vous appartenez ? Les « valeurs de la démocratie », la colonisation illégale sans cesse plus grande et durant des décennies d’un territoire, la confiscation des terres arables, la captation des points d’eau, l’arrachage des arbres fruitiers des palestiniens, l’expropriation pour faire la place à des colonies de peuplement, la destruction à grand renfort de bulldozers et en mesure de représailles – indignes d’un état de droit – des maisons des familles des combattants palestiniens, la détention sans aucun jugement et pendant des décennies de dizaines de milliers d’opposants, le blocus économique et le bombardement de populations civiles avec des munitions à l’uranium appauvri ? Quelle obscénité !

Collard nous refait bien le coup (hallucinant) de sa précédente sortie « plus sioniste que moi tu meurs », relayée on l’a dit sur La Plume, où il déclarait carrément : « la pérennité de l’état d’Israël est l’un des fondements de la défense de notre civilisation ». Rien que cela ! Ce n’est donc pas un accident, un dérapage, mais une conviction réelle, une allégeance radicale… et indigne.

« si vous reconnaissez l’état de Palestine… vous embrassez le Hamas, vous embrassez le terrorisme, vous embrassez la haine ». Là, on est en pleine abjection : quel honteux amalgame, quel manichéisme ignoble ! Reconnaître, après plus d’un demi-siècle d’espérances systématiquement déçues, de frustrations continues, de spoliations et de violations des résolutions onusiennes, simplement « formellement » un état pour le peuple palestinien, lui donner ainsi, et après tant et tant de lâchetés, de complicités honteuses, de silences coupables, le fort mince espoir d’un avenir moins sombre, c’est « embrasser la haine » ? Quelle… dégueulasserie, vraiment ! Pardonnez-moi ma grossièreté, mais quel autre mot employer que celui-ci ?

« Nous voulons un état palestinien, nous en voulons tous… qui pourrait ne pas en vouloir ?… mais dans les conditions requises » Pauvre type ! Mais justement, Israël n’en veut pas, n’en a jamais voulu, et n’en voudra jamais, si les Nations-Unies ne l’imposent pas de fait ! Tout le prouve dans la politique de l’état sioniste encore plus qu’hébreux, état qui a toujours pratiqué, favorisé la colonisation des territoires palestiniens, et quels qu’aient été ses dirigeants, de gauche comme de droite : il suffit pour s’en convaincre de regarder ci-dessous la carte de la région, de ce qu’est devenue la Cisjordanie occupée, supposée composer un jour avec Gaza l’état palestinien, pour s’en rendre compte (et depuis 2010, la situation a largment empiré) :

 

« Qui pourrait ne pas en vouloir ? »… Sinistre pitre ! Mais ton nouveau pote Meyer Habib, entre autres ! « …mais dans les conditions requises » … C’est cela… attendons donc encore quelques décennies, qu’il ne reste enfin plus rien de la Palestine initialement prévue, plus rien des quartiers arabes de Jérusalem, plus rien que ce bantoustan surpeuplé et sous blocus permanent que constitue Gaza ! Je t’en foutrai, moi, Collard,  des « conditions requises » ! Attendons la paix… pour forcer la paix ? Mais sinistre cuistre, que reste-t-il aujourd’hui d’autre à une population spoliée, méprisée, oubliée, que le désespoir, la radicalisation, et – oui, hélas ! – le terrorisme, quand elle sait qu’elle n’a en réalité, l’histoire le prouve, rien à gagner à être raisonnable et non violente, et presque rien à perdre à se faire sauter avec ceux qu’elle estime être responsables de son malheur ?

Enfin, et pour que la coupe de la crapulerie soit pleine, en cerise sur le gâteux, Collard, pas avare d’une ignominie conclut, avant de descendre du perchoir, par un sidérant : « vous faites honte au Droit international »… si. Là, on atteint vraiment des sommets dans l’immonde, que même un Goasguen ou un Valls, dans leurs plus enflammés délires pro-sionistes, n’avaient jamais osé aller tutoyer ! Reconnaître un état palestinien, prévu par le plan de partage de la Palestine de l’ONU en 1947 déjà, état à nouveau censé naitre en 1967 d’un partage du territoire découlant de la fameuse « ligne verte », état réclamé par l’ONU et dont la création fut annoncée et défendue par de nombreuses résolutions de l’ONU, toutes méprisées et plus souvent encore ouvertement et allègrement violées sans aucune conséquence – et grâce à la protection et le droit de veto de l’Oncle Sam – par l’état hébreux, celui-là même qui ne tient aucun compte du Droit, si ce n’est de celui du plus fort, c’est faire « honte au Droit international » ?

Abject, oui… et insupportable, dans la bouche d’un des deux seuls députés du FN/RBM, qui sous-entend, ou plutôt qui affirme donc – et avec quelle vigueur ! – que Marion Maréchal-Le Pen, l’autre député de la famille souverainiste, pour sa part favorable à l’adoption de cette résolution, « embrasse la haine » et fait « honte au Droit international ».

En méprisant aussi ouvertement (tout en osant prétendre le défendre) le Droit international, en piétinant celui à l’autodétermination des peuples, en défendant avec cette indécente vigueur, cette outrance ridicule et postillonnante l’état voyou, colonialiste et ouvertement raciste qu’est Israël, et ne vous en déplaise monsieur « Collarbib » (on ne sait plus qui est qui), vous affichez une allégeance à des intérêts qui ne sont nullement ceux de la France, une allégeance indigne d’un député de la République française, a fortiori se réclamant de la souveraineté nationale.

Alors, oui, décidément, honte à vous, Gilbert Collard ! Et si le dîner du CRIF de votre nouvel ami Meyer Habib vous tendra à l’évidence bientôt les bras, vous rendant sans doute (et c’est certainement ce qui vous tient en réalité à cœur) pour bonne partie vos galons oligarchiques, votre carte de « membre du club » sérieusement écornés suite à votre ralliement à Marine Le Pen, pour ma part, je vous ferme définitivement ma porte. Certes, votre allégeance radicale à Israël, bien que totalement indigne d’un représentant du seul mouvement souverainiste d’importance nationale, mouvement pourtant censé combattre avec intransigeance tous les communautarismes, vous ouvrira en France bien plus de portes qu’elle ne vous en fermera. Et vous deviez penser que vous aviez, en faisant une telle déclaration à la tribune de l’Assemblée Nationale, beaucoup à gagner, et bien peu à perdre… Si ce n’est l’honneur. Mais apparemment, vous envisagez très facilement et très sereinement de vivre sans cela…

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to Résolution sur la Palestine : l’indigne diatribe de Gilbert Collard

  1. laurent le 16 décembre 2014 à 18 h 19 min

    je découvre cette vidéo et Collard me déçoit de la pire façon

  2. NOURATIN le 30 novembre 2014 à 16 h 47 min

    Ce Collard apparaît en effet comme un bien déplaisant personnage et il a encore laissé passer une
    chouette occasion de se taire…au fait, tiens, on ne les laisse jamais accéder à la Tribune, les
    Nauséabonds, comment se fait il que cette fois-ci, tout spécialement…
    Amitiés.

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