Politique France

Rappelez-vous, c’était le 29 mai 2005 : à l’issue du référendum sur la ratification de la Constitution européenne pondue par Giscard, un référendum du reste initié dans un instant de pure étourderie par le Roi fainéant Jacques Chirac, après une campagne médiatique et politique de type « pensée unique » pour ne pas dire totalitaire et à peine digne de la Corée du Nord, campagne totalement en faveur du OUI au cours de laquelle tout fut bon pour tenter d’influencer les citoyens français dans le sens du poil mondialiste (annonce de relégation de la France en cas de NON, de catastrophe économique, de fin du monde, etc.) où politiques du système UMPS-EELV, journalistes de base, éditorialistes médiatiques et artistes stipendiés en tous genres redoublèrent de zèle pour inciter à voter OUI et insulter par la même occasion, nazifier jusqu’à l’indigestion les « crypto-fascistes » ou carrément « fascistes », les « xénophobes », les « racistes », les « étriqués », les « passéistes », les « rabougris », les « ringards », j’en passe et des meilleures, susceptibles ou certains de voter NON, malgré des sondages unanimement annonciateurs d’une victoire aisée de la ratification, malgré un débat réel qui ne put avoir lieu que sur Internet et sur les réseaux sociaux, tandis que les radios et télévisions enchaînaient les faux « débats » entre seuls partisans du OUI, le résultat du référendum tombait peu après vingt heures, et avec lui la cabane sur le dos des chiens de garde du système : le NON l’emportait très largement avec près de 55 % des suffrages !

Une gigantesque claque, un tremblement de terre dans l’oligarchie mondialisée et globalisante qui gouvernait (et continue hélas de gouverner) la France, UMP et PS en tête. Le réveil était particulièrement brutal. En Europe même, le séisme faisait flageoler sur ses guiboles la ploutocratie « bruxellophile », qui aussitôt vouait aux gémonies ce scandaleux citoyen français qui faisait mine de croire, l’impudent, l’inconscient, qu’il avait encore un peu voix au chapitre concernant son avenir politique et économique. Qui continuait de croire (mais plus pour longtemps), le pauvre malheureux, au « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », à la démocratie et la souveraineté… ce que c’est de la naïveté, tout de même !

Pendant les deux ans qui suivirent ce Trafalgar européiste, le soleil continua pourtant à se lever tous les matins. Le monde ne s’arrêta pas de tourner (fort mal, mais c’est une autre histoire). Il ne plut finalement pas des cataractes de cendres sur les têtes des inconscients qui avaient préféré les ténèbres de la souveraineté aux lumières à nulles autres pareilles de l’intégration finale européenne (et on pourrait plus justement encore parler de désintégration, voire de solution…). L’économie française ne s’écroula pas, en tout cas pas plus que d’habitude. Et Chirac et tout son orchestre politico-médiatique, bien sûr, restèrent inexorablement et très confortablement en place. Circulez, braves gens, il n’y a rien à revoir !

En 2007 enfin, à l’issue d’une élection présidentielle l’ayant opposé à l’égérie du Chabichou, Nicolas Sarkozy entrait à l’Elysée. Au prétexte de sortir d’une situation de blocage institutionnel européen, et présentant son initiative comme la simple mise en œuvre du « mini traité tenant compte du NON » promis à l’électeur lors de sa campagne présidentielle, le Pinocchio de l’UMP faisait rentrer par la fenêtre parlementaire et dans son intégralité (Giscard ne s’est pas privé de le reconnaître) la Constitution européenne rejetée pourtant souverainement par le peuple via la porte référendaire, la plus démocratique et la plus incontestable qui soit, en faisant adopter par le congrès à une écrasante majorité UMP-PS et affidés le principe du Traité de Lisbonne, actant ainsi l’une des plus viles forfaitures de toute l’histoire de la Cinquième République. Les « représentants du Peuple » et particulièrement le premier d’entre eux, désormais patron des « Ripoublicains » (un nouveau nom finalement particulièrement bien choisi, dès lors qu’on n’oublie pas de changer ou d’y rajouter deux petites lettres qui lui donnent tout son sens) et probable candidat à la Présidence pour la troisième fois en 2017, s’asseyaient sans vergogne, et hélas sans aucune conséquence pour eux sur l’expression pourtant démocratiquement incontestable et on ne peut plus claire du peuple souverain.

Dix ans après, n’oublions donc pas de souhaiter comme il se doit à tous nos ploutocrates mondialisés le honteux anniversaire qu’ils méritent. Et plus particulièrement au tout petit Nicolas, général en chef de cette forfaiture. Avec nos désaveux, ou plutôt nos dégoûts les plus sincères pour 2017, du moins on peut l’espérer… parce que si une telle crapulerie, une telle trahison du peuple de France ne lui interdisait pas définitivement les portes de l’Elysée, il n’y aurait plus qu’à définitivement tirer la chasse d’eau sur la vie politique et électorale française… et les Français seraient bien les « veaux » qu’avait évoqués – un jour de déprime – le grand Charles, dont notre nain de jardin ripoublicain ose encore parfois se réclamer.

Marc LEROY – La Plume à Gratter

Mots clés : Constitution Européenne, forfaiture, Les Républicains, Nicolas Sarkozy, référendum de 2005, Traité Constitutionnel, Traité de Lisbonne, UMPS