Le sujet de ce billet pourrait de prime abord paraitre assez anecdotique, mais il me semble en réalité fort utile – parce que particulièrement éclairant – pour bien appréhender la réalité journalistique, les mœurs médiatiques qui prévalent aujourd’hui en France :
Le journal Minute (que je ne lis pas, mais je l’ai su par une dépêche sur Nouvelles de France) de ce mercredi rapporte que « Christiane Chombeau, ancienne journaliste au Monde, correspondante en Afrique du Sud puis chargée du FN au sein du service politique du quotidien du soir, désormais secrétaire nationale du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, sera candidate du Front de gauche aux départementales » dans les Hauts-de-Seine.
Et le journal de s’interroger sur la déontologie professionnelle d’un « journal de référence » qui confia pendant des années le suivi d’un parti qualifié d’« extrême-droite » à une journaliste d’« extrême-gauche »… certes, certes ! Mais cette histoire est en fait encore bien plus croquignolette que cela ! Votre serviteur est allé fouiller pour en savoir un peu plus sur le Net, et vous apporte, « en exclusivité » sur La Plume, quelques savoureuses informations complémentaires !
Christiane Chombeau a fait presque toute sa carrière journalistique au Monde, où elle a donc travaillé de 1974 à 2009. Un temps chargée de l’Afrique du Sud, elle a récupéré le suivi du Front National en 1994, et a traité prioritairement de ce parti dans les colonnes du quotidien pendant près de quinze ans, jusqu’à son départ du journal en 2009 (pour des raisons que nous allons évoquer plus loin). En 2007, elle écrira d’ailleurs un livre (à charge bien entendu) sur Marine et Jean-Marie Le Pen, intitulé Le Pen fille et père (éditions Le Panama).
Pendant la même période, madame Chombeau ne fera pas vraiment mystère de ses opinions politiques au sein de la rédaction. Opinions allant même jusqu’à justifier un encartement au Parti Socialiste entre avril 2006 et novembre 2008 (c’est elle-même qui l’a révélé), c’est-à-dire pendant la période où elle écrira son livre anti-Le Pen, et carrément un mandat de conseillère municipale à Colombes (Hauts-de-Seine) sur une liste d’union de la gauche conduite par le PS.
Traiter officiellement du Front National (comme par exemple ici) en étant ouvertement de gauche et même membre du Parti Socialiste ne soulevait donc pas le moindre problème déontologique à l’époque pour la direction du Monde ! Le lecteur appréciera. Et puis… patatras !
Selon que tu traiteras du FN ou de l’UMP, la « déontologie » version Le Monde te fera blanc ou noir…
En 2009, et après des années de bons et loyaux services anti-FN, ne voilà-t-il pas que le quotidien vespéral envisage de confier au bon petit soldat du politiquement correct Chombeau le suivi… de l’UMP. Et c’est alors subitement la fin de la récré pour la pauvre Christiane, qui nous dit elle-même la suite des évènements : « apprenant par une indiscrétion malveillante que j’étais 34e sur une liste à Colombes, mon employeur m’a dit que je ne pouvais plus prétendre à suivre l’UMP comme cela m’avait été promis. Le journal ne pouvait, m’a-t-on expliqué, s’exposer à des critiques sur l’objectivité de sa rubricarde ». Etre viscéralement de parti-pris pendant quinze ans avec le FN ne posait donc, on l’a dit, et pour son « employeur », pas le moindre problème ! Ne pas être impartial même UN jour avec l’UMP, était absolument impensable, parce que pas « objectif » ! CQFD.
Le choc fut à l’époque absolument total pour madame Chombeau, et elle a dit pourquoi : « ma surprise a été d’autant plus grande que ce quotidien, où j’ai passé plus de 34 années de ma vie professionnelle, a compté et compte dans ses rangs moult journalistes, encartés ou pas, mais ostensiblement engagés politiquement et parfois élus ». Sic.
Débarquée du Monde suite à cet épisode « abracadabrantesque », Christiane Chombeau est depuis 2009 allée pantoufler sur le site de (dés)information en ligne Rue 89 (le satellite faussement « radical » du Nouvel Obs). A peine arrivée dans sa nouvelle rédaction, la journaliste s’y est découvert une subite hypersensibilité déontologique, qui ne manquera pas d’émouvoir. En effet, et alors même qu’elle avait pendant des années soigneusement dissimulé à ses lecteurs ses engagements politiques pour casser tranquillement du sucre sur l’« extrême-drouâte », l’amie Christiane écrit, sublime : « Avec vous, dès mon arrivée à Rue89, j’ai joué carte sur table. Affiché mon engagement syndical et politique. Mentionné mon mandat de conseillère municipale à Colombes (Hauts-de-Seine) sur une liste d’union de la gauche conduite par le PS ». C’est si beau qu’on en pleurerait, tiens !
Et d’ajouter, concernant, en 2009 toujours, son ralliement au Parti de Gauche de la Méluche : « depuis plusieurs semaines, je tourne autour de mon ordinateur. Comment le leur dire ? Comment dire, à vous lecteurs de Crochet Gauche, que j’ai adhéré au Parti de Gauche et que j’apporte ma pierre à sa construction […] Il m’était donc nécessaire d’annoncer cette nouvelle adhésion après un court passage (avril 2006-novembre 2008) au Parti socialiste ».
Alors, avouez : elle n’est pas belle, la déontologie à géométrie très variable du journalisme de gauche (et concernant l’association de ces deux derniers mots, en France, j’ai pleinement conscience de frôler très largement le pléonasme) ?
Marc LEROY – La Plume à Gratter
Même chose pour cette Madame Chombeau qui n’a de beau que le Chom semble-t-il. Qui cache sous des airs de bonasse de service toute la monstruosité de notre époque. Epoque hypocrite qui veut nous faire croire que ce qui est apparent est comme ce qui est inapparent d’où le recours à des faussaires faussement rond, une femme donc irréprochable au risque de se faire passer pour misogyne, au regard vaguement embrumé, et au sourire circonvenu, pour mieux nous assassiner dans le dos. On lui donnerait le Bon Dieu sans confession, non? C’est quand même de la « bel » ouvrage, moi, je trouve qu’il faut respecter leur finesse quand même. Ils nous entubent en beauté et je dis chapeau l’ami. Quand le libéralisme économique se marie avec le libéralisme culturel, les petits sont à nos pieds. On a le berceau qu’on peut et on peut peu semble-t-il!
Bel exemple, en effet, de déontologie journalistique. Où l’on apprend, de plus,
que s’il est parfaitement loisible de massacrer le Front National, il convient
de ménager l’UMP…ce sont les collabos de la Gauche, comprenez vous?
Amitiés.