Politique France

Et l’on n’est qu’en février2015 … le gouvernement « Valls II » passera-t-il seulement l’hiver ?

Les évènements se précipitent, les dégâts collatéraux aussi : à coup de 49-3 hier voué aux gémonies et aujourd’hui instauré en méthode courageuse et responsable de gouvernement, à déprimant renfort pour l’exécutif de sondages qui replongent logiquement aussi vite qu’ils étaient irrationnellement montés suite à la gigantesque opération de manipulation de l’opinion « Je suis Charlie », malgré ou à cause de déclarations incendiaires et/ou très contrôlées (pour ne pas dire encadrées) aux effets qui ne le seront pas, le fumeux « esprit du 11 janvier » a désormais clairement fait long feu, et laisse dans nos esprits un dégoût de cendres.

C’est à présent clairement la débandade dans les rangs de plus en plus foutraques d’un parti à la rose prétendument  « socialiste », qu’il serait de plus en plus avisé et urgent de rebaptiser : « parti à la rosse », ou « parti à la schlague », peut-être ?

C’est bien simple, tout le monde s’y met, du Premier secrétaire du parti au plus obscur petit gradé de cette armée d’opérette mexicaine, du plus anonyme député de base, le doigt servilement posé sur la couture d’un pantalon électoral qui a désormais tout du mini-short, au président de groupe à l’Assemblée nationale ou au porte-parole du gouvernement, jusqu’à l’ultime binôme exécutif Hollande-Valls, désormais clairement lancé dans un pathétique numéro de comiques troupiers pas même digne du duo Chevalier-Laspalès.

Petit tour d’horizon d’une armée socialiste en déroute, de la manipulation politique d’une profanation de cimetière à l’incantation d’un salve regina désespéré, à grand coup donc de 49-3, qui tourne immédiatement au sauve qui peut général, et sans doute dès le mois de mars prochain, à l’apocalyptique Bérézina électorale :

Cambadélis, ou quand un Premier secrétaire invente les antifas… qui votent FN !

Le repris de justice qui a succédé comme Premier secrétaire du PS à Harlem Désir, lui aussi condamné et recasé de justesse à Bruxelles (1), a fait très fort dans la manipulation et la duplicité en ce mois de février 2015 !

Concernant l’« affaire » de Sarre-Union d’abord. Avant même que l’on ait identifié les coupables de l’abjecte profanation du cimetière juif, le député PS du Bas-Rhin Philippe Bies, avait déjà sorti la grosse Bertha de la calomnie sur Facebook : « c’est sans doute une coïncidence mais le FN a fait près de 41% aux dernières municipales à Sarre-Union ». Carpentras II, le retour ! A l’un de ses « amis » qui lui objectait que « Philippe, je ne pense pas que l’on (puisse) rejeter la faute sur une communauté en particulier, qu’elle soit religieuse ou politique (…) aucun parti n’incite à de tels actes », le cuistre Bies avait persisté dans l’indignité en répliquant : « aucun parti n’incite à de tels actes ? C’est une blague…. ».

Alors que l’on sait aujourd’hui que le meneur de cette profanation était… un antifa de l’ultra-gauche, viscéralement hostile au Front National, qui prétendait « se battre contre le fascisme » et qui « si on évoquait le Front national, se mettait sur deux pattes arrière et se mettait à grogner » (témoignage d’un proche du triste sire en question), Cambadélis n’a pas renoncé à chevaucher la rossinante usée jusqu’à la corde du « réveil de la bête immonde », alpha et omega d’une gauche bienpensante qui n’a plus rien d’autre à dire, face au cataclysme sociétal et moral où la France est aujourd’hui plongée du fait de ses inconséquences et incompétences.

Comme un journaliste lui demandait s’il faisait un lien entre cette profanation et le vote FN, le numéro un du PS a répondu : « oui, je le fais… je pense qu’à partir du moment où on a un mouvement d’extrême droite qui fait 45% et qui professe la haine de l’autre, ce n’est pas indifférent à ce qui a dû se passer dans les familles ». Ajoutant : «  il faut bien comprendre qu’à partir du moment où l’on stigmatise tel ou tel dans la vie, dans la société, eh bien, ça se termine comme ça », ou encore : « ces jeunes qui ne sont pas issus de banlieues, qui sont, on vient de le dire, d’un petit village en Alsace où, certes, le Front national fait 45% ». Plus crapuleux que ça, tu meurs !

Quant à l’usage du 49-3 pour faire passer de force la pilule amère de la Loi Macron, le Premier secrétaire du PS a déclaré qu’il « fallait passer au 49-3 », sinon, « on aurait été fracassé ». Je ne le lui fais pas dire ! Quand on fera tourner les salopards en orbite, Cambadélis n’aura pas fini de tourner !

Un président de groupe à la schlague, ou quand Leroux combat l’osier

La diplomatie, le sens du compromis, la souplesse du roseau qu’imposerait pourtant sa charge, il ne connait pas ! Bruno Leroux a beau être le patron du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée, d’ évidence pour lui, tous les députés de son groupe ne pèsent pas le même poids, ne méritent pas le même respect ! Il a donc déclaré que les « frondeurs » avaient, à l’occasion de la discussion et du non-vote final de la Loi Macron, franchi « une sorte de ligne rouge ». Mais le bougre a fait encore BEAUCOUP plus fort ! Lisez donc ce qui suit, c’est véritablement du nanan :

« Rien ne les arrête quand ils veulent essayer d’imposer contre la majorité une idée. C’est là que leur fonctionnement est antidémocratique, c’est là qu’il faut y mettre un terme. Il faut qu’ils se ressaisissent ». Et encore : « Depuis quand le fonctionnement d’une trentaine l’emporterait sur la volonté du président de la République, la clarté du Premier ministre, l’expression de 250 députés socialistes qui sont très mécontents, ont le sentiment aujourd’hui d’être prisonniers de ceux qui ne proposent pas grand-chose mais veulent les empêcher d’avancer ? »

Je résume : des socialistes qui ne sont pas d’accord avec la généralisation du travail dominical, la libéralisation des professions règlementées et autres réformes totalement déconstructrices du droit social français imposées par l’UE et docilement imposées à coup de 49-3 par un gouvernement incapable d’obtenir une majorité, sont… « antidémocratiques » et empêchent d’ « avancer » (vers quoi, si ce n’est l’ultralibéralisme et le consumérisme généralisé ?). Ci-gît, ce n’est certes pas un scoop, mais bien une éclatante confirmation, le socialisme français !

Brancabartolone au perchoir ? c’est Guignol le cul entre deux chaises !

On ne tire pas sur un tétraplégique intellectuel, je ferai donc sobre. Citation :

« le 49-3 est un moment pénible pour un président de l’Assemblée nationale, puisqu’on impose le silence à une maison où devraient régner la parole, la confrontation, l’échange et le compromis et le fait que se dégage une majorité… je regrette encore plus que nous nous soyons mis dans une telle situation sur un texte qui a vu véritablement l’ingéniérie parlementaire au travail »

… mais je reste solidaire du gouvernement, et, liquide dans mes charentaises idéologiques… je m’accroche au perchoir, en signe de protestation silencieuse qui n’en pense pas moins ! Je ne circule pas, il y a toujours quelque chose à avoir : une fonction prestigieuse, ça mérite bien quelque tours de souplesse dorsale !

Bartolone le prouve (une fois de plus !) avec  fort peu d’éclat : pour qu’une marionnette (ou un guignol) bouge et donne l’illusion d’exister, il faut qu’elle ait une main solidement fichue dans le fondement. Et tant pis si la démocratie l’a par la même occasion dans le c… !

Le Foll, un porte-parole… qui s’évertue à la faire taire !

Il est porte-parole du gouvernement et Ministre de l’agriculture. C’est sans doute à ce titre qu’il se révèle partisan résolu de l’élevage des députés en batterie… disciplinaire :

« Chacun va être appelé à la responsabilité. Chacun aura à se rappeler qu’il a été élu dans le cadre d’une majorité après une présidentielle… »

Et certainement pas pour faire respecter la lettre et l’esprit d’un programme pourtant tout aussi présidentiel, qui avait pour seul ennemi la finance (et non, si je ne m’abuse, le repos dominical ou les professions règlementées) et prétendait défendre les droits sociaux ! Non mais sans blague !

Le Foll a même qualifié les députés récalcitrants à voter comme des croupions la Loi Macron de « soi-disant députés » ! Diable ! Alors… pour ces irresponsables, à quand la cage, Le Foll ?

Il ne laissera pas aller, c’est un Valls !

Notre nouveau père fouettard de la politique, le petit caudillo catalan pas sous influence pour un sou shekel, a lui aussi prouvé jusqu’à l’exubérance sa grande constance d’opinion : il avait proposé en mai 2008 avec dix autres députés socialistes (dont Bruno Le Roux) l’abrogation de l’article 49-3, sauf pour les textes budgétaires ? Il avait à cette occasion faite sienne l’idée que « seuls des textes très particuliers tels le projet de loi de finances ou le projet de loi de financement de la Sécurité sociale doivent pouvoir être adoptés par la voie de l’article 49, alinéa 3. Il est indispensable que tous les autres fassent l’objet d’un vote » ? Histoire ancienne que cela !

Droit dans ses bottes à défaut de l’être dans ses convictions politiques (ça existe, des trucs pareils, chez les socialistes en général, et chez ce gaillard en particulier ?), notre Premier sinistre a donc on le sait dégainé l’outil ultime – hier tant honni – permettant de court-circuiter le parlement, et est, il l’a immédiatement affirmé, tout à fait disposé à le refaire à la première occasion : « s’il faut de nouveau utiliser cette arme que me donne la Constitution, nous le ferons, bien évidemment ».

La démocratie, le vote  et la discussion parlementaire ? « J’avais l’impression qu’on avait déjà sifflé d’une certaine manière, pour reprendre votre expression un peu scolaire, la fin de la recréation cette semaine »… «  le président de la République l’a dit avec des mots très justes hier : dans le moment que nous connaissons, face aux menaces, la montée aussi de l’extrême droite, aux défis considérables pour notre pays, notamment sur le plan économique, il faut regarder le monde tel qu’il est, être sérieux et se comporter comme il le faut, c’est-à-dire avec le sens de l’intérêt général, le sens de l’Etat et avec la volonté de rassembler ».

Rassembler en forçant la main à l’Assemblée… autant pisser dans le violon de ta femme, Manolito !

En faire tout un fromage : l’autre pays du Hollande

La Plume les avait déjà évoquées, mais on ne s’en lasse pas. Petit rappel donc des prises de position de François Hollande sur le 49-3… avant son arrivée à l’Elysée :

« Le 49-3 est une brutalité, le 49-3 est un déni de démocratie, le 49-3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire »… « C’est… le signe que le gouvernement doute de sa réforme », et autres « passage en force » et « violation des droits du Parlement ». N’en jetez plus, la coupe est pleine !

2015… ce n’est plus Villepin (de drouâte), c’est Valls (de gôche) qui dégaine sa petite censure parlementaire. Et aussitôt le refrain change : ce n’est plus le 49-3 qui viole la démocratie, ce sont les parlementaires qui prétendent (les fous !) discuter des lois avant de les voter ! Je cite :

« Il y a un moment où, si les parlementaires ne font pas ce que veut le pays, il y a une forme de défiance qui s’installe »…

Grandiose ! Par contre, n’allez surtout pas croire qu’« il y a un moment où, si le Président de la République ne fait pas ce que veut le pays, il y a une forme de défiance qui s’installe »…

« mon rôle ce n’est pas d’opposer le parlement au peuple, c’est au contraire de dire que maintenant il faut aller vite ».

CQFD ! C’est le peuple, et pas le gouvernement, qui veut imposer aux parlementaires la Loi Macron ! Et en voiture Simone !

« Qu’est-ce qu’ils (les Français, ndlr) demandent ? »… « que le pays change, que le pays réussisse. Il faut, quand on est dans l’opposition, en avoir conscience et quand on est dans la majorité, en avoir la responsabilité, la lucidité ».

« Responsabilité » et « lucidité »…. En effet ! Qu’il est réconfortant pour l’avenir du pays de voir notre mimolette élyséenne employer ainsi des grands mots dont il ne connait, dont il ne comprend à l’évidence pas le moins du monde le sens…

Bref, pour le Parti Socialiste (et incidemment hélas, par ricochet pour la France), ça sent désormais très clairement le Sapin… pour reprendre le cri de désamour du Ministre des Finances et… des règlements de comptes publics ! « Jusqu’où s’arrêteront-ils ? »… je ne le sais déni ! (2)

Marc LEROY – La Plume à Gratter

_____

 1) Jean-Christophe Cambadélis a été condamné en 2006 à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende dans l’affaire des emplois fictifs de la MNEF. Il avait été rémunéré par cette mutuelle (proche du PS) entre 1991 et 1995, pour un total de 620 500 francs, au titre d’une activité fictive de conseil. En 2000 déjà, il avait été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 100 000 francs d’amende pour un emploi de complaisance de 1993 à 1995 dans une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés.

En 1998, Harlem Désir a lui été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende pour « recel d’abus de confiance » pour son emploi fictif comme formateur dans une association lilloise entre novembre 1986 et octobre 1987. Il avait également bénéficié d’une amnistie de François Mitterrand, concernant une dette de 80 000 francs au Trésor public relative à des amendes de stationnement alors qu’il était président de SOS Racisme.

2) Merci Coluche !

Mots clés : 49-3, Bruno Leroux, Claude Bartolone, François Hollande, Jean-Christophe Cambadélis, Manuel Valls, Stéphane Le Foll